Assurer un approvisionnement en eau résilient au climat aux Comores: Interview avec la Secrétaire Générale du ministère de l'eau
Assurer un approvisionnement en eau résilient au climat aux Comores: Interview avec la Secrétaire Générale du ministère de l'eau
30 août 2023
Le projet eau fonds vert pour le climat-PNUD avec ses partenaires de développement a initié d’une base d’un système d’informations ayant vocation à gérer l’ensemble des connaissances et des sujets relatifs à l’eau. Nous avons recueilli l’avis de la secrétaire générale du ministère de l’Eau après la présentation d’une version d’essai (bêta).
Nous avions eu l’information quant à la présentation d’une plateforme numérique d'échange de connaissances et d'informations dans le cadre du CCA, pouvez-vous nous en dire un mot ?
Il s’agit d’une plateforme numérique ayant vocation à regrouper l’ensemble des ressources concernant le secteur de l’eau. Ce système d’information sera alimenté, par des contributeurs qui sont des institutions clés identifiées. Les différentes thématiques sont celles liées au secteur de l’eau notamment la documentation sur les aspects de gouvernance du secteur de l’eau, les cartographies des ressources en eaux, la documentation relative aux différentes études des faisabilités des projets d’AEP et d’irrigation réalisées au cours des dernières ( rapports de diagnostic, APS, APD, …).
On pourra ainsi accéder à l’ensemble des textes de loi en téléchargeant le nouveau code de l’eau ou encore la cartographie des bassins versants.
Cette plateforme numérique s’inscrit dans les systèmes d’information en libre accès connu autrement sous le vocable d’Open Data, elle permettra à ceux qui le souhaitent de s’informer en ligne sans aucune contrainte d’accès.
Vous avez mentionné des contributeurs identifiés pour alimenter cette plateforme numérique, et vous venez d’évoquer un libre accès à celle-ci, est ce que cela suppose que chaque utilisateur puisse apporter sa propre contribution ?
Vous savez le secteur de l’eau regroupe un large éventail d’acteurs : C’est un secteur dense et diversifié. Les éléments que nous disposons sont des données scientifiques regroupant des sujets très précis, notamment les données collectées dans le cadre de la résilience climatique effectuée sur des stations agrométéorologiques ou piézométriques.
Les contributions au sein de la plateforme font l’objet d’un processus rigoureux allant de la rédaction au partage de l’article sur la plateforme. Les ressources diffusées en accès libre doivent provenir d’une source fiable, c’est pourquoi l’option naturelle retenue a été de limiter les contributeurs à quelques institutions (Université des Comores, Ministère de l’Eau, agence de la météorologie, …) qui interagissent dans le secteur. Pour ailleurs, les articles partagés au sein du système d’information pourront contribuer à la recherche universitaire notamment en aidant les étudiants dans le cadre de leur master ou leur doctorat.
Le 21em (XXI) siècle est décrit comme celui de la connaissance, une connaissance qui se veut globale impliquant des acteurs multiples, les contributions émanant uniquement d’institutions locales, ne réduisent elle pas la portée et la vision de cette plateforme ?
Le ministère de l’Eau partage cette vision universelle de la ressource en eau. Les problèmes et solutions liés à la ressource sont globales sur l’ensemble de la planète. La gestion du Nil, par exemple, ne se limite pas à l’Égypte, mais concerne l’Éthiopie, le soudan et l’Ouganda.
Le contexte des Comores est différent en raison de notre insularité mais reste similaire à celui des Seychelles, de Maurice ainsi que les autres petits États insulaires.
Pour information, cette plateforme a été inspirée par les bonnes pratiques mises en œuvre ailleurs. Sa naissance est le fruit d’un travail collaboratif avec nos partenaires notamment le PNUD et le fonds vert pour le climat (GCF), dans le cadre du projet sur le renforcement de la résilience en eau (ER2C). Le travail mené à ce jour est une première étape constituée de contributions locales, mais bien entendu le savoir est universel, on pourra avoir des contributions d’articles régionales et internationales, dans un futur proche. Les choses se feront au fur et à mesure, le changement nécessite un accompagnement, la vocation de cette plateforme est de s’enrichir via les nombreuses publications nationales et internationales à terme.
Plusieurs enquêtes font état de nombreuses études menées, de rapports partagés ou encore de ressources produites lors de la mise en œuvre des différents projets, ou plus généralement au sein des administrations pourtant d’aucuns se plaignent de la pauvreté d’information partagée et accessible à tous notamment dans le cadre de la recherche universitaire, comment expliquer cette ambiguïté ?
L’accès durable à l’information est le talon d’Achille de nos administrations. Plusieurs raisons peuvent être avancées notamment celle de la mobilité des ressources humaines, mais une chose semble indubitable en matière de bonnes pratiques c’est la gestion électronique des documents (GED) qui permet un accès durable à l’information. La transformation digitale nous permet d’avoir accès à tout moment à l’information.
C’est en ce sens, que le Gouvernement a lancé une campagne tous azimuts de solutions d’E-Gouvernance dont le ministère de l’Eau est bénéficiaire. Le déploiement au sein de nos administrations est imminent, cette solution permettra de répondre au problème d’organisation, de sauvegarde et d’accès permanent à l’information.
De plus cette initiative du gouvernement s’accompagnera d’un volet « accompagnement du changement» afin que notre personnel acquière les bonnes pratiques. Cet accompagnement doit être compris comme un long processus d’acquisition et de savoir-faire afin que l’ensemble du personnel puisse être opérationnel.