Préservation de la Biodiversité Marocaine : Un Engagement National Renforcé pour un Avenir Durable

21 octobre 2024
@UNDP Morocco

 

Le Maroc est un véritable carrefour de biodiversité, doté d'une richesse écologique inestimable. Ses écosystèmes variés, s’étendant des sommets majestueux des montagnes de l’Atlas aux vastes littoraux atlantiques et méditerranéens, en passant par les plaines fertiles, les oasis luxuriantes et les étendues arides du Sahara, abritent une incroyable diversité de faune et de flore. Avec plus de 25 597 espèces animales et végétales, dont 2 994 espèces endémiques, le Royaume est reconnu comme un 'hotspot' de biodiversité à l’échelle mondiale.

La biodiversité joue un rôle clé dans la régulation des services écosystémiques, indispensables à la survie et au bien-être de millions de personnes. Chaque composante de cet écosystème complexe contribue à maintenir des services écologiques essentiels qui soutiennent la vie humaine et les activités économiques, tels que la régulation du climat, la purification de l’eau et la pollinisation.

Néanmoins, ce patrimoine naturel devient de plus en plus vulnérable à plusieurs menaces. La surexploitation des écosystèmes, qu’il s’agisse de la déforestation, de la pêche excessive ou de l’agriculture intensive, fragilise des milieux naturels déjà sous pression. À ces pratiques destructrices s’ajoute la pollution des sols, des eaux et de l’air, compromettant la santé des habitats ainsi que celle des espèces qui en dépendent. Le changement climatique, avec son cortège de températures extrêmes, de précipitations irrégulières et d’événements météorologiques violents, accentue encore la vulnérabilité de ces milieux. 

La crise de la biodiversité dépasse largement les enjeux purement environnementaux : elle constitue une menace réelle et immédiate pour la société et l'économie. Lorsque les habitats écologiques se dégradent, ils perdent leur capacité à résister aux chocs climatiques et anthropiques, exposant des millions de personnes, en particulier dans les zones rurales et vulnérables, à des risques accrus pour leurs moyens de subsistance. 

Le Maroc, à l’instar de nombreux autres pays, se trouve à une croisée des chemins. La protection de sa biodiversité n’est plus une option, mais une nécessité pour garantir un avenir durable et résilient pour ses écosystèmes, ses communautés et son économie.

Le Cadre Mondial de la Biodiversité Kunming-Montréal (CMB-KM) : Un plan d’action global

Adopté lors de la COP15, le Cadre Mondial de la Biodiversité Kunming-Montréal (CMB-KM) constitue une réponse urgente et globale à la crise de la biodiversité. Ce plan stratégique vise à stabiliser les tendances actuelles de dégradation des écosystèmes d’ici 2030, avec une vision à long terme de vivre en harmonie avec la nature à l’horizon 2050. Structuré autour de quatre objectifs à l’horizon 2050 et 23 cibles pour 2030, le cadre propose des actions concrètes telles que la conservation des écosystèmes, la restauration des habitats, la promotion de pratiques agricoles durables et la réduction des pollutions.

Le Maroc, engagé à travers la Convention sur la Diversité Biologique (CDB)[1] depuis 1995, aligne ses politiques nationales sur ces objectifs internationaux, tout en tenant compte de ses propres priorités nationales, telles que la lutte contre la désertification et la gestion durable des ressources en eau.

Les initiatives marocaines en matière de biodiversité

Le Maroc a depuis longtemps démontré son engagement pour la préservation de sa biodiversité unique. Dès 2004, le pays a pris une mesure importante en adoptant sa première Stratégie et Plan d'Action National pour la Biodiversité (SPANB). Ce plan visait à identifier les priorités nationales pour la conservation de la biodiversité et à définir des actions concrètes pour protéger ses écosystèmes. En 2015, avec l’appui du PNUD Maroc, la stratégie a été révisée pour s’aligner sur les Objectifs d'Aichi[2]. Cette révision reflétait l'engagement renouvelé du Maroc à intégrer les défis mondiaux de la biodiversité dans ses politiques nationales.

