Déclaration de l'Administrateur du PNUD à l’occasion de la deuxième session ordinaire du Conseil d’administration
29 août 2022
Seul le prononcé fait foi.
- Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil d’administration et des délégations d’observateurs, chers collègues et amis, j’ai l’immense plaisir de vous retrouver ce jour à l’occasion de la deuxième session ordinaire du Conseil d’administration du PNUD, du FNUAP et de l’UNOPS pour l’année 2022.
- Mesdames et Messieurs, nous traversons une période sombre, difficile. Même pour ceux d’entre nous, moi y compris, pour qui la promesse et les possibilités sont inhérentes au développement humain, partout dans le monde.
- Chaque jour, des catastrophes inondent l’actualité. Nous en avons toujours connu, certes, mais elles vont en s'aggravant et se cristallisent pour former un « complexe d’incertitudes » jusqu’ici inédit dans l’histoire de l’humanité. Un complexe composé de crises politiques ET de propagation rapide de maladies ET de contagion économique mondiale ET de risques de famine. Toutes ces incertitudes étant marquées par de nombreuses indications inquiétantes de l’effondrement de nos systèmes planétaires.
- Au PNUD, nous sommes sans cesse témoins de l’incidence de ces tendances globales sur la vie quotidienne. Les gens rationnent les repas de leurs enfants. Ils contractent des crédits non pas pour créer une entreprise, mais pour payer leurs soins de santé. Certains voient de l’eau salée détruire leurs champs, leur nourriture et leurs moyens d’existence. Un nombre sans précédent de personnes sont en train de tout perdre en fuyant des crises qui ne sont pas de leur fait, ni ne jouent en leur faveur.
- C’est dans ce contexte de crises multiples que nous amorçons une période qui n’arrive qu’une fois en une génération. Nous devons faire des choix qui détermineront ce qu’il adviendra de la vie qu'il nous reste et de celle des personnes qui viendront après nous. Parmi toutes ces décisions, celles liées au financement — thème central de la présente réunion du Conseil d’administration — compteront parmi les plus importantes. Des financements publics et privés suffisants et bien alignés, pilotés au moyen de politiques internationales et nationales appropriées, détermineront dans une large mesure si nous vivons dans la paix et la prospérité ou dans l’insécurité et le besoin constant.
- Compte tenu du dialogue sur les financements structurés prévu aujourd’hui, je parlerai spécifiquement des financements et de la manière dont tous les efforts déployés par le PNUD pour promouvoir le développement humain et la sécurité humaine dépendent de décisions financières internationales et nationales judicieuses. Surtout, je vais décrire comment le PNUD impulse une réorientation importante de ces choix, au sein du paysage plus large du financement — public comme privé — du développement.
- Avant de rentrer dans les détails, je tiens à relever que les signaux envoyés par les politiques publiques sont souvent source de confusion, traduisant les temps troubles que nous traversons. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que nous pouvons trouver des ressources financières et emprunter un chemin juste, intelligent, efficace et profitable pour tous. Aussi désespérées que les prévisions budgétaires et d’autres prévisions puissent continuer d’être, je vous rappellerais que le problème n’est pas que nous n’avons pas assez d’argent. Notre monde est doté de 1,54 quadrillion d’actifs. La vraie question est de savoir où l'argent est dépensé et par qui, et qui en profite ou pas.
- Malheureusement, même aujourd’hui, avec ces crises qui nous submergent, de nombreux choix de dépenses persistent à suivre une logique ancienne de gain à court terme, selon laquelle le gagnant remporte souvent toute la mise. C’est perdre la réalité de vue. Car en fait, nous réduisons les budgets publics au moment où nous avons vraiment besoin d’investir dans la protection et la prévention afin que les populations puissent survivre à la matérialisation des risques. Au final, on répond aux crises sans investir dans le développement pour les juguler. Cette démarche sape les engagements multilatéraux lorsque le coût se mesure en vies humaines et en perte de confiance et de bonne volonté, ce qui exacerbe des préoccupations mondiales déjà aiguës.
- Il n’est point surprenant que des proportions record de personnes se sentent aujourd’hui en insécurité. Ou qu’on atteigne des niveaux jamais égalés de manque de confiance entre les personnes. Cela se produit bien que, globalement, le développement ait progressé dans de nombreuses régions du monde. Nous devons garder à l’esprit tout ce qui a été accompli. Mais aussi, combien de déséquilibres subsistent, provoquant des turbulences qui déstabilisent le monde entier. Alors que les décisions de dépense renforcent ces tendances au lieu de les corriger, les individus sont contraints de faire des choix impossibles ou n’ont pas de choix du tout.
- Je crois que nous pouvons éviter d’autres catastrophes et aplanir notre complexe d’incertitudes avant qu’il ne soit trop tard. Mais nous n’y parviendrons qu’en nous montrant à la hauteur des enjeux actuels et en faisant en sorte que toutes les sources de financement concourent à un développement solidaire et durable qui limite les incertitudes et les risques. Dans près de 100 pays, le PNUD a déjà fait la démonstration de solutions concrètes pour repenser et réorienter des milliards de dollars, aidant ainsi à mettre le développement sur la bonne trajectoire, une fois pour toutes.
