26 juin 2020
Quand l’Accelerator Lab transforme les défis liés à la crise à COVID-19 en faisant concilier besoins des populations, valorisation des savoirs-faires locaux et dématérialisation des réponses, le PNUD Côte d’Ivoire se positionne à l’avant-garde de l’innovation par la digitalisation.
L’histoire commence dans la tourmente, au moment où le monde entier s’arrête, face à un virus qui semble au premier abord invincible. Loin de rester figé, le système des Nations Unies mobilise ses agences dont le PNUD, pour la riposte.
Au PNUD Côte d’Ivoire, les activités impliquant des contacts physiques sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Et pourtant il faut agir ! Le bien-être du peuple et de la nation ne saurait attendre !
La crise à covid-19 a malheureusement mis le pays face à plusieurs défis.
En effet, comment développer une stratégie de sensibilisation tenant compte des réalités des communautés sans aller physiquement à leur contact ?
Comment mener des opérations de désinfection à grand échelle en amoindrissant au maximum les risques de contamination ?
Comment disposer d’informations fiables sur l’état de santé, dans la discrétion, en temps réel et permettre ainsi la prise en charge rapide du maximum de personnes dans un contexte où les services de santé sont en faible capacité ?
Comment réussir à disposer de produits et équipements importants alors que les échanges entre les pays sont suspendus ?
Comment maintenir le lien social, l’approvisionnement des ménages en produits de première nécessité et contribuer à empêcher l’arrêt des activités économiques sans propager la maladie ?
Comment prévenir et lutter contre les violences basées sur le Genre exacerbées pendant la crise ?
Et surtout, à quoi serviraient tous ces investissements une fois la crise passée ? Autrement dit, comment des réponses pour faire face à l’urgence d’une crise peuvent-elles servir dans la durée ?
Le défi est devenu une opportunité !
Le « jeune » Accelerator Lab du bureau pays, ouvert en décembre 2019, après une analyse émotionnelle des réseaux sociaux, initie dès le début de la crise et des mesures de restriction, une session de « headlines of tomorrow » suivie de sessions d’intelligence collective. Mais, cette fois-ci, ces sessions se déroulent en ligne. C’est la seule alternative sur le moment, compte tenu des mesures imposées.
Les personnes invitées à ces séries de réunions digitales sont tout aussi inhabituelles. Il s’agit de jeunes, femmes et hommes, spécialistes du digital, de jeunes start-ups, de spécialistes de sciences sociales. Ce sont des personnes peu ou d’ordinaire pas associées au processus décisionnel. Elles sont donc enthousiastes pour cette marque de considération.
En peu de temps, plus de deux cents personnes sont régulièrement connectées et participent activement à la réflexion, sous la conduite de l’Accelerator Lab.
L’intention clairement affichée : dénicher des solutions locales pertinentes, durables, de pointe et à forte valeur ajoutée, au service de la riposte contre la Covid-19 en priorité, et en consultation avec la population, elle-même très impactée.
Dans le même temps, le PNUD Côte d’Ivoire veut anticiper, disposer d’informations et assurer en temps réel, la performance. Il souhaite également apporter une réponse efficace à des besoins importants mais peu ou pas adressés, explorer de nouveaux mécanismes d’appui pour le présent et pour l’avenir.
Et Bingo ! Les réponses aux préoccupations ne se sont pas fait attendre, grâce à l’approche de l’Accelerator Lab du PNUD Côte d’Ivoire.
En premier lieu, face au constat de la résistance des populations aux mesures imposées par les pouvoirs publics, l’Accelerator Lab met en mission une équipe de spécialistes des sciences sociales pour réaliser une analyse psychosociale de la crise. Elle a pour but de motiver la prise de décisions et d’orienter l’élaboration d’une stratégie pertinente de sensibilisation. Cette étude est réalisée principalement en ligne, à travers l’analyse émotionnelle des médias sociaux et des publics non habituels.
En second lieu, l’une des surprises lors de la riposte face à COVID-19 est la découverte par l’Accelerator Lab, de start-ups locales portées par les jeunes en tant que concepteurs de solutions Made in Côte d’Ivoire, dans le digital. Ainsi, pour sensibiliser efficacement les communautés sans contact physique, la plateforme digitale « Yehlin » couplée à une web radio est conçue par les jeunes. Elle sert, en outre, d’outil de lutte contre les fake news. En plus de cette plateforme de sensibilisation, d’éducation et d’orientation, d’autres start-ups s’appliquent à fabriquer des drones de sensibilisation dans plusieurs langues locales pour les lieux publics.
