Épidémies, insécurité alimentaire, instabilité politique, volatilité économique et changement climatique — les crises mondiales sans précédent d'aujourd'hui mettent en évidence une série de problèmes interdépendants. En tant que communauté mondiale, nous devons favoriser la coopération internationale qui renforce les écosystèmes numériques et produit un impact significatif. Comment construire une infrastructure publique numérique sûre, fiable et inclusive qui non seulement aide les pays à relever les défis actuels, mais leur permet également d'anticiper et d'atténuer efficacement les problèmes futurs ?

L'infrastructure publique numérique (DPI/IPN) est le réseau sous-jacent des systèmes numériques, qui est de plus en plus construit en adoptant des biens publics numériques (DPG/BPN) pour permettre des fonctions et des services à l'échelle de la société. Essentiellement, #DPGs4DPI fournit la base pour affronter les difficultés mondiales en adoptant une approche globale de la société. Cependant, cela nécessite une coopération, une action et un investissement urgents.

Les IPN peuvent répondre à des réalités complexes

Les infrastructures publiques numériques (IPN) deviennent aussi essentielles à la société que les infrastructures physiques, telles que les routes ou les chemins de fer.

La mesure dans laquelle les pays ont pu s'adapter aux confinements à grande échelle du COVID-19 ou gérer efficacement la hausse des demandes de santé publique a été déterminée par leurs infrastructures numériques existantes et, dans certains cas, leur capacité à mobiliser rapidement les écosystèmes numériques locaux pour créer des solutions numériques.

Chaque fois que des conflits perturbent la vie des gens, une IPN opportune et centrée sur les personnes est essentielle pour répondre à leurs besoins immédiats. Dans les pays dépourvus de systèmes d'alerte précoce basés sur des données, la fréquence accrue des conditions météorologiques extrêmes a été particulièrement catastrophique, affectant la sécurité alimentaire, l'économie et le bien-être général des populations.

Ces problèmes partagent un fil conducteur : les solutions numériques sont nécessaires aux réponses inclusives et résilientes, et soulignent la nécessité d'un accès équitable aux infrastructures publiques numériques.

Les IPN en soi ne constituent pas une solution miracle, mais peuvent garantir que les conditions et les systèmes sont en place pour co-créer des solutions numériques localisées et adaptées au contexte. Elles offrent l'occasion de renverser le paradigme traditionnel du développement donateur-bénéficiaire, en impliquant les pays à tous les niveaux de revenu et une multiplicité d’acteurs de la société.

Des assises durables avec #DPGs4DPI

Les personnes interagissent avec les IPN tous les jours, de l'accès aux services publics de santé en ligne à l'utilisation des systèmes de paiement électronique pour le commerce électronique. Mais toutes les IPN ne sont pas créés égales. La qualité de cette interaction dépend de la manière dont cette infrastructure est construite et mise en œuvre. Est-elle sûre ? Peut-on se fier à elle ? Est-elle inclusive ?

Pour fournir efficacement des services publics et privés, les IPN doivent posséder ces trois qualités. Les pays dotés de systèmes interopérables — où les paiements numériques, la vérification d'identité et les systèmes d'échange de données fonctionnent comme un réseau bien intégré — sont mieux équipés pour répondre aux besoins des personnes et accélérer de manière significative l'action vers les objectifs de développement durable (ODD).

C'est là que les biens publics numériques peuvent être exploités. Les BPN sont des solutions open source conçues avec des garanties de confidentialité et une approche « ne pas nuire ». Ils peuvent être localisés pour répondre aux besoins spécifiques au contexte et jouer un rôle vital en aidant les pays à construire les IPN avec les garanties nécessaires.

Contrairement aux solutions propriétaires, #DPGs4DPI donne aux gouvernements la propriété de leur parcours de transformation numérique, et leur permet notamment de contourner les pièges du verrouillage des fournisseurs. La nature open source des BPN cultive également le partage et l'adoption, ce qui facilite de nouvelles formes de coopération entre les gouvernements, ainsi qu'avec le secteur privé et la société civile.

Des solutions interopérables pour le monde d'aujourd'hui

Partout dans le monde, les pays ont été les pionniers des solutions numériques interopérables grâce à l'adoption et à l'adaptation des BPN. Cela fournit un cadre pour une approche des IPN basée sur les droits et peut contribuer à réduire les coûts de mise en œuvre, tout en respectant la capacité d’intervention des pays qui la mettent en œuvre.

En réponse à la COVID-19, la Jamaïque a par exemple mis en place deux biens publics numériques : CommCare pour faciliter le suivi en temps réel de la livraison et de la distribution des vaccins, et DIVOC pour fournir des certificats de vaccins accessibles numériquement. Le succès de ces BPN dans d'autres pays a fourni des apprentissages expérientiels qui ont facilité leur adoption effective.