Déclencher des transformations systémiques
- Les financements sont essentiels pour le Plan stratégique 2022-2025 du PNUD. Nous nous sommes fixé un objectif ambitieux, mais réalisable : orienter 1 000 milliards de dollars vers le financement de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), des ressources provenant d’États, d’institutions des Nations Unies, d’institutions financières internationales et d’entreprises privées. Cet objectif s’inscrit dans le droit fil d’une évaluation de performance réalisée en 2021, qui nous appelait à jouer un rôle important et stratégique en influant sur les politiques de financement du développement.
- Dans le cadre de notre Plan stratégique « intelligent » face l’avenir, le PNUD offre des compétences de plus en plus sophistiquées et apporte des innovations dans le financement du développement. Et nous avons mis en place une plateforme croissante d’interventions ayant fait leurs preuves et transposables à plus grande échelle. Toutes nos solutions sont adossées à nos principes et à notre rôle d’organisation multilatérale jouissant d’un grand crédit, et appartenant à tous.
- Notre vision est de transformer les choix de financement locaux et mondiaux de sorte qu’ils soient bénéfiques pour les populations et la planète en général, et pas seulement pour quelques personnes ou un certain nombre d’endroits. Nous nous employons à traduire cette vision en réalité en décelant des points de pression qui déclenchent des changements dans les systèmes de financement du développement, publics et privés. Parmi ces points de pression, il y a ceux qui impulsent un passage de la « quête de bénéfices » à des « bénéfices avec intention ».
- Ces changements peuvent permettre de mieux aligner le financement du développement sur les demandes nationales, de démêler de multiples sources de risque et d’incertitude, et de maîtriser le jeu des dynamiques locales et mondiales. Comment ? Je m’en vais vous décrire quatre façons dont le PNUD collabore avec les pays et la communauté internationale pour trouver les moyens d’aller de l’avant.
Rendre les financements efficaces pour les populations et la planète
- À l’heure actuelle, la raison d’être des cadres de financement nationaux intégrés est plus claire que jamais. Ces cadres organisent toutes les sources de financement du développement afin qu’elles agissent ensemble pour limiter les risques, combler les lacunes et réaliser les ODD. Surtout, ils exigent des individus prenant des décisions relatives aux financements, qu’ils adoptent de nouvelles méthodes de collaboration. Les agents du ministère des Finances travaillent en coordination avec des représentants d’autres organes de l’Administration publique, du monde des affaires, de la société civile, des institutions financières internationales et des Nations Unies. Cette approche permet de renforcer les capacités institutionnelles et d’améliorer la qualité de la gouvernance grâce à une meilleure planification, et une gestion améliorée.
- Le PNUD collabore désormais avec 86 pays en développement à la mise en place de ces cadres. Durant la seule année dernière, ils ont recensé 250 réformes à mener sans délai. En conséquence, 51 pays ont fait le choix d’aligner les dépenses publiques sur les objectifs nationaux de développement durable, à l’instar du Guatemala, qui investit dans une campagne nationale de nutrition à grande échelle. Trente-quatre pays prennent des mesures portant sur des titres de créance alignés sur les ODD, ce qui leur permet de lever de nouveaux capitaux ou de restructurer leur dette existante. Vingt-trois pays ont entrepris de réformer le recouvrement des recettes intérieures. Le Kirghizistan a relié des incitations fiscales représentant environ 5 pour cent du produit intérieur brut (PIB) à ses objectifs.
- Vingt-cinq pays mènent des réformes touchant les banques commerciales, les marchés de capitaux, les assurances, la technologie financière et la finance numérique, et le financement des petites entreprises. Le Bangladesh, par exemple, a évalué la possibilité d’un financement numérique des ODD et a créé une plateforme qui met en relation les investisseurs et les entreprises. Vingt-sept pays font des avancées sur les financements mixtes, à l’exemple de la Mongolie et de son projet de loi qui renforce les financements privés dans le cadre des partenariats public-privé.
- Ces cadres s’appuient sur la collaboration entre plus de 17 entités des Nations Unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne, sous la direction politique des Coordonnateurs résidents au niveau des pays. Ils sont pilotés par les ministères des Finances et, dans certains cas, par les bureaux des chefs d’État ou de gouvernement.
- Le PNUD collabore également activement avec des entités des Nations Unies et des partenaires clés pour faire avancer la Feuille de route du Secrétaire général pour le financement du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Dans le cadre de ces efforts, le PNUD aide à aligner au moins 500 milliards de dollars de financements publics sur les ODD dans 80 pays, au moyen d’outils tels que la nomenclature budgétaire des ODD. Ces mesures ont amélioré la transparence, consolidé les liens entre les dépenses et les priorités des ODD, et renforcé le contrôle parlementaire. Aux Philippines, le gouvernement peut désormais procéder à un marquage budgétaire des ODD pour suivre et contrôler les dépenses consacrées aux objectifs mondiaux.
- Dans la région des États arabes, le PNUD s’est associé à la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie de l’Ouest et à l’UNICEF pour produire des analyses de pointe basées sur un indicateur novateur de l’alignement des dépenses sociales sur les ODD. Un nouveau rapport propose quelques-uns des premiers éléments concrets faisant état d’un sous-investissement frappant dans des domaines tels que l’égalité de genre et d’inefficacités dans d’autres, comme les subventions aux combustibles fossiles. Ces constats ouvrent la voie à des dépenses plus intelligentes qui peuvent ne pas signifier plus d’argent, mais plutôt une allocation judicieuse des ressources financières.