Le dispositif digital « Yehlin » gère en même temps l’auto-diagnostic et le signalement des cas, en relation avec la plateforme de l’OMS pour la prise en charge, la délivrance numérique de laisser-passer. A cela s’ajoute les facilités d’entraide, de solidarité et de vente de produits et services de première nécessité. Cette option sur la plateforme digitale a également pour but de permettre la poursuite des activités économiques des maillons les plus faibles de la société, en évitant au maximum les possibilités de propagation du virus.
Quant aux opérations de désinfection, elles sont facilitées et moins risquées, grâce à trois produits innovants Made in Côte d’Ivoire par des jeunes. Il s’agit d’abord de drones de désinfection des espaces publics tels que les marchés et les gares routières. Ensuite les jeunes ont conçu des robots de désinfection dotés d’intelligence artificielle pour renforcer et faciliter le travail de désinfection des foyers contaminés, par les agents de l’Institut National d’Hygiène Publique. Enfin, les jeunes ont conçu un tunnel de désinfection en un temps record, associée à la prise de température, pour assurer la détection des cas et la sécurité des personnes à l’entrée des espaces publics.
Pour les situations de prise de température présentant des risques, les jeunes, avec l’appui du PNUD ont créé des drones thermiques pour dénombrer et prendre la température de plusieurs personnes à la fois dans un espace donné, avec des précisions permettant la prise en charge rapide.
Plusieurs cas de violences faites aux femmes et aux filles ayant été enregistrés pendant la crise, la solution proposée par une jeune start-up de fabriquer sur place, des bracelets électroniques connectés aux commissariats et services de santé a été jugée pertinente et a aussi bénéficié de l’appui du PNUD.
Il faut enfin noter que le réflexe classique des pouvoirs publics et des partenaires étant d’importer des produits, du matériel et des équipements sanitaires pour traiter les cas testés positifs à Covid-19, la limitation des échanges entre les pays était une réelle préoccupation.
Des parties prenantes aux réunions digitales de l’Accelerator Lab ont permis de découvrir qu’il était possible de les produire en Côte d’Ivoire, en qualité et à moindre coût. En effet, l’Institut National Polytechnique Félix-Houphouët Boigny de Yamoussoukro forme des jeunes qui produisent des respirateurs artificiels, des vapo-inhalateurs, des masques de protection et des jus à base de fruit d’anacarde pour renforcer le système immunitaire. Le PNUD Côte d’Ivoire s’est alors engagé à appuyer cette expertise locale par la mise en place d’un FAB-LAB qui permettra, en plus des éléments cités ci-dessus, de fabriquer des pièces pour faciliter le travail des start-ups et des entreprises locales qui ne seront donc plus obligées d’importer avec toutes les difficultés que cela suppose.
La digitalisation, en tant que force de l’innovation offrant la flexibilité et la gestion en mode agile, le PNUD Côte d’Ivoire a entrepris de soutenir la production et la promotion des prototypes et l’appui institutionnel des jeunes start-ups, notamment en ce qui concerne la protection de la propriété intellectuelle.
En fin de compte, le digital bouleverse la donne en offrant de nouvelles opportunités. En annonçant donc le lancement cette année de toutes ces solutions digitales, le PNUD Côte d’Ivoire devient une locomotive de l’innovation à travers la digitalisation.
L’intégration des nouvelles technologies, l’adaptation continue, l’esprit d’audace et la nécessaire détermination qui caractérisent les jeunes start-ups sont ainsi soutenus par le PNUD, dans un esprit gagnant-gagnant.
La crise à covid-19, bien que constituant un défi, est alors devenue pour le PNUD Côte d’Ivoire, l’opportunité pour une révolution digitale.
Le leadership WOW du Senior Management, moteur clé de l’innovation et de la digitalisation.
Plusieurs facteurs militent en faveur de la digitalisation impulsée par le PNUD Côte d’Ivoire dans la situation de la crise à Covid-19.
Le premier facteur concerne le changement des habitudes et des attentes d’une grande majorité d’individus. En effet, le constat est que les personnes deviennent de plus en plus digitales. Elles recherchent souvent des informations en ligne, au détriment des canaux traditionnels dits officiels, au point où elles sont souvent exposées aux fake news.
