Cela est connu, la pauvreté garde encore un visage féminin ! Les inégalités persistent démontrées par les chiffres. Ces derniers sont criards. Selon l’Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement/ Rapport du Secrétaire général 2019. « Globalement, le risque de vivre dans l’extrême pauvreté est 25 % plus élevé pour les femmes de 25 à 34 ans que pour les hommes ». De même « dans l’ensemble des pays en développement, les femmes pauvres en revenu et vivant dans des zones rurales ou reculées sont exclues de manière disproportionnée de l’accès à des infrastructures qui font gagner du temps et à des services publics de qualité, tels que la santé et l’éducation. Cela a pour effet d’accroître leur pauvreté en temps et leur pauvreté de revenu et d’épuiser leurs capacités. »
Les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale et c’est certainement une raison suffisante pour leur prise en compte entière dans toutes les politiques de développement crédibles et efficientes et inverser les tendances actuelles.
S’il est clair que les femmes continuent d’être fragilisées par des normes sexospécifiques et des inégalités multiformes enracinées dans des discriminations socio-culturelles, économiques et d’accès aux revenus. Elles doivent sans nul doute bénéficier de tous les appuis institutionnels possibles mais partout dans le monde et en Afrique les femmes n’ont pas attendues tous les projets en leur avantage si pertinents soient-ils pour être actives dans leur pleine capacité au sein des communautés dans lesquelles elles vivent.
Selon les chiffres de l’ONU, en moyenne, les femmes représentent 40 % de la population active agricole dans les pays en développement, ce pourcentage oscillant entre 20 % en Amérique Latine et 50 % ou plus dans certaines régions d’Afrique et d’Asie. Ce en dépit des difficultés d’accès à la terre, au bétail et de toutes les contraintes auxquelles elles font face au quotidien.
Dans ce combat pour leur survie et de meilleures conditions de vie, les femmes ne se contentent pas d’être dynamiques à leur propre compte mais impulsent un changement transformationnel somme toute bénéfique aux autres membres de leurs communautés.
Le PNUD a appuyé l’Etat malien à mettre en place des plates-formes multifonctionnelles qui servent selon les zones, non seulement à la transformation agro-alimentaire, mais aussi à l’électrification rurale ou à l’adduction d’eau potable. En moyenne 30 275 personnes ont bénéficié du projet dont 24 220 femmes soit 80% de femmes et 6 055 hommes (20%). 29 250 personnes ont reçu une formation en alphabétisation et gestion dont 23 400 femmes soit 80,0%.
C’est ainsi que dans le village de Coulibalybougou, à 12 km de Sikasso dans le sud du Mali, les femmes ont bénéfice d’une plateforme composée d’une décortiqueuse, un moulin à céréales, un broyeur, un chargeur de batteries, un poste à soudure, un réseau électrique ou un réseau d’adduction d’eau fonctionnant à l’énergie solaire.
Fortes d’un programme d’alphabétisation et de gestion accompagnant le programme, les femmes ont assuré la gestion de la plateforme et allégé le temps de travail de leurs filles désormais soulagées de certaines tâches domestiques et plus disponibles pour les actives scolaires. Elles ont aussi généré des ressources et pris un leadership dans l’accès aux soins de santé en assurant la prise en charge du déplacement des agents de santé présents dans les villages plus grands et éloignés vers le village et assurer une bonne couverture vaccinale dans leur localité tout en gagnant du temps et se consacrer aux activités génératrices de revenus qu’elles ont mises en place. Les femmes de Coulibalybougou ont de toute évidence étendu leur marge en termes de choix et d’action et leur ‘capabilité’.
Cet exemple spécimen d’un village malien est une évidence parmi des millions dans le monde de l’effet multiplicateur des investissements en termes de développement lorsqu’elles intègrent la dimension genre.
Dans son rapport "LE PROGRÈS DES FEMMES DANS LE MONDE 2019-2020" , ONU Femmes (ONU Femmes est l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes) cite le fait que « le contrôle des femmes sur les ressources, outre ses incidences positives sur leur bien-être, leur dignité et leurs droits, est corrélé avec des retombées bénéfiques pour les enfants, plus loin le rapport rappelle allant plus loin que « Du point de vue des politiques publiques, les retombées positives du contrôle des femmes sur les ressources ont été clairement constatées
Les femmes sont des leviers du développement et des partenaires incontournables. En Afrique et ailleurs, elles sont des actrices qui nous conduisent intuitivement, leurs connaissances, leurs expériences et leur résilience vers des approches dont la finalité est la mise en place d’actions visant à transformer les conditions de vie dans leurs communautés.
Auteur : Adam Maiga
Responsable de la communication au PNUD Mali