- Alors que les pouvoirs publics du monde entier ont dû opérer des choix budgétaires difficiles en période de ralentissement économique, le PNUD a récemment mobilisé en temps réel des données probantes et quantifiables qui démontrent l’intérêt de l’utilisation de transferts monétaires ciblés pour amortir les chocs par rapport à d’autres solutions telles que les subventions globales à l’énergie. Nous avons documenté le fait que la moitié des avantages que procurent les subventions aux combustibles fossiles, qui devraient dépasser 605 milliards de dollars en 2022, ira à 20 pour cent de la population — sa fraction la plus aisée, quand bien même les émissions de carbone continueraient d’augmenter. En investissant les mêmes sommes dans des transferts monétaires ciblés, on peut réduire la pauvreté, les inégalités et les risques climatiques. Voilà, Mesdames et Messieurs, un exemple de choix non seulement « bienfaiteur » mais aussi « intelligent ».
- À l’échelle mondiale, deux forums de premier plan sur les questions financières et économiques, le G20 et l’APEC (Association de coopération économique Asie-Pacifique), ont chargé le PNUD d’aider à élaborer des feuilles de route pour des financements durables. Ces mesures encadrent les efforts actuels et futurs de 29 grandes économies pour accélérer les choix de mesures publiques financières, budgétaires et économiques dans le droit fil des ODD.
- En Amérique latine, le PNUD a intégré les principes de financement durable adoptés par le G20 dans la collaboration avec plusieurs banques multilatérales de développement, la commission économique régionale, les institutions sœurs des Nations Unies et un forum des ministres de l’Environnement pour élaborer des taxonomies du financement durable. Ces acteurs classent les activités industrielles de manière à ce que les décideurs politiques puissent voir les flux et stocks de capitaux à travers le prisme de l’impact social et environnemental. Ce faisant, ils parviennent à mieux cerner les risques potentiels, la manière de les maîtriser, ainsi que les trajectoires à suivre pour parvenir plus rapidement au développement durable.
Inscrire notre démarche dans une perspective à plus long-terme avant qu’il ne soit trop tard
- Les choix de financement doivent répondre aux besoins qui se posent maintenant, sans pour autant tricher avec l’avenir. Nous ne devrions pas cesser d’investir dans l’action climatique, par exemple, ou dans les services de santé et d’éducation qui détermineront le bien-être des générations futures.
- Pour mieux gérer le lien entre le court et le long terme, le PNUD aide un nombre croissant de pays à utiliser des cadres de financement nationaux intégrés pour diriger les investissements vers leurs plans nationaux d’action climatique, ou CDN. Le Gabon, par exemple, soutient la transition d’une économie brune basée sur les industries extractives à un modèle économique plus vert grâce à son cadre de financement. Ce n’est pas une voie facile à suivre pour un pays qui doit sa forte croissance économique passée à la production pétrolière. En fait, c’est un choix courageux. Le Gabon est en train de mettre en place une taxe verte, prélevée notamment sur le carbone et l’utilisation de technologies à forte intensité énergétique, ainsi que des incitations à des investissements verts et des instruments de financement verts, tels que les obligations environnementales et sociales.
- Principale offre mondiale d’appui aux CDN, l'initiative « Climate Promise » du PNUD a constaté que le principal obstacle à la mise en œuvre est le financement. Les pays en développement ne devraient pas avoir à faire les bons choix sur un enjeu aussi important pour le monde — et ne pas être ensuite en mesure de les financer. Le PNUD collabore avec 87 pays pour trouver des ressources, même s’il reste impératif que les pays donateurs s’acquittent de leurs engagements internationaux sur le financement de l’action climatique. Ce qui peut être fait dans l’immédiat pour accroître l’investissement serait de montrer les aspects les plus prometteurs des CDN.
- Les solutions déjà en cours de mise en œuvre incluent la collaboration entre le PNUD et l’Indonésie sur la préparation du Cadre budgétaire pour le changement climatique de ce pays, avec une réserve de projets publics financés par des sukuks verts, une sorte d’obligation islamique. Des études détaillées sur les taxes et incitations environnementales sous-tendent les initiatives prises pour mobiliser d’autres sources de financement. L’Indonésie procède par ailleurs à la mise en place d’un système de marquage climatique du budget pour contrôler l’alignement des dépenses sur les objectifs climatiques. Au Chili, le marquage climatique du budget et l’analyse coûts-avantages liée au climat sont désormais obligatoires pour toutes les entités publiques ayant des comptes à rendre au titre de loi de finances du pays.
- En 2021, le Fonds vert pour le climat (FVC) a relevé le niveau d’accréditation du PNUD. Nous avons collaboré avec des pays dans le cadre de 95 initiatives d’une valeur de près de 240 millions de dollars. Un projet en Égypte, par exemple, a permis de mobiliser 31,4 millions de dollars auprès du FVC et de mettre en place des systèmes nationaux de protection du littoral pour prévenir les inondations dans le delta du Nil. Ces mesures permettront de protéger près de 800 000 personnes le long de la côte et 18 millions autres dans les communautés de l’intérieur du pays. Avec 25 millions de dollars du FVC et un cofinancement public de 15 millions de dollars, le Soudan poursuit ses plans d’adaptation établis au titre de sa CDN en vue d’améliorer les systèmes d’alerte précoce et de protéger les agriculteurs et les populations nomades de la sécheresse. Les avantages procurés, qui incluent des approvisionnements alimentaires et des moyens d’existence devenus plus sûrs, bénéficieront à 1,2 million d’habitants dans neuf États.
