Restauration des terres dégradées pour une meilleure sécurité alimentaire au Bénin

22 novembre 2024
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Boubakar Issifou, producteur agricole à Fô-Tancé dans la commune de Kouandé au Bénin

Crédit photo: PNUD Bénin/ Elsie Assogba

Au Bénin, la dégradation des terres et la perte des forêts affectent négativement le bien-être socio-économique et la sécurité alimentaire des populations. Avec l’appui du Projet Intégré de Restauration et d'amélioration de la Valeur des Terres et des Écosystèmes Forestiers Dégradés (PIRVaTEFoD- Bénin), des systèmes de production durables sont promus. Désormais, les communautés agricoles des zones d’intervention du projet adoptent des pratiques innovantes de gestion durable des terres (GDT), de gestion durable des forêts (GDF) et d’adaptation aux changements climatiques.

Boubakar Issoufou est agriculteur dans le village de Fô-Tancé dans la commune de Kouandé au Bénin ; une commune caractérisée par un relief accidenté, un sol dégradé et nu du fait de la déforestation. Ce père de huit enfants, marié à deux femmes a vu du jour au lendemain son rendement agricole baisser et ses revenus s’amenuiser. 

« La parcelle sur laquelle je cultive était une forêt. J’ai contribué à sa destruction en coupant les arbres pour pouvoir installer mon champ. J’étais à mille lieux d’imaginer que la coupe de ces arbres aura des répercussions plus tard sur mes activités agricoles », regrette-t-il. Il poursuit : « Avant, lorsque je cultivais du maïs, je récoltais 20 sacs à l’hectare. Mais depuis ces cinq dernières années, mon rendement a baissé progressivement passant de 20 sacs à 5 sacs par hectare. Mes revenus ont été aussi impactés. De 800 000 Fcfa de recettes après une campagne agricole, j’enregistre à peine 100 000 Fcfa malgré tous les efforts consentis. Il m’était donc difficile de répondre convenablement aux besoins de ma famille. »

Selon un rapport de l’UNCCD de 2018, le coût annuel total de la dégradation des terres pour l’économie béninoise a été estimé à 490 millions de dollars américains en 2007, correspondant à 8% du PIB national. Cet état de choses est de plus en plus exacerbé par la variabilité et les changements climatiques observés au cours de la période 2000 à 2020 ainsi que l’absence d’utilisation de techniques de gestion durable des terres, de production durable et de préservation des écosystèmes. 

C’est donc pour apporter des solutions durables à ces préoccupations, le Gouvernement du Benin a initié avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) le « Projet Intégré de Restauration et d'amélioration de la Valeur des Terres et des Écosystèmes Forestiers Dégradés (PIRVaTEFoD-Bénin) », qui a été financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM).

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Des agricultrices appuyées par PIVATEFOD-Bénin dans la commune de Kouandé

Crédit photo: PNUD Bénin/ Elsie Assogba

Comme Boubakar, 533 agriculteurs dont 285 agricultrices ont été accompagnés par le projet via l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) INUDE dans la commune de Kouandé. Il fait principalement la culture de l’igname et du sorgho. Sur une superficie de deux hectares, il a planté du mucuna et du poids d’angole, afin de fertiliser son sol appauvri par la monoculture et la déforestation. « Grâce à PIRVaTEFoD-Bénin, j’ai appris qu’il ne faut plus brûler les résidus agricoles. Je les conserve pour en faire du compost. Je fais le labour perpendiculaire et la succession des cultures. Je suis content de voir mon champ reprendre vie », affirme-t-il montrant fièrement son champ de mucuna.

Dans les huit (8) communes d’intervention du PIRVaTEFoD à savoir Karimama, Kouandé, Ségbana, Gogounou, Aplahoué, Klouékammè, Za-Kpota et Covè, les agriculteurs et agricultrices ont été formés sur la restauration des terres à travers l’association de cultures avec des plantes améliorantes (mucuna, pois d'angole, lentilles vertes, crotalaire). Ils et elles ont été formés sur l’installation de cordons pierreux, les labours perpendiculaires à la pente, les techniques de brise vent, le paillage sans labour et sur l’utilisation du vermis compost pour la fertilisation des sols. Près de 200 champs de démonstration couvrant une superficie d’au moins 200 ha ont été mis en place pour l’application des mesures de GDT. 

Au total, 4887 personnes dont 2541 femmes ont été touchées en 2024 par les actions de restauration des écosystèmes terrestres et forestiers visant l’amélioration de la productivité agricole, la reforestation et renforcement de la résilience climatique des communautés vulnérables. Pour la mise en œuvre des actions de restauration des terres et la mise en œuvre des activités génératrices de revenus dans 137 villages, sept (7) ONG locales ont été recrutées. Elles assurent également la vulgarisation des bonnes pratiques culturales auprès des producteurs et des mesures d’adaptation aux changements climatiques.

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La pleine lune, une technique de fertilisation des sols. Elle permet de garder l'humidité du sol, de conserver l'eau et la matière organique.

Crédit photo: PNUD Bénin/ Elsie Assogba

Entre autres réalisations du projet au titre de 2024, on peut noter : 

  • 72146 plants d'acacia, de leucena et de moringa mis en terre de pour la réalisation des ceintures vertes et des brises vent autour des champs ;
  • Plus de 5159 ha de terres dégradées sont mises dans un processus de restauration ;
  • Appui à la mise en place de 181 Unités de conseil agricole (UCA) dans les 8 communes d’intervention du projet.

Il est prévu avant la fin de l’année 2024 des visites d’échanges entre agriculteurs et agricultrices autour des champs GDT, qui ont marché pour le partage d’expériences.

D’une durée de six (6) ans (2023-2028), le PIRVaTEFoD- Bénin vise entre autres à : (i) promouvoir des systèmes de production durables et résilients au climat sur les terres dégradées et dans les points chauds de la déforestation au Bénin; (ii) faciliter le développement d'infrastructures vertes, afin de renforcer l’initiative de la ceinture verte en tant que solution fondée sur la nature contre l'avancée du désert et soutenir l'adaptation des communautés au changement climatique dans le nord du pays ; (iii) identifier et promouvoir des chaînes de valeur sensibles au genre et résilientes au climat, mais aussi accroître la productivité et la compétitivité dans les filières de l'horticulture. Il est appuyé par le FEM et le PNUD et mis en œuvre par la Direction Générale de l'Environnement et du Climat (DGEC) du Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable (MCVDD), en étroite collaboration avec la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse (DGEFC).

"Grâce à PIRVaTEFoD-Bénin, j’ai appris qu’il ne faut plus brûler les résidus agricoles. Je les conserve pour en faire du compost. Je fais le labour perpendiculaire et la succession des cultures. Je suis content de voir mon champ reprendre vie ".
Boubakar Issifou, producteur agricole dans la commune de Kouandé
Un conseiller agricole dans un champ

Un conseiller agricole en mission de supervision dans un champ de démonstration des mesures de gestion durable des terres

Crédit photo: PNUD Bénin/ Elsie Assogba