En Ukraine, Trembita le système d'échange de données du pays — s’est inspiré du système d'interopérabilité phare de l'Estonie, connu sous le nom de X-Road. Trembita fournit des services essentiels aux Ukrainiens, tels que l'enregistrement des naissances en ligne, la fourniture d'un service de demande de carte d'identité et la possibilité pour les personnes de mettre à jour leur lieu de résidence en ligne. La capacité de l'Ukraine à fournir une protection sociale et une prestation de services essentiels malgré la guerre en cours souligne encore l'importance d’IPN sûres, inclusives et sécurisées.

Les avantages que présentent les IPN dans la promotion de l'inclusion et de garanties ressortent clairement dans le cas de la ZLECAf, une initiative transfrontalière des 54 pays qui composent l'Union africaine, pour le commerce numérique sur le continent africain. Soutenu par le PNUD, son potentiel pour créer des normes communes dirigées par l'Afrique et des principes partagés pour permettre des échanges de données et des paiements sûrs et sécurisés est évident.

Ces exemples illustrent qu'il n'existe pas de solution numérique unique, mais en tirant parti des BPN, les pays peuvent bénéficier du partage de données et d'informations, de partenariats à valeur partagée et de connaissances expérientielles pour faire évoluer leurs IPN et n’oublier personne.

Une action urgente est nécessaire pour la coopération numérique

Construire des IPN sûres, fiables et inclusives à l'échelle mondiale nécessite une action collective.

Malgré la récente évolution vers l'exploitation des technologies numériques émergentes pour le bien public — en particulier pendant la COVID-19 — il existe un contraste frappant entre les pays dont l'infrastructure numérique est faible et ceux qui en possèdent une solide. Alors que certains pays sont capables de tirer parti des opportunités numériques, d'autres restent à la traîne.

Accélérer le programme #DPGs4DPI offre une opportunité unique de changer la dynamique existante. Pour assurer son succès, il faudra élaborer des feuilles de route et des plans inclusifs, améliorer les modèles de renforcement des capacités, mettre en place des cadres de gouvernance centrés sur l'utilisateur et dotés de mécanismes de recours accessibles pour les personnes ayant une connectivité limitée.

Des gouvernements, des organisations internationales, de la société civile, des acteurs du secteur privé aux bailleurs de fonds, tout un chacun peut contribuer à cette nouvelle ère de coopération numérique. Pour cela, il faut :

1. Accroître les investissements financiers dans les leviers clés de la coopération numérique pour les IPN :

Investir dans les biens publics numériques qui peuvent faire partie de l'infrastructure publique numérique fondamentale des pays, ainsi que dans ceux qui peuvent aider les pays à accélérer l'Accord de Paris sur le climat et à résoudre collectivement d'autres problèmes mondiaux urgents ;

Investir dans des efforts de renforcement des capacités à long terme tels que les centres de connaissances universitaires, les programmes de recherche de mise en œuvre, des programmes de formation d'ingénieurs et d'autres types d'efforts de formation à long terme afin de favoriser un écosystème numérique sain où le secteur public peut accéder à une expertise neutre et locale ;

Investir dans l'expertise et les services nécessaires aux BPN pour que les IPN soient efficaces, notamment les services juridiques, les audits de sécurité et les cadres de gouvernance ; et

Investir dans les organisations de la société civile, les ONG et les institutions universitaires pour développer les connaissances, créer un débat éclairé et transparent et tenir les gouvernements responsables de la manière dont les IPN sont planifiées, déployées et mises en œuvre.

2. Faciliter une habilitation plus approfondie et un partage généralisé des connaissances autour des principaux leviers de la coopération numérique pour les IPN, notamment le partage de l'accès et de l'adoption des BPN pour soutenir les parties prenantes avec les connaissances, les outils et les ressources dont elles ont besoin pour planifier et construire des IPN sûres, fiables et inclusives.

Grâce à une action collective, nous pouvons travailler à un ensemble diversifié de BPN pertinents et durables qui sont conçus, financés et gouvernés pour permettre aux pays d'y accéder, de les adopter et de les adapter lors de la construction de leurs IPN. Nous pouvons contribuer à renforcer les écosystèmes numériques locaux afin qu'ils disposent de secteurs publics et privés dont les capacités sont suffisantes pour planifier, réglementer, déployer et faire évoluer les IPN. Nous pouvons construire des IPN dont les évaluations de risques et les garanties sont suffisantes pour assurer un impact significatif à l'échelle de la société et de la réalisation des ODD.

Tout cela nécessite un programme de coopération numérique audacieux, inclusif et innovant et il est maintenant temps de saisir l’occasion !

Réservez la date pour participer à l'événement à propos de « L'avenir de la coopération numérique : renforcer la résilience grâce à une infrastructure publique numérique sûre, fiable et inclusive », qui se tiendra en marge de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations Unies le 21 septembre 2022.