- Dans son nouveau Plan stratégique, le PNUD a formulé la vision d’élargir l’accès à des énergies propres à 500 millions de personnes. En collaboration avec l'initiative pour les obligations climat (Climate Bonds Initiative) et le Fonds pour l’environnement mondial, nous avons mobilisé le meilleur savoir-faire actuel en matière d’agrégation financière, une forme de financement accéléré pour les projets d’énergie renouvelable de petite envergure dans les pays en développement. Le caractère prometteur de cet instrument était bien connu, mais le PNUD a mené un processus pour définir exactement la manière dont les pays en développement peuvent maîtriser ses complexités et le faire fonctionner selon leurs conditions.
- À l’échelle mondiale, dans le cadre de projets de financements verticaux, le PNUD a aidé jusqu’ici 58 pays à mobiliser 318 millions de dollars de financements sous forme de dons pour l’installation ou la remise en état de sources d’énergies renouvelables ou à faible émission représentant plus de 8 000 mégawatts, en améliorant l’accès et le rendement énergétique. Nous avons accompagné l’Uruguay qui a atteint une proportion appréciable de 97 pour cent d’énergies renouvelables dans sa production d’électricité. Ce processus a commencé par un investissement initial du Fonds pour l’environnement mondial dans un programme d’énergie éolienne du PNUD. En dix ans, ce processus a drainé 2 milliards de dollars en provenance d’investissements privés et a permis la création de 4 400 emplois verts. Le PNUD accompagne maintenant l’Uruguay dans sa transition vers la mobilité électronique grâce à une réorientation intelligente des subventions, où des fonds autrefois affectés au diesel sont désormais utilisés plutôt pour combler le déficit de coût entre bus électriques et les bus roulant au diesel.
Protéger contre les risques et prévenir l’insécurité
- Mesdames et Messieurs, l’investissement dans la protection contre les risques est le seul moyen de sortir du creusement des inégalités et de l’insécurité grandissante. Nous savons que ces investissements sont rémunérateurs. Par exemple, une augmentation de 1 pour cent du taux de pénétration de l’assurance peut réduire de 22 pour cent le fardeau fiscal associé au relèvement après une catastrophe. Les pays en développement qui ont investi dans la réduction des risques de catastrophes ont enregistré une réduction spectaculaire du nombre de décès, un bénéfice qui n’a pas de prix. Une protection sociale intégrale procure des gains économiques, crée de nouveaux emplois, génère davantage de recettes fiscales, réduit la pauvreté et lève les obstacles à l’emploi féminin. Pourtant, la moitié de le la population mondiale ne bénéficie pas de cette protection et un cinquième ne dispose que d’une couverture partielle.
- La pandémie a eu un effet remarquable en ce qu’elle a permis de débloquer rapidement des investissements de grande ampleur en faveur de la protection sociale. Elle est devenue un test en temps réel d’innovations réalisables et abordables, telles que les registres numériques, qui étaient impulsées par le PNUD dans de nombreux pays. Surfant sur cette dynamique, le PNUD, en collaboration avec l’Organisation internationale du Travail, aide 88 pays à concevoir des systèmes de protection sociale et à investir dans l’amélioration de ces derniers. En Afrique du Sud, pays qui dispose d’un système relativement solide qui toutefois ne couvre pas encore la majorité des travailleurs du secteur informel, le PNUD innove en proposant de nouveaux modèles pour atteindre cette catégorie de travailleurs. Au Cambodge, nous avons fourni des conseils aux autorités publiques sur un programme de transferts monétaires qui apportait une aide vitale à 700 000 ménages pauvres et vulnérables pendant la pandémie. Pour guider les investissements futurs, nous avons également procédé à des modélisations macroéconomiques qui ont montré que le programme a stimulé la croissance du PIB d’un demi-point en 2020 et 2021, tout en réduisant à la fois la pauvreté et le chômage. Le ministère de l’Économie et des Finances du Cambodge a indiqué que ces données « cristallisaient le rôle de l’aide sociale ».
- À l’échelle mondiale, le PNUD est un chef de file en matière d’assurance contre les risques pour les personnes qui en sont dépourvues, et qui en souffrent. Notre Mécanisme de facilité de financement de l’assurance et des risques fait appel à un partenariat public-privé unique avec le Forum pour le développement de l’assurance (« Insurance Development Forum »), le Gouvernement allemand et 10 des plus grandes compagnies d’assurance au monde. Il est déjà opérationnel en Algérie, au Mexique, en Colombie, au Ghana, en Inde, en Indonésie, en Ouganda, en Ouzbékistan et en Tanzanie, et devrait couvrir plus de 50 pays en développement et protéger 500 millions de personnes pauvres et vulnérables d’ici à 2025.
- Le mécanisme est en train de mettre au point de nouveaux produits d’assurance répondant à des demandes diverses dans différents pays en développement. Surtout, il contribue aussi à la mise en place de systèmes pour placer le financement de l’assurance et des risques au cœur de la planification du développement, notamment par son intégration dans les stratégies nationales relatives au développement et au climat. Au Ghana, par exemple, le PNUD travaille avec les membres de l’IDF, d’Allianz et de Swiss Re à la mise au point de solutions d’assurance qui offrent rapidement des indemnités aux habitants pauvres touchés par des inondations. Nous renforçons également les capacités d’intervention en cas de catastrophe en améliorant les données, l’analyse des risques et les protocoles d’urgence.
