Manquer d’eau est devenu une réalité dans plusieurs villes du monde, et plus récemment en Asie du Sud, notamment à Karachi, Islamabad, Chennai et Delhi. Ces crises traduisent de graves problèmes structurels de gestion et de distribution des ressources en eau.
Si les zones urbaines n'occupent qu'un faible pourcentage de la surface de la Terre, elles abritent plus de la moitié de la population mondiale. La réponse à leurs besoins croissants en eau a été de s’approvisionner à partir de sources de plus en plus éloignées, parfois au travers de prouesses technologiques impressionnantes. Mais la distribution fait souvent défaut, même en temps normal. Pour suivre le rythme de leur croissance économique et démographique, les villes doivent adopter une gouvernance de l'eau beaucoup plus judicieuse.
Voici quatre moyens d'y parvenir :
- Bassins versants. Encourager une utilisation des sols et une agriculture propres à réduire l’évaporation et à faciliter l’infiltration des eaux de pluie, nécessaires à la recharge des nappes phréatiques, contribue également à diminuer les variations saisonnières et les risques d'inondation. La gestion des bassins versants permet aussi de préserver la qualité de l'eau et d’en réduire les coûts de traitement. A New York, où l’approvisionnement en eau non filtrée est le plus important au monde, la protection des bassins versants a épargné à la ville la construction d’une usine de filtration d’un coût de 10 milliards de dollars.
- Réutilisation de l'eau. Les systèmes d’approvisionnement d’eau urbains sont linéaires et le recyclage limité. Abriter une population sans cesse croissante dans un espace restreint suppose une meilleure utilisation des ressources en eau et une plus grande attention à la gestion de la qualité et à la lutte contre la pollution. Les solutions basées sur la nature ont beaucoup à offrir pour assurer un bon rapport coût-efficacité et une pérennité à long terme.
- Infrastructure. De nombreux systèmes de conduite d'eau à travers le monde doivent être revus et réparés pour limiter les pertes physiques. Les fuites sont une conséquence directe d'un défaut d’entretien. Même si une grande partie de l'eau « non génératrice de revenus » ou « non comptabilisée » peut être utilisée de façon profitable ou servir à recharger la nappe phréatique, une bonne gestion des conduites est essentielle pour préserver à la fois la quantité et la qualité de l'eau courante.
- Communication avec les usagers. En l'absence d'un consensus général sur l'importance d'une eau propre et réutilisable, aucun règlement ne sera respecté. Pour inciter les usagers au bon comportement, un système de tarification progressive de l'eau des ménages peut être conçu pour promouvoir le recouvrement des charges, l'accès universel, l’équité dans l’approvisionnement et la réduction des gaspillages.
Les crises qui surviennent après les périodes de sécheresse et de pénurie d’eau mettent à jour, non seulement des lacunes de gestion, mais également des contradictions et des inégalités persistantes. Au Cap, si faire la queue devant des robinets publics était angoissant pour certains, pour d'autres c'était une réalité depuis des années.
Le changement climatique n'est pas la cause directe du manque d'eau dans les villes, mais ses manifestations extrêmes ont mis en lumière les menaces latentes qui pesaient déjà sur l’approvisionnement en eau des zones urbaines.
Tout comme le choléra était autrefois surnommé le « réformateur sanitaire », faisons du changement climatique l'élément déclencheur qui incitera les collectivités urbaines à éradiquer les inégalités et les gaspillages.