Il importe donc pour le PNUD de s’adapter à cette réalité et de les aider dans leurs problématiques, c'est à dire leur apporter les solutions attendues, sans présumer qu’il s’agit d’un phénomène passager.
En définitive, face une demande réelle, être ou ne pas être la solution est une question essentielle.
Il convient de relever ensuite l’exigence de performance couplée à la nécessité de réduire les risques de contamination et de propagation de la maladie à coronavirus. Les solutions digitales offrent l’avantage d’offrir des services de qualité, à grande échelle, avec un temps appréciable en évitant les contacts physiques. Ces solutions répondent donc à l’urgence d’agir vite et efficacement en apportant une véritable valeur ajoutée.
En outre, en tant qu’outil d’aide à la décision, plusieurs des solutions digitales initiées permettent de disposer rapidement d’informations fiables, précises en temps réel, en respectant les règles en matière de protection de données personnelles.
Le PNUD Côte d’Ivoire a également trouvé dans la promotion du digital une opportunité inespérée de valoriser à la fois l’expertise locale, le Made in Côte d’Ivoire et l’emploi des jeunes.
En somme, comment résister à la possibilité de transformer les défis en opportunités et donc de se servir du vent pour construire un moulin !
Sur la base de ces motivations, l’Accelerator Lab du PNUD Côte d’Ivoire bénéficie fortement de la disposition favorable du Senior Management qui ne s’est pas inscrit dans une rigidité mais s’est plutôt impliqué dans cette révolution digitale.
Déjà, dès le début de la limitation des mouvements en Côte d’Ivoire, le PNUD s’est doté de ressources modernes telles que Zoom et a mis à la disposition du personnel (et du Gouvernement) des moyens technologiques pour réaliser le télétravail. Cela a facilité la tenue des réunions digitales avec diverses cibles.
Il convient en plus de mentionner un fait majeur qui vaut son pesant d’or : l’envoi constant de signaux « WOW » par le Senior Management à l’équipe de l’Accelerator Lab a eu l’avantage de lui inspirer créativité, surpassement, respect et confiance. C’est en effet une attitude qui a démontré de la part du Senior Management un mélange d’autorité, de détermination, de dignité et d’humilité mais aussi d’authenticité. Cette attitude a boosté l’équipe qui se sent désormais à l'avant-garde dans la recherche et la mise en pratique de solutions de plus en plus innovantes dans la digitalisation.
Au-delà de Covid-19 : viser le long terme !
Si l’histoire s’arrêtait à Covid-19, elle sonnerait la victoire de cette pandémie et laisserait un goût d’inachevé ! Le PNUD Côte d’Ivoire ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
C’est pourquoi, le bureau pays entend inscrire les innovations du digital trouvées dans le contexte de Covid-19 dans la durée en l’adaptant à d’autres contextes.
Déjà, à la demande du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, le PNUD Côte d’Ivoire fera voler des drones pour réaliser le géoréférencement des sites de dépistage du virus, de sorte que la population puisse en connaître les situations exactes sur Google Map et en faire bon usage. L’Accelerator Lab travaille à la possibilité d’y adjoindre d’autres services, notamment en matière de sensibilisation et de mesure de taux de fréquentation.
Par ailleurs, l’expérience des réunions du digital a démontré que plusieurs activités menées d’ordinaire sur le terrain, peuvent être réalisées désormais par le digital. Il s’opèrera ainsi un changement de
pratiques et un gain appréciable de ressources, qui permettra de réaffecter les ressources à d’autres besoins des communautés.
Des partenariats ont ensuite été tissés avec des jeunes spécialistes du digital qui se sentent désormais valorisés.
L’analyse émotionnelle des médias sociaux, qui est réalisée en ligne, a démontré sa pertinence dans l’élaboration du CPD 2021-2025 et la démarche est désormais adoptée comme bonne pratique.
Au-delà de Covid-19, la plateforme digitale « Yehlin », couplée à une web radio, pourra poursuivre la sensibilisation, la lutte contre les fake news et les séances d’écoute sur diverses thématiques. Il en est de même des drones de sensibilisation qui pourront servir dans d’autres situations.
Quant aux drones de désinfection des espaces publics, ils pourront servir pour d’autres opérations diverses, notamment les opérations de démoustication, tandis que les robots de désinfection dotés d’intelligence artificielle pourraient être utilisés par les agents de protection civile contre les foyers d’incendie et pour la détection de bombes. Les tunnels de désinfection pourront devenir des outils permanents de désinfection. Il en est de même pour les drones thermiques.