- Nous devons certaines des protections les plus profondes et les plus durables contre les risques à des investissements dans un développement qui anticipe et coupe les racines de l’insécurité. C’est la raison pour laquelle Fidji a adopté l’année dernière une législation révolutionnaire qui exige de prendre en compte et de traiter les risques liés au climat et aux catastrophes dans toutes les propositions budgétaires, en adaptant efficacement l’ensemble de l’architecture des finances publiques au risque. Le PNUD a soutenu ce processus, conscient que les projets climatiques ponctuels menés dans un petit État insulaire en développement s’apparentent à « évacuer de l’eau d’un canot plein de trous ». Nous testons également la façon dont les mesures de protection contre les risques fonctionnent dans la pratique, au niveau local, en fournissant des fonds aux municipalités pour couvrir les coûts supplémentaires d’initiatives telles que la mise sous terre de lignes électriques. L’objectif plus large est de passer d’une culture de réaction à une culture de prévention. En substance, Fidji montre une voie que le monde entier devrait suivre.
- Le PNUD a été partisan de l’intérêt que représentent les outils numériques, dont le rapport coût-efficacité augmente, pour le développement, ainsi que des écosystèmes d’innovation qui les inspirent et les dirigent. L’agriculture de précision en est un exemple. Elle combine plusieurs flux de données, provenant de téléphones portables, de drones, de l’Internet des objets, etc., afin d’aider les agriculteurs à prendre des décisions plus éclairées concernant ce qu’il faut planter et où le planter. Au Nigéria, où l’urbanisation et la croissance démographique croisent l’insécurité alimentaire et le changement climatique, une jeune innovatrice a utilisé ces techniques pour aider les agriculteurs à accroître les rendements de 20 pour cent et à réduire les déchets de 38 pour cent. Le Centre mondial pour la technologie, l’innovation et le développement durable du PNUD à Singapour a mis en avant cette pratique prometteuse pour fournir des financements catalytiques et des orientations pour son application à plus grande échelle. Apportant la preuve de l’efficacité de la coopération Sud-Sud, l’initiative a maintenant été élargie au Kenya, couvrant plus de 1 000 agriculteurs.
Investir dans le développement pour résoudre et prévenir les crises
- Le fait de passer d’une crise à une autre sans s’attaquer aux causes profondes, du point de vue du développement, ne saurait répondre à l’ampleur des crises qui touchent le monde aujourd’hui ou aux défis que pose le complexe des incertitudes mondiales. Pourquoi continuons-nous donc d’investir d’une manière qui laisse penser que ce serait possible ? Mesdames et Messieurs, nous avons fait de nombreux choix de financement mal avisés concernant les crises, même aujourd’hui, malgré les nombreuses données probantes qui appelaient à procéder autrement. Près de 1,2 milliard de personnes vivent dans des zones touchées par des conflits. Loin d’être un fait de hasard, le développement humain mondial a reculé pour la première fois depuis 1990. Personne n’est à l’abri des crises — le conflit en Ukraine a rendu au moins 74 pays vulnérables à la hausse des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des engrais.
- On observe un détachement et un repli sur soi dans de nombreuses parties du monde, une illusion dangereuse. Les décisions d’augmenter les dépenses militaires et de désinvestir dans le développement, par exemple, n’auront pour effet que de créer une communauté mondiale plus fragmentée qui sera plus pauvre, moins innovante et plus sujette aux conflits. Les crises et l’insécurité étant contagieuses, on voit mal comment il sera possible de faire valoir l’intérêt national, où que ce soit, en ralentissant les progrès vers la réduction de la pauvreté dans le monde. Le développement est à la fois la seule solution durable aux crises et le meilleur moyen de les prévenir.
- À l’heure actuelle, la prévention de nouvelles crises dépend en grande partie de la prise de mesures pour assurer une reprise économique mondiale équitable et inclusive qui inverse la tendance au ralentissement de la croissance et à l’inflation. Les pays confrontés au resserrement des conditions budgétaires et à l’augmentation des coûts d’emprunt, ainsi qu’à l’accroissement des risques climatiques, ont besoin d’un traitement particulier, raison pour laquelle le récent rapport du PNUD sur le coût de la vie préconise un moratoire sur la dette. Une fois qu’une crise survient, il va de soi qu’une action humanitaire rapide sauve des vies et témoigne de la solidarité humaine. Mais cette action ne devrait pas être considérée comme une solution unique ou permanente face à la fragilité humaine.
- De l’Afghanistan au Sahel, le PNUD a montré l’impératif et l’efficacité concrète des investissements pour le développement dans un contexte marqué par les conséquences désastreuses des crises. En Ukraine, dans le cadre de l’équipe des Nations Unies, nous avons contribué à assurer la complémentarité entre l’action humanitaire, les interventions de développement et en faveur de la paix, et à poursuivre les réponses de développement dès le premier jour afin de préserver les acquis et de préparer le relèvement. Nos investissements en faveur d’une plus large numérisation des services essentiels a permis de sauver et de stabiliser des vies grâce au traitement de plus d’un demi-million de demandes de logement d’urgence et d’indemnités de subsistance. D’autres formes de soutien incluent l’évaluation des dommages causés par la guerre et la coordination des efforts de reconstruction et de relèvement. Le partenariat noué avec les pouvoirs publics permet de s’attaquer à la menace insidieuse que représentent les munitions non explosées, les mines terrestres et des bombes à sous-munitions.
