Relever les défis spécifiques des pays sans littoral
Supprimer les entraves à un avenir durable
21 février 2024
Pas d’accès à la mer, forte dépendance à l’égard des pays voisins, absence d’infrastructures de qualité et vulnérabilité au changement climatique. Ces obstacles structurels placent plus d’un demi-milliard de personnes habitant les 32 pays en développement sans littoral (PDSL) dans une situation économique désavantageuse par rapport au reste du monde.
Dans les PDSL, 215 millions de personnes vivent avec un accès à l’électricité limité, voire inexistant. La situation est encore pire dans les zones rurales, où plus de 50 % de la population vit sans aucun accès à l’énergie.
Une autre difficulté majeure pour ces pays est la faiblesse de leurs infrastructures. La distance moyenne séparant un pays sans littoral d’un port maritime est de 1 370 km, avec pour conséquences une circulation ralentie des marchandises et un renchérissement des coûts de transport.
On estime qu’il faudrait construire près de 200 000 kilomètres de routes goudronnées et plus de 46 000 kilomètres de voies ferrées dans les PDSL pour atteindre la densité moyenne mondiale d’infrastructures routières et ferroviaires dans ces pays.
La crise mondiale affecte fortement les pays en développement sans littoral. Plus de la moitié des écoles ont été partiellement ou complètement fermées pendant la pandémie de COVID-19, dans des pays où le faible niveau de connectivité limite fortement les possibilités d’apprentissage en ligne.
Seulement 35 % de la population des pays en développement sans littoral peut accéder à internet. Ce nombre est très inférieur à la moyenne mondiale qui est de 66 %.
Même si les flux d’investissement ont augmenté de 6 % en 2022, les financements étrangers en faveur des pays en développement sans littoral restent structurellement faibles, cinq pays recevant plus de 80 % du total de ces investissements.
L’action sur le terrain
Pour libérer le potentiel de développement de ces pays, des investissements sont nécessaires pour intégrer leurs économies dans les marchés mondiaux, construire des infrastructures durables, améliorer l’accès aux énergies renouvelables et accélérer le déploiement des infrastructures numériques. Or, cela ne pourra se faire que dans le cadre de partenariats.
Au Rwanda, 13 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées au transport routier. Dans les zones urbaines, la moto est souvent le principal mode de transport. Dans le cadre d’un partenariat établi avec le PNUD, le gouvernement a lancé le projet Retrofit Electric Motorcycles afin d’accélérer le passage des moteurs thermiques aux moteurs électriques. D’ici 2025, jusqu’à 30 000 motos devraient avoir subi un rétrofit électrique, ce qui aidera le pays à atteindre son objectif de réduction des émissions de CO2, à savoir 4,6 millions de tonnes à l’horizon 2030.
« Le Rwanda est en train de déconstruire l’idée reçue selon laquelle un pays devrait choisir entre développement et croissance verte. Des financements et des politiques judicieusement associés ont fait de nous les pionniers d’une vision du développement sans combustibles fossiles, qui nous permet véritablement de rendre notre système de transport moins polluant. »Maxwell Gomera, Représentant résident du PNUD au Rwanda
Le solaire, source d'opportunités
Durant les deux dernières décennies, des inondations et des coulées de boue à répétition ont touché plus d’un million de personnes au Malawi. Dans un pays où seulement 12 % de la population est raccordée à un réseau électrique, l’accès aux énergies renouvelables pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans la vie de nombreuses familles.
Avec l’aide du gouvernement japonais, le PNUD a équipé 2 000 foyers d’une installation solaire à travers le pays.
« Avant, nous utilisions des bougies et des lampes à pétrole, ce qui était dangereux et coûtait plus cher. Nous avons beaucoup réduit ces dépenses et nous pouvons maintenant utiliser cet argent pour autre chose dans la maison », explique Cecelia Maulana, une mère de 36 ans dont la maison est désormais équipée de panneaux photovoltaïques.
Des usines de biogaz convertissent également des déchets organiques en énergie propre, ce qui permet de remplacer les fourneaux alimentés au bois ou au charbon de bois. Depuis qu’elles ont été installées, les usines ont compensé à elles seules les émissions de 27 voitures.
Au Paraguay, le PNUD a aidé le ministère de l’Industrie et du Commerce à mettre au point une plateforme qui, pour la première fois, offre des informations complètes sur 70 procédures que les investisseurs locaux et nationaux doivent suivre pour créer une entreprise dans le pays.
« Le but est de rendre la gestion transparente, de mettre l’information à la disposition de tous, de décloisonner les services de l’État pour gagner en souplesse dans le processus et d’inviter les entrepreneurs à utiliser ce que nous créons pour eux. »Rodrigo Maluff, vice-ministre de l’Investissement et des Exportations au ministère de l’Industrie et du Commerce
La plateforme propose également des informations dans plusieurs langues, ce qui facilite les affaires avec des investisseurs internationaux.
« L’objectif du portail est non seulement d’offrir des facilités aux personnes qui souhaitent investir au Paraguay, mais aussi de créer des emplois et de l’activité économique, et de positionner le pays dans le monde », explique Silvia Morimoto, Représentante résidente du PNUD au Paraguay.
Le PNUD aide également les pays en développement sans littoral à se lancer dans un processus de transformation numérique, ce qui stimule la croissance économique tout en contribuant aux Objectifs de développement durable.
En Arménie, en Bolivie, au Kirghizstan, en Macédoine du Nord et en Moldavie, le PNUD a mené une évaluation de l’état de préparation au numérique pour aider ces pays à imaginer et mettre en œuvre des services publics inclusifs tirant parti de la technologie.
Et maintenant ?
Inclure dans l’économie mondiale les millions de personnes qui vivent dans les pays en développement sans littoral exige de nouvelles méthodes de travail. Accès à la technologie, financements durables, infrastructures et partenariats sont autant d’éléments indispensables pour connecter au reste du monde ceux qui restent en marge en raison de leur situation géographique.
2024 est une année charnière pour renouveler les engagements pris envers les PDSL. Des dirigeants du monde entier se réuniront à Kigali, au Rwanda, à l’occasion de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral afin d’évaluer les progrès accomplis par rapport au Programme d’action de Vienne adopté en 2014.
En Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique du Sud, le PNUD s’efforce de remédier aux principales difficultés rencontrées par les PDSL pour se développer, de supprimer les entraves à un avenir durable et de stimuler les progrès grâce à des partenariats.
Alors que se rapproche l’échéance des ODD, il devient impératif d’améliorer les échanges et l’intégration régionale dans les pays en développement sans littoral, d’accélérer la transition énergétique et de connecter au monde numérique les personnes qui en sont exclues.