L'année passée en est une que beaucoup d'entre nous voudraient oublier. Il n'y avait rien de réjouissant en effet à voir des décennies de progrès durement acquis dans les domaines de l'économie, de la santé et de l'éducation perdues en raison de la COVID-19, tout comme des millions de vies. Pourtant, quelques éclaircies émergent de ce noir tableau : c’est le cas de la reconnaissance du rôle essentiel que jouent les migrants dans la réponse à la pandémie.
Le premier vaccin approuvé contre la COVID-19, qui utilise une technologie médicale révolutionnaire, n'a pas seulement été mis au point par une société allemande fondée par un couple d’immigrants turcs, Özlem Türeci et Uğur Şahi. Nous avons également salué le rôle visible et vital joué par les migrants dans les soins de santé aux malades ou dans le secteur alimentaire. Alors que nous nous empressons d’oublier l'année 2020, sachons nous souvenir des populations migrantes, particulièrement à l’heure où nous planifions notre relèvement.
Les migrants contribuent de plus en plus au développement de nouvelles entreprises, à la promotion du commerce et de l'innovation, et à l'investissement dans des initiatives sociales qui profitent à la fois à leurs communautés d'origine et d’accueil.
Pourtant, les migrants souffrent souvent d'un manque d'inclusion dans les économies et les sociétés de leurs pays d'accueil. La discrimination, la xénophobie, le manque d'opportunités d'emploi et de filets de sécurité sociale, ainsi que les écarts entre les sexes et en matière de protection sociale, entraînent des divisions qui nuisent à tous et freinent le progrès.
Une personne ayant quitté son foyer, de gré ou de force, sans nulle autre possession que ses vêtements, a toujours la possibilité de contribuer au développement humain. Tout comme nous savons que nous ne viendrons pas à bout de la COVID-19 à moins que tout le monde participe aux plans de vaccination et de redressement, les efforts visant à éradiquer la pauvreté, à améliorer la santé et l'éducation, et à promouvoir l'égalité des sexes et le travail décent ne peuvent aboutir si nous n'incluons pas les migrants.
Des partenariats innovants pour le développement durable
Le moment est crucial pour les décideurs politiques qui dressent le bilan d’une année où la mobilité humaine a connu un arrêt historique et envisagent des scénarii de reprise d’activité partout dans le monde afin de rétablir le développement. Face à des défis considérables, le monde a aussi raffiné les outils dont il dispose pour y remédier.
Le Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD) offre une plateforme de discussion et de consensus pour les gouvernements, grâce à l'interaction avec la société civile, le secteur privé, les municipalités et les jeunes. Cette année, les participants ont centré leurs discussions sur l'avenir de la mobilité, en examinant plus particulièrement comment ils peuvent tisser des partenariats innovants pour le développement durable.
Le Forum a joué un rôle clé pour faire progresser l'ordre du jour en matière de migration et de développement. Il a contribué à inclure la cible d’une migration sûre, ordonnée et régulière dans les objectifs de développement durable, et à renforcer le Pacte mondial pour les migrations. Une enquête récente menée auprès de 111 gouvernements a montré que 54 % d'entre eux ont mis en place de telles politiques.
Nous attendons des gouvernements qu'ils mettent en place des plans coordonnés pour rouvrir les frontières lorsqu'elles seront sûres et pour élargir les voies légales de migration, en particulier au profit des travailleurs peu qualifiés. Nous devons combattre la discrimination et à la xénophobie, améliorer l'accès aux moyens de subsistance et aux filets de sécurité sociale, et lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes ainsi qu’en matière de protection sociale. Ainsi, nous favoriserons une plus grande intégration socio-économique et des sociétés plus cohésives.
En 2020, les migrants ont puisé dans leurs économies pour envoyer de l'argent chez eux afin de pourvoir aux frais scolaires, alimentaires et médicaux de leurs familles. En réduisant le coût des envois de fonds, les gouvernements peuvent permettre à cet argent de fructifier davantage.
Le PNUD se tient prêt à aider les décideurs à se projeter au-delà du relèvement de la COVID-19 pour progresser dans la réalisation du Programme 2030 afin d’éliminer la pauvreté et de parvenir à un développement durable à l'échelle mondiale.
Soutenir les gouvernements forts du savoir, des compétences et des partenariats nécessaires pour répondre aux conflits et lutter contre le changement climatique, les inégalités et l'exclusion, nous permettra de réduire les facteurs qui forcent les gens à quitter leurs foyers. En offrant des possibilités d'emploi, en soutenant les entrepreneurs, en proposant des formations qualifiantes et en développant l'innovation numérique, nous pouvons favoriser l'intégration économique et sociale.
Enfin, les diasporas, leurs connaissances et leurs ressources peuvent stimuler le développement dans les pays d'origine. Depuis 2015, en Moldavie, le PNUD travaille avec la diaspora qui a contribué à hauteur de 2,6 millions de dollars américains à 82 projets communautaires bénéficiant à 316 000 personnes.
La Décennie d'action pour atteindre les objectifs mondiaux a pris un mauvais départ en raison de la pandémie. Dans l’ère qui va suivre, il s’agira d’élaborer un programme ambitieux qui intègre pleinement les migrants et leurs communautés au redressement. Nous avons tous à y gagner.