- Le coût de la reconstruction post-guerre de l’Ukraine s’élève à 750 milliards de dollars. La Conférence pour la reconstruction de l’Ukraine tenue le mois dernier à Lugano a commencé à donner forme à un nouveau plan Marshall suivant une approche dont s’est félicité le PNUD, car elle reflète en grande partie l’expérience acquise dans le domaine du développement en situation de crise. En jetant les bases du relèvement économique et social de l’Ukraine, parallèlement à la réponse humanitaire, ce plan vise à préserver les gains durement acquis par le pays en matière de développement. Le relèvement devrait permettre à l’Ukraine de compter sur un avenir vert, juste, inclusif, numérique et durable.
- Mesdames et Messieurs, la fin de la crise est dans notre intérêt commun et devrait être notre objectif commun. Faisons des choix qui apportent une réponse réaliste à l’ensemble de la situation. Nous ne devrions pas suspendre ni retarder les activités de développement et les investissements, mais plutôt les poursuivre directement avec les communautés touchées, rapidement et à grande échelle, de sorte que les populations puissent se relever avec dignité et avoir des moyens d’agir.
Relancer les partenariats pour le financement du développement
- Parmi les premières avancées du PNUD dans le cadre de notre nouveau Plan stratégique, l’une des priorités consiste à approfondir les collaborations susceptibles de réorienter rapidement les choix concernant le financement et les économies de manière plus globale. Nos partenariats avec des institutions de financement du développement, des acteurs nationaux et internationaux et le secteur privé apportent davantage de ressources financières aux pays en développement en fonction de leurs priorités, une plus grande équité aux systèmes pour accéder aux financements, et un meilleur alignement sur le développement durable et la résolution de la question de l’insécurité humaine. L’aide publique au développement joue un rôle central dans la mobilisation des deux types de partenariat et des ressources qu’ils peuvent dégager.
- Les cadres de financement nationaux intégrés soutenus par le PNUD sont déjà devenus un véritable outil de partenariat, la Banque mondiale y intervenant dans 44 pays et le FMI dans 29 pays. Il s’agit là d’une collaboration naturelle et hautement productive. À titre d’exemple, le PNUD apporte son expertise en matière de budgétisation des ODD parallèlement aux connaissances approfondies de la Banque mondiale sur la gestion saine des finances publiques. Cela signifie que les processus budgétaires s’alignent sur les principes de développement durable et sur une comptabilité et un contrôle rigoureux.
- Avec le FMI qui dirige une nouvelle réflexion mondiale sur la structuration des codes fiscaux, les experts du PNUD aident à définir les incitations fiscales qui fonctionnent le mieux pour les ODD. Nous nous appuyons sur des expériences telles que l’Initiative Inspecteurs des impôts sans frontières, un partenariat à plus long terme avec l’Organisation de coopération et de développement économiques qui a permis de dégager 1,6 milliard de dollars supplémentaires d’impôts depuis 2016. Au Nigéria, la collaboration avec le FMI autour du cadre national de financement intégré a permis de resserrer les liens entre les dépenses publiques, les plans fiscaux et la réalisation des ODD.
- Nous commençons également à faire bouger les choses pour les pays en développement aux prises avec le ralentissement économique et des niveaux élevés d’un endettement onéreux. La mobilisation des décideurs nationaux, des entreprises privées et des institutions de financement du développement a permis de mieux comprendre les types de conversions de dette, d’émissions obligataires et autres instruments adaptés aux pays en développement pour soutenir les investissements dans les ODD. En 2021, l’Ouzbékistan est devenu le premier pays de sa région à émettre une obligation souveraine à l’appui des ODD, d’une valeur de 870 millions de dollars. Émise sur la Bourse de Londres, cette obligation a été exécutée par l’État avec l’appui de Banquiers sans frontières (« Bankers Without Boundaries »), une association à but non lucratif d’anciens banquiers d’investissement à laquelle le PNUD a fait appel. Nous avons aidé Cabo Verde à mettre en place la première plateforme de financement durable de l’« économie bleue » au monde et à émettre sa première obligation sociale « groupée » à laquelle ont participé 22 municipalités. La République démocratique populaire lao fait partie de plusieurs pays qui travaillent avec des experts du PNUD pour évaluer les échanges « dette contre nature ».
- Les institutions de financement du développement, les entreprises, les émetteurs d’obligations et les fonds de participation privés ont tous commencé à appliquer les Normes d’impact des ODD établies par le PNUD, les premières et seules normes de gestion mondiales en matière de durabilité. En 2021, la Nouvelle Banque de développement est devenue la première banque multilatérale de développement à appliquer ces normes à une obligation liée aux ODD, d’une valeur de 750 millions de dollars. La plus importante agence de notation japonaise, Rating and Investment Information, Inc., a appliqué ces normes pour évaluer l’alignement des plans municipaux de la ville de Kobe (Japon) sur les ODD.
- J’ai récemment eu le plaisir de me joindre à des dirigeants politiques et d’entreprises au Japon pour lancer le tout premier cours de formation de ce type sur ces normes, une chance pour toutes les entreprises, grandes et petites, d’acquérir des connaissances et des outils qui les associeront à la réalisation des ODD. À l’échelle mondiale, le PNUD est sur le point de lancer un « SDG Impact Seal » (sceau de l’impact sur les ODD) pour valider l’adoption des normes ainsi qu’un cadre d’assurance des ODD pour réaliser des évaluations rigoureuses et indépendantes. Ces deux initiatives empêcheront le verdissement d’image et renforceront la crédibilité des marchés.