Pour ce qui est des bracelets électroniques connectés, ils peuvent devenir des outils au service de la lutte contre toutes formes d’agressions et de violences contre les femmes, les hommes et les enfants, notamment dans les cas de pédocriminalité, d’enlèvement et d’excision.
Le FAB-LAB offert par le PNUD à l’Institut National Polytechnique Félix-Houphouët Boigny de Yamoussoukro pourrait devenir un incubateur pour les jeunes étudiants en fin de cycle de cet institut.
La digitalisation, par l’essor des drones comme atout, a été étendue par l’Accelerator Lab à d’autres secteurs.
Il s’agit premièrement du cas des inondations à Abidjan, au cours de la saison des pluies qui est en cours.
En effet, les problèmes identifiés par l’Office National de la Protection Civile sont d’abord relatifs au fait que les cartes actuelles basées sur Google Map, ne reflètent pas la situation réelle des communes sinistrées. Ensuite, il est noté un manque d’analyse de risque détaillée et précise par commune qui ne facilite pas une proactivité des autorités compétentes. Le non-référencement des bâtiments dans les zones à risques est déploré, de même que le manque de nouveaux outils de sensibilisation des populations.
L’Accelerator Lab a identifié une start-up pour réaliser - par drones - la cartographie des communes, la photogrammétrie des zones à risques, le modèle numérique des terrains et le référencement individuel des bâtiments impactés ou susceptibles de l’être. L’Accelerator Lab prévoit en outre la réalisation d’un guide décisionnel couplé à la sensibilisation des populations ainsi que la captation ou l’imagerie avant, pendant et après les inondations.
En deuxième lieu, l’Accelerator Lab prévoit un appui au Ministère des Eaux et Forêts à travers l’usage des drones pour accompagner la mise en œuvre de la politique nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts. C’est ainsi que, dans le cadre de l’opération nationale « 1 jour, 5 millions d’arbres », il est prévu l’expérimentation d’une solution de planting de seed balls par drones avec un système de surveillance géospatiale pour noter l’évolution avec précision, alerter des coupes éventuelles d’arbres et dissuader d’éventuels braconniers. L’idée au bout du processus est de pouvoir comparer le nombre d’arbres au départ au nombre d’arbres après l’opération. Par ailleurs, les drones de sensibilisation et de pulvérisation des plants pourraient garantir la qualité des arbres et la participation citoyenne à l’opération.
La digitalisation est ainsi devenue une véritable carte à jouer. Cette transformation digitale n’est plus un luxe. Au-delà des avantages économiques, pour le PNUD Côte d’Ivoire, il s’agit d’un levier indispensable pour accompagner le développement durable.
Apporter des réponses au besoin du Gouvernement tourné vers l’innovation
Les pouvoirs publics ont saisi le fait que la rupture technologique est un enjeu global de métamorphose de la société, voire une révolution.
L’innovation occupe donc une place de choix dans la politique de développement du gouvernement ivoirien. En effet, le pays a adopté une loi relative à l’Enseignement supérieur et une loi portant orientation et programmation de la recherche scientifique et de l’innovation technologique, l’élaboration et l’adoption d’une politique d’innovation et de vulgarisation des technologies, la mise en place d’un fonds d’appui à la recherche et à l’innovation doté d’un montant de 500 millions de FCFA.
C’est pourquoi le PNUD Côte d’Ivoire reste ouvert à de nouvelles idées et à des approches inhabituelles pour traiter toutes sortes de problèmes.
La force du PNUD réside dans sa capacité à concrétiser cette innovation, à la promouvoir localement et à la rendre utilisable. En investissant dans les savoirs-faires locaux, et notamment ceux des jeunes, le bureau pays envisage de rendre pertinente la créativité et d’améliorer les performances et la qualité et de réduire les coûts. Le PNUD permet ainsi au Gouvernement de renforcer son ancrage dans l’innovation.
Et le digital favorise cette dynamique. En outre, le digital contribue directement à certains enjeux de société, comme l’économie d’énergie humaine, la préservation de l’environnement, à travers la réduction de l’empreinte énergétique des infrastructures et de la consommation de papier. Et cette expérience que nous avons la chance de vivre, nous nous attachons à la partager et la transmettre à l’ensemble des partenaires, pour faire de chacun, une source d’inspiration.