Pour soutenir ces efforts, le Maroc a bénéficié de plusieurs projets internationaux, dont le projet APA I FEM-PNUD (2014-2019), qui a renforcé les connaissances sur le protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation et a jeté les bases d’un cadre juridique pour la gestion durable de la biodiversité. Ce projet a notamment conduit à la préparation d’un projet de cadre réglementaire relatif à l’accès aux ressources génétiques et au partage des avantages (APA), conformément au 3éme objectif de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB). Ce projet de cadre réglementaire revêt une importance capitale, car il vise à encadrer l'utilisation des ressources génétiques tout en garantissant que les communautés locales, souvent gardiennes de ces ressources, bénéficient équitablement des avantages issus de leur exploitation, qu'il s'agisse de la recherche, du commerce ou d'autres formes d'utilisation. Une approche qui permet de renforcer la justice environnementale et assurer une gestion durable des ressources naturelles au Maroc. En février 2022, ces efforts ont abouti à la ratification par le Maroc du Protocole de Nagoya, renforçant ainsi son engagement dans la lutte contre le biopiratage de ses ressources génétiques et promouvant le partage juste et équitable des avantages issus de leur utilisation, afin de soutenir la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité.

Aujourd'hui, le Maroc consolide ces acquis grâce à la deuxième phase du projet APA Nagoya II, en partenariat avec le PNUD. Ce projet a pour objectif de renforcer et de rendre opérationnel le cadre juridique et institutionnel national relatif à l’APA, y compris par le développement de produits pilotes et de chaînes de valeurs, afin de permettre un accès approprié aux ressources génétiques, en particulier pour les communautés qui en dépendent directement pour leur subsistance.

 

Alignement des objectifs nationaux avec le CMB-KM : Une approche inclusive

Pour s'assurer que les objectifs nationaux en matière de biodiversité reflètent les réalités locales et les priorités mondiales, le Maroc a organisé une série de consultations inclusives en juillet 2024. Ces focus groupes, réalisés dans le cadre du projet de Soutien aux actions précoces pour le Cadre Mondial de la Biodiversité Kunming-Montréal (CMB-KM), ont réuni un éventail d'acteurs, y compris des ministères, des ONG, des entreprises privées et des scientifiques. Ce processus participatif a permis d'affiner les ambitions nationales et de bâtir un consensus autour des nouveaux objectifs en matière de biodiversité.

L'inclusion des jeunes et des femmes dans ces discussions a été indispensable pour assurer une approche équitable et intergénérationnelle, garantissant que les besoins spécifiques de tous les groupes sont pris en compte dans les politiques de conservation de la biodiversité.

Un engagement renouvelé pour la biodiversité

Les étapes à venir du processus consisteront à finaliser les nouveaux objectifs nationaux de biodiversité et à les intégrer dans la mise à jour de la Stratégie et Plan d'Action National pour la Biodiversité (SPANB). Cette révision est essentielle pour garantir que les priorités du Maroc en matière de conservation soient alignées sur les dernières directives et engagements internationaux. Le PNUD, en tant que partenaire stratégique, continuera à jouer un rôle central en apportant un soutien technique et financier. Cela inclut l’accompagnement dans la conception et la mise en œuvre d'initiatives concrètes de préservation des écosystèmes marocains, souvent menacés par les pressions environnementales et socio-économiques croissantes. 

En parallèle, le PNUD collaborera avec le gouvernement marocain pour l'élaboration du septième rapport national sur l'état de mise en œuvre de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), document essentiel pour évaluer les progrès du pays en matière de conservation de la biodiversité. Aussi, le PNUD appuiera, dans le cadre de son Programme Global BioFin financé par le FEM, le gouvernement du Maroc pour l'élaboration de son plan de financement de la biodiversité dans l’objectif de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre de la Stratégie et Plan d'Action National pour la Biodiversité (SPANB).

Grâce à ce partenariat solide avec le PNUD et d'autres acteurs internationaux, le Maroc se positionne comme un acteur de premier plan dans la protection de la biodiversité. En harmonisant ses priorités nationales avec les objectifs internationaux, le pays affirme son engagement à préserver ses écosystèmes uniques et précieux pour les générations à venir.


 


[1] La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) est un traité international adopté lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, qui vise à promouvoir la conservation de la biodiversité, l'utilisation durable de ses éléments, et le partage équitable des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques.

[2] Les Objectifs d'Aichi pour la biodiversité sont un ensemble de 20 objectifs adoptés en 2010 lors de la COP10 à la Convention sur la diversité biologique (CDB) qui s'est tenue à Nagoya, au Japon, dans la préfecture d’Aichi. Ces objectifs visaient à ralentir et inverser la perte de biodiversité à l’horizon 2020, en prenant en compte la conservation, la gestion durable et l'utilisation équitable des ressources biologiques.

Le Maroc, à l’instar de nombreux autres pays, se trouve à une croisée des chemins. La protection de sa biodiversité n’est plus une option, mais une nécessité pour garantir un avenir durable et résilient pour ses écosystèmes, ses communautés et son économie.