- Le PNUD collabore également avec des entreprises pour trouver les meilleurs endroits où investir dans les ODD, des renseignements n’étant disponibles nulle part ailleurs. Notre partenariat avec l’Alliance des investisseurs mondiaux pour le développement durable a contribué à l’élaboration de 26 Cartes d’investisseurs pour les ODD, 15 autres cartes étant en préparation. Ces cartes ont jusqu’à présent mis en évidence plus de 500 possibilités d’investissement alignées sur les objectifs, les priorités gouvernementales et la demande du marché. Des entreprises sont en train de saisir les nouvelles opportunités répertoriées sur ces cartes, à l’exemple de deux entreprises qui ont utilisé des informations sur 22 foyers d’investissement dans les ODD en Colombie pour mobiliser 500 millions de dollars de financements auprès de la plus grande banque d’Amérique latine, Bancolombia.
- Dans le cadre de l'initiative « Climate Promise » du PNUD, 95 pour cent des plans d’action climatique révisés incluent la recherche de collaboration avec le secteur privé. Au Pérou, le PNUD a collaboré avec le Partenariat pour la préparation du marché (« Partnership for Market Readiness ») de la Banque mondiale sur la tarification du carbone. Un système de suivi des mesures d’atténuation a aidé le Pérou à conclure le premier accord mondial de compensation des émissions de carbone en vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris ; plus de 700 entreprises sont désormais enregistrées pour participer à plateforme de ce système baptisée « Carbon Footprint Platform ».
- Le PNUD s’adresse à une nouvelle génération de chefs d’entreprise pour cultiver une nouvelle mentalité qui associe le profit à des principes, notamment en collaborant avec l’université Duke et l’école de commerce de l’Université de Cambridge. Nous avons également montré l’application concrète de cette approche, par exemple dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds d’équipement des Nations pour l’élaboration de nouveaux modèles bancaires dans le Pacifique. Ces modèles promeuvent l’égalité entre les sexes et le respect des femmes comme clientèle de base des institutions financières, et ont permis à environ 1,3 million de femmes d’accéder à des services financiers. Les banques centrales ont intégré, dans les stratégies nationales d’inclusion financière, des objectifs assortis d’échéances pour accroître l’accès des femmes aux services financiers.
Des millions aux milliards grâce à des financements de meilleure qualité
- Mesdames et Messieurs, les résultats que je viens de présenter montrent comment le PNUD provoque des changements dans le financement du développement. Tout ce que nous faisons répond à la demande des pays pour trouver des solutions pragmatiques dans un contexte de crises et de risques, et soutient nos valeurs fondamentales en tant qu’organisation multilatérale engagée en faveur des ODD.
- Dans le même temps, les mesures que nous avons prises sur les budgets, le financement de l’action climatique, la dette et d’autres enjeux encore représentent des milliards de dollars de financements publics et privés. Nous sommes sur le point d’engager des milliards supplémentaires. Je tiens ici à souligner que le PNUD l’a fait en mettant à contribution ses ressources existantes, qui, par intervention, se chiffrent en millions de dollars, et souvent beaucoup moins. Notre retour sur investissement s’est décuplé à brève échéance — et encore plus au fil du temps à mesure que les crises s’estompent et que des sociétés plus justes et développées prennent racine. Le PNUD n’est pas une institution financière internationale. Mais dans l’accomplissement de nos rôles distincts de catalyseur, de conseiller, de mobilisateur, d’accélérateur et d’acteur qui réduit les risques d’investissement, nous pouvons réorienter considérablement les financements publics et privés en faveur du développement durable.
- À maintes reprises, le PNUD a montré qu’il gère les ressources mises à sa disposition d’une manière hautement redevable, responsable et fondée sur des principes. En 2021, nous avons dépensé 4,7 milliards de dollars de ressources programmatiques, soit le niveau le plus élevé au cours de la période couverte par les deux derniers Plans stratégiques. Nous avons encore amélioré notre ratio d’efficacité et géré notre budget de manière équilibrée pour la cinquième année consécutive, et nous sommes restés l’un des organismes des Nations Unies les plus transparents.
- Au cours des premiers mois de notre nouveau Plan stratégique pour un futur intelligent, le PNUD a rapidement progressé dans l’élaboration d’une gestion des risques encore plus sophistiquée. Nous avons simplifié les plateformes numériques pour rationaliser davantage les opérations, qu’il s’agisse des achats, de l’établissement des rapports sur les résultats ou encore de la gestion des donateurs. Nos plateformes établiront une nouvelle norme pour la prise de décision en matière de développement axée sur les données en reliant les données opérationnelles et les données programmatiques, et en générant les informations plus approfondies requises pour gérer la complexité et l’incertitude.
- Notre collaboration renforcée avec le secteur privé repose sur l’innovation et est soutenue par une gestion robuste des risques. Elle fait appel à des approches adaptées aux contextes de fragilité et de crise et à la collaboration avec des catégories d’entreprises spécifiques, telles que les entreprises technologiques et les petites et moyennes entreprises. Nous disposons d’une équipe dédiée qui, en collaboration avec des institutions financières internationales, travaille au renforcement de la souplesse de nos politiques et procédures et à l’amélioration des systèmes de rapportage pour montrer les points de collaboration les plus efficaces. Parallèlement, nous approfondissons notre expertise interne par les soins de notre Académie spécialisée sur le financement des ODD, qui dispense des formations dans les cinq régions sur l’évaluation et la mobilisation de fonds publics et privés pour maximiser l’impact des ODD.
