L’extrémisme violent coûte 97 milliards de dollars chaque année aux pays africains

13 août 2020

Le projet régional de stabilisation du bassin du lac Tchad forme les femmes à la sensibilisation à l'extrémisme violent et à la radicalisation. @UNDP Tchad / Aurelia Rusek

Addis Abeba, Ethiopie - Le PNUD et l'Institute for Economics and Peace (IEP) lancent aujourd'hui en virtuel un rapport intitulé : « Mesurer les répercussions économiques de l'extrémisme violent à l'origine du terrorisme en Afrique », avec le soutien du gouvernement et du peuple japonais.

Ce rapport mentionne que 16 des 18 pays ciblés ont perdu en moyenne 97 milliards de dollars par an en activité économique informelle depuis 2007. L'étude régionale examine l'impact des attaques sur les infrastructures et les dommages physiques, ainsi que sur les économies formelles et informelles de même que l'impact des « dépenses de sécurité » sur les processus de développement.

L'impact économique mondial du terrorisme entre 2007 et 2018 s’estimait à environ 135 milliards de dollars, soit une augmentation de 1700% depuis 2007. Ce chiffre est en fait une estimation prudente, avec de nombreux coûts non pris en compte et des retombées difficiles à appréhender en dollars. L'extrémisme violent entraîne à la fois des coûts directs (coûts des décès et des blessures) et des coûts indirects (perte de productivité et de revenus).

Les principales conclusions de l'étude révèlent que les changements de comportement entrainent la peur et une diminution de la prise de risques, que 'informalisation accrue de l'économie oblige le commerce transfrontalier à demeurer dans la clandestinité et que les coûts des entreprises changent en réponse à l'investissement dans la sécurité et à la reconstruction après la perte des infrastructures publiques.

Présentant un point de vue de première main de l’État d’Adamaoua dans le nord-est du Nigéria, M. Bashiru, Secrétaire du gouvernement de l'État d'Adamawa, affirme que les milieux touchés par l’extrémisme violent doivent être reconstruits sous tous leurs aspects, des écoles et hôpitaux aux routes et aux infrastructures sécurisées. Bien que les gouvernements ne soient souvent pas en mesure de financer le redémarrage du secteur informel, ils peuvent apporter un soutien sous forme de subventions et d'investissements à travers des mesures de protection sociale.

L'une des principales conclusions est la façon dont l'extrémisme violent affecte les femmes actives dans l'économie informelle, déclare Mme Abel, chercheuse de l'IEP. Étant donné que les jeunes hommes sont plus susceptibles d'être recrutés ou emmenés de force par des extrémistes, le fardeau des femmes devient plus lourd en termes de moyens de subsistance et de soins à leur famille. Lorsqu'il est aggravé par les effets du COVID-19, il y a un double impact pour les femmes qui doivent assumer des responsabilités encore plus grandes. Par conséquent, le soutien aux organisations de femmes est essentiel pour permettre aux femmes de répondre à ces besoins sociaux et économiques accrus.

Le contexte actuel du COVID-19 appelle à des approches technologiques et innovantes pour relever le défi de l'extrémisme violent, suggère M. Ojiambo, Conseiller économique régional au PNUD. Une connectivité physique et virtuelle améliorée renforcera le commerce transfrontalier et aidera à stabiliser les marchés et la sécurité alimentaire. De plus, l’importance des données et leur analyse peut servir à éclairer la prise de décision. Des données complètes sur les causes profondes de l'extrémisme révéleront également les populations les plus affectées et garantiront des investissements qui ciblent les personnes les plus nécessiteuses. En outre, les pays devraient se reconstruire mieux, plus efficacement et plus durablement en intégrant ces principes dans leurs politiques et programmes.

Mme Kiplagat, cheffe de projet pour le PNUD, affirme que le rapport renforce les arguments en faveur d'une approche de développement pour lutter contre l'extrémisme violent avec un fort accent sur la prévention. Investir massivement dans les mesures de sécurité détourne le financement de secteurs clés tels que la santé et l'éducation. Les recherches antérieures fondées sur des données probantes, en particulier Journey to Extremism, ont révélé que le statut d'occupation et les niveaux d'éducation avaient un impact sur la vulnérabilité des personnes au recrutement par des groupes extrémistes. L'intégration complète de la prévention dans la planification et la mise en œuvre régulières du développement répondra aux griefs sous-jacents et aux sentiments de marginalisation, réels et perçus.

Les conclusions du rapport visent à donner aux principales parties prenantes et aux décideurs politiques les moyens de prendre des décisions et des choix fondés sur des preuves pour lutter contre l'extrémisme violent dans une perspective de développement durable et de soutien inclusif aux moyens de subsistance.

Contacts

Pour plus d’information, contacter: Nirina Kiplagat, Regional PVE Project Manager, nirina.kiplagat@undp.org; Tomas Kral, PVE Programme Assistant, tomas.kral@undp.org