Une action urgente est nécessaire en faveur des personnes qui ont été chassées de chez elles en raison du climat, des conflits ou des crises
L’aide humanitaire ne peut à elle seule faire face aux niveaux records de déplacements internes
28 novembre 2022
Genève, le 30 novembre — En 2022, plus de 100 millions d’individus ont été obligés d’abandonner leur foyer. La plupart de ces personnes en situation de déplacement à la suite de conflits, de violences ou de catastrophes sont prises au piège à l’intérieur de leurs propres pays, souvent pendant des années ou des décennies. Pourtant, leur sort fait rarement les gros titres des journaux. Cette crise invisible serait due, d’après le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), à des failles dans l’assistance au développement.
Un nouveau rapport du PNUD, publié en anglais sous le titre Inverser la tendance du déplacement interne : des solutions axées sur le développement [Turning the tide on internal displacement: A development approach to solutions], affirme qu’il est indispensable de déployer des efforts à plus long terme en matière de développement afin d’inverser les niveaux records de déplacements internes. Ce d’autant plus que des millions de personnes courent le risque d’être déracinées par le changement climatique à l’avenir. D’ici 2050, le changement climatique pourrait en effet contraindre plus de 216 millions d’individus à évacuer leur habitation, laissant derrière eux leur vie passée et leurs moyens de subsistance, et à se déplacer vers des zones plus sûres.
Fin 2021, il y avait 59,1 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) à travers le monde. Ces personnes en situation de déplacement interne se débattent pour couvrir leurs besoins de base, trouver un travail décent, disposer d’une source de revenu stable, se maintenir en bonne santé et envoyer leurs enfants à l’école. Ce sont les femmes, les enfants et les autres groupes marginalisés qui en pâtissent le plus. Comme l’indique le Secrétaire général des Nations Unies dans son Programme d’action 2022 sur les déplacements internes, la situation actuelle est intenable.
« Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour mettre fin à la marginalisation des personnes déplacées qui doivent pouvoir exercer pleinement leurs droits en tant que citoyens, notamment en accédant à des services vitaux tels que les soins de santé, l’éducation, la protection sociale et les possibilités d’emploi », a déclaré à ce sujet l’Administrateur du PNUD, Achim Steiner. « Parallèlement à l’aide humanitaire qui reste essentielle, une approche fortement axée sur le développement est d’une importance vitale pour créer les conditions d’une paix, d’une stabilité et d’un redressement durables ».
L’analyse des échantillons de données fournis par l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC selon son sigle en anglais) portant sur la Colombie, l’Éthiopie, l’Indonésie, le Népal, le Nigéria, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Somalie et le Vanuatu montre que parmi les PDI ayant répondu aux différentes enquêtes, un tiers a affirmé n’avoir pas retrouvé d’emploi, 68 % ont indiqué ne pas disposer de suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de leur ménage et un autre tiers a déclaré que leur santé s’était détériorée après avoir quitté leur foyer.
La prise en compte des droits et des besoins des personnes déplacées par les gouvernements concernés est une condition préalable à la réalisation des objectifs de développement durable tels que convenus par les dirigeants du monde en 2015 et dont l’échéance approche à grands pas.
Le rapport souligne que pour aborder la question des déplacements internes, il est primordial que les gouvernements mettent en œuvre des solutions de développement clés, notamment en garantissant l’égalité d’accès aux droits et aux services de base, en promouvant l’intégration socio-économique, en restaurant la sécurité et en renforçant la cohésion sociale.
Il est impératif d’inscrire cette crise invisible au programme d’action de la communauté internationale. Le rapport appelle à améliorer les recherches et la collecte de données touchant à ce domaine. Le PNUD s’est engagé à combler les lacunes signalées en proposant un indice des solutions à apporter aux déplacements internes en vue de suivre les progrès et d’aider les gouvernements à passer d’une réponse humanitaire à une stratégie axée sur le développement.
Consultez le rapport en intégralité ici.
Pour plus d’informations, veuillez contacter :
À Genève et à Londres : Sarah Bel - sarah.bel@undp.org / Patrick Nicholson - patrick.nicholson@undp.org
À New York : Aimee Brown - aimee.brown@undp.org / Guilherme Larsen - guilherme.larsen@undp.org
Note à l’intention des rédacteurs :
D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de personnes à travers le monde ayant fui leur foyer en raison de persécutions, de conflits, de violences, de violations des droits humains et d’événements troublant gravement l’ordre public a dépassé pour la première fois le chiffre de 100 millions.
Selon l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) dans le monde s’élevait à 59,1 millions fin 2021. Depuis, quelque 6,2 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de l’Ukraine selon des données du HCR.
D’ici 2050, la Banque mondiale estime que le changement climatique pourrait forcer plus de 216 millions de personnes à se déplacer à l’intérieur de leur propre pays.
L’analyse du rapport Turning the Tide est basée sur des données collectées par l’IDMC entre janvier 2021 et janvier 2022 auprès de 2 653 PDI et de personnes issues de communautés d’accueil en Colombie, en Éthiopie, en Indonésie, au Népal, au Nigéria, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Somalie et au Vanuatu.
Malgré les efforts entrepris, l’échantillonnage des données collectées n’est pas représentatif de l’ensemble de la population de PDI et d’hôtes dans les différents pays. Et les huit pays sélectionnés ne reflètent pas la réalité des personnes déplacées dans d’autres pays touchés par le déplacement interne.
Par rapport aux membres des communautés d’accueil, les PDI étaient en moyenne 14 % moins susceptibles d’avoir au moins un membre du ménage employé au moment de l’enquête et 12 % plus susceptibles d’avoir connu une détérioration de leur santé physique. Les personnes déplacées qui font état d’un accès aux soins de santé limité dans leur nouvel emplacement sont particulièrement sujettes à une détérioration de leur santé.
Les enfants déplacés internes sont en moyenne 28 % plus exposés au décrochage scolaire à un moment donné que les enfants dans les communautés hôtes. Les filles dont le cursus scolaire a été interrompu affichent le plus faible taux de scolarisation de l’ensemble des enfants recensés au moment de l’enquête.
Selon ces enquêtes, les femmes déplacées ont beaucoup moins de possibilités de trouver du travail et de rester en bonne santé que celles issues de milieux similaires dans les communautés d’accueil.