- Dans le cadre du Pacte de financement, comme le montre le rapport qui vous est présenté ce jour, le PNUD a réalisé 94 pour cent de ses propres engagements financiers. Nous restons reconnaissants envers nos nombreux donateurs et partenaires indéfectibles qui rendent nos résultats possibles.
- Les États membres n’ont pourtant concrétisé que 33 pour cent de leurs engagements au titre du Pacte de financement. En 2021, les ressources ordinaires ont chuté de 7 pour cent pour atteindre 12 pour cent du total des financements. Le nombre de contributeurs aux ressources ordinaires a diminué, de même que la part des fonds fournis dans le cadre d’accords pluriannuels permettant d’avoir une certaine prévisibilité. En 2022, nous constatons de nouvelles réductions des financements de base et des choix injustifiables, tels que la réorientation de l’aide des pays pauvres vers la crise des réfugiés dans des pays donateurs. Les fonds destinés à l’aide humanitaire et à l’investissement dans le développement sont insuffisants parce que nous séparons le développement des crises.
- Mesdames et Messieurs, permettez-moi de souligner qu’au-delà des nombreux exemples de résultats à fort impact obtenus par le PNUD sur le plan du financement du développement, dont je vous ai fait part aujourd’hui, nous pouvons également montrer des réalisations de grande envergure similaires pour toutes les solutions particulières de notre Plan stratégique. Cette année, le PNUD assure déjà la fourniture d’emplois et de services à des millions de personnes, propose des solutions durables à des millions de personnes déplacées, continue à déployer des centaines de systèmes de services numériques, et aide les pays en développement de toutes les régions du monde à continuer de mettre l’accent sur les ODD et l’action climatique grâce à la planification nationale et à une gouvernance efficace.
- Toutefois, nous faisons tout cela avec des financements qui restent très fragmentés et s’accompagnent de coûts de transaction élevés. Ces contraintes ne peuvent pas être rationalisées à un moment où les besoins sont criants et les conséquences de l’inaction, radicales. La mauvaise qualité des financements se paie lourdement, en vies humaines, en insécurité généralisée, en perte de confiance et en érosion du patrimoine commun mondial. Il n’y a pas d’exemple plus récent que celui de la République démocratique du Congo. L’un des pays les plus en situation d’insécurité et de sous-développement a ouvert l’une des plus précieuses étendues de forêts tropicales à l’extraction de combustibles fossiles, parce qu’il a désespérément besoin de financements et que les engagements passés n’ont pas été tenus.
- Considérons qu’il s’agit là d’une erreur que nous pouvons réparer maintenant. En toute franchise, nous avons besoin de financements de meilleure qualité, pour les pays en développement, et pour que le PNUD leur prête assistance en sa qualité d’organisme de développement de premier plan au niveau mondial. Des financements de meilleure qualité soutiennent des valeurs et des objectifs universels, et non pas les petits intérêts du moment. Des financements de meilleure qualité répondent à des engagements et scellent des partenariats durables et constructifs, au sein du système des Nations Unies et au-delà. Des financements de meilleure qualité parrainent les compétences de premier plan du monde et les portefeuilles intégrés d’interventions les mieux placés pour garantir à chacun vie dans la dignité, la sécurité et la paix.
- « Financements de meilleure qualité » est un terme simple. Mais il montre la voie à suivre dans un monde complexe, une direction validée par de multiples évaluateurs tels que le MOPAN et le Bureau indépendant d’évaluation, et par beaucoup d’entre vous présents dans cette salle aujourd’hui. Des « financements de meilleure qualité » sont également l’incarnation des principes internationaux convenus inscrits au cœur du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Une chance et un choix pour aller de l’avant
- Mesdames et Messieurs, il pourrait sembler tentant aujourd’hui de se mettre en retrait. Pourtant, avec des millions de personnes qui basculent dans la pauvreté, dans un contexte de conflits, de famine et de maladies, et de vulnérabilités chroniques liées au genre et à d’autres formes de discrimination, le bon sens nous impose d’avancer. Un monde plus affamé, plus pauvre et plus désespéré n’est ni meilleur, ni plus sûr, ni plus juste pour qui que ce soit.
- Ce que nous faisons au PNUD, ce que vous faites dans vos capitales, la manière dont nous travaillons ensemble, tout cela compte. Nous avons dépassé le point où chacun s’occupe de ses problèmes. Un bon nombre de ces problèmes nous sont aujourd’hui communs. Le discours doit correspondre à la réalité. Et les solutions doivent toucher un grand nombre de personnes, rapidement.
- Pour cela, nous avons besoin de dirigeants avisés, de partenariats solides et d’un engagement ferme à utiliser au mieux les ressources dont nous disposons, tant publiques que privées. En travaillant en étroite collaboration, notamment avec et par le biais d’un système des Nations Unies pour le développement solide, nous pouvons évoluer vers un monde marqué par la sécurité humaine et le développement humain, la justice et la confiance, sachant que c’est la seule voie qui profite à tous. Cette vision est aussi au cœur de « Notre Agenda commun » du Secrétaire général et de ses propositions visant à renforcer le multilatéralisme.
- Nous ne pouvons pas retourner à l’ancienne normalité, mais plutôt avancer vers la nouvelle. Ensemble, nous pouvons en faire une meilleure tant que nous en avons encore la possibilité. Et le choix.