Les femmes doivent être au cœur de notre réponse à la crise soudanaise
4 janvier 2024
En ce début d'année, le Soudan connait une fois de plus une montée alarmante de la violence. Depuis le mois d'avril, le pays est pris dans un conflit qui a donné lieu à l'une des crises humanitaires les plus graves au monde. Près de 7 millions de personnes ont été déplacées, leurs vies bouleversées et leurs communautés anéanties.
Le bilan en termes de vies humaines, de sécurité alimentaire, de moyens de subsistance, d'infrastructures publiques et de services de base est accablant. Il est impossible de jeter un regard sur l'année écoulée sans ressentir le poids du traumatisme et de l'angoisse qu'a connus le peuple soudanais, ainsi que le sentiment de dévastation et d'anxiété qui règne aujourd'hui, alors que la violence se poursuit.
Au milieu du chaos, il y a une réalité encore plus dure : les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée. Elles sont confrontées à une augmentation de la pauvreté, de la violence, des déplacements et à un accès limité aux services essentiels, aux soins de santé et aux opportunités. Des cas de violence sexuelle ont également été rapportés plus fréquemment depuis que le conflit a éclaté. Les experts de l'ONU ont exprimé leur inquiétude face aux nombreux cas de violence fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle comme « outil de guerre » pour soumettre, terroriser, briser et punir les femmes et les filles, et comme moyen de punir des communautés spécifiques.
Le PNUD, qui travaille avec le peuple soudanais depuis 1965, reste fermement engagé à soutenir les communautés affectées sur le terrain, en particulier en ces temps difficiles. Un aspect crucial de notre réponse est la reconnaissance et la prise en compte des implications sexospécifiques de cette crise. Il s'agit notamment de veiller à ce que les voix des femmes soient entendues, à ce que leurs besoins soient placés en priorité et à ce que leur participation soit prévue dans tous les aspects de la réponse à la crise, du relèvement et de la consolidation de la paix.
Dans la période qui a suivi immédiatement le conflit, le PNUD a rapidement adapté ses programmes pour répondre aux besoins émergents les plus urgents. Il s'agissait de rétablir les services et les infrastructures de base, par exemple, améliorer l'accès à l'énergie, à l'eau et aux soins de santé. En outre, des efforts ont été déployés pour promouvoir la reprise économique et les moyens de subsistance, et pour renforcer la gouvernance locale, l'engagement civique et le dialogue social.
Pour lutter contre les effets de la crise sur les femmes, le PNUD travaille avec des organisations de la société civile. Dans l'État du Nil Bleu, des initiatives en faveur de l'autonomisation économique des femmes et des programmes de lutte contre la violence sexiste sont en cours. Le programme conjoint dans l'Abyei vise à réduire l'extrême pauvreté et à lutter contre la discrimination fondée sur le sexe en améliorant l'accès des personnes aux services essentiels.
À Heiban et Delami, le PNUD fait participer activement les dirigeants locaux, l'administration, la police et le système judiciaire à des ateliers sur la résolution des conflits, la consolidation de la paix et le droit civique. En outre, dans le Nil Bleu, un programme d’application pratique implique la distribution de 600 chèvres à 150 femmes cheffes de ménages dans diverses localités. Ces femmes reçoivent non seulement du bétail, mais suivent également une formation complète à l'élevage et reçoivent des traitements de base pour les animaux.
Alors que nous analysons les défis auxquels le peuple soudanais a fait face l'an passé, il est essentiel de reconnaître la résilience des communautés face à l'adversité. Les interventions ciblées et sexospécifiques du PNUD s'efforcent non seulement de répondre aux besoins immédiats, mais également d'autonomiser les femmes, tout en garantissant leur participation active à la reconstruction d'un avenir plus inclusif et durable pour le Soudan.
Le chemin du relèvement est long, mais avec une action concertée et un engagement à lutter contre les disparités entre les sexes, même en pleine crise, l'espoir en des lendemains meilleurs est possible.