Le Niger a célébré la journée internationale sur l’élimination de la pauvreté en organisant un forum sur la thématique.
18 octobre 2022
Dans le cadre du lancement de plan cadre de coopération PCC du système des Nations Unies au Niger, plusieurs journées internationales ont été commémorées par le gouvernement du Niger en partenariat avec les agences du système des nations unies.
C’est ainsi que le 17 octobre a été célébrée ‘Journée Internationale pour l’Elimination de la pauvreté par l’Institut national de la statistique INS et le programme des nations unies pour le développement PNUD.
Etaient présents les représentants des Ministères sectoriels chargés des questions de pauvreté (Education, santé, hydraulique, environnement, emploi, développement communautaire…), les agences du système des nations unies, les centres de recherche, la société civile, les ONGs et association dont celles des victimes …..
A l’entame du forum, c’est le Représentant Résident Adjoint du PNUD au Niger Monsieur Eloi Kouadio IV qui a pris la parole. Il a indiqué que : « le concept « Ne laisser personne de côté », central au présent forum est l’un des principes fondamentaux accompagnant la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des ODD en tant que promesse de transformation inclusive et durable des Nations.
Cette promesse incarne l’engagement sans réserve pris par tous les Etats membres de l’ONU en vue d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes, de mettre fin à la discrimination et à l’exclusion et de réduire les inégalités et les vulnérabilités qui produisent des laissés-pour-compte et minent le potentiel des individus et de l’humanité dans son ensemble. »
Il a terminé son discours en disant « Nos réflexions sur ces questions fondamentales entourant la problématique de l’extrême pauvreté au Niger permettront d’aboutir à des recommandations opérationnelles qui guideront l’action du Système des Nations Unies au Niger en contribution à l’élimination de ce fléau dans le cadre de la mise en œuvre du son Plan Cadre de Coopération sur la période 2023-2027.
C’est la directrice Générale de l’Institut national de la statistique, Madame Takoubakoye Amini qui a procédé à l’ouverture officiel du forum. Elle a déclaré que le concept « ne laisser personne de côté » au-delà d’une déclaration de charité ou de solidarité, constitue une condition première de l’efficacité des politiques publiques. En effet, le principe d’inclusion sociale qu’il promeut implique la lutte contre les discriminations et les inégalités.
Ce principe se fonde d’une part sur une bonne compréhension des causes profondes de l’extrême pauvreté et d’autre part sur l’identification des personnes les plus pauvres, celles qui sont parfois méconnues des services publics classiques.
La Directrice Générales a aussi fait savoir que le concept « ne laisser personne de côté » veut dire recenser les populations, les classer selon différentes méthodes scientifiques s’appuyant sur des standards qualitatifs et quantitatifs, identifier les personnes exclues et recueillir les perceptions de ces personnes afin de connaitre les vrais déterminants de la pauvreté et des inégalités.
Après la cérémonie d’ouverture, des projections ont été faites aux participants. C’est ainsi que les thématiques suivantes ont fait l’objet de présentation :
• Ne laisser personne de côté, PNUD
• Une présentation sur le profil et les tendances de la pauvreté au Niger (INS)
• Une présentation sur l’emploi et la protection sociale au Niger (Ministère Emploi)
• Le Volontariat : une opportunité face à la problématique de l’emploi des jeunes (Programme VNU)
• Une présentation sur les progrès vers l’atteinte des ODD au Niger (Ministère du Plan)
Un moment déterminant du forum a été la présentation sur la pauvreté. Selon les principaux résultats des Enquêtes réalisées par l’INS, l’incidence nationale de la pauvreté s’est nettement réduite sur la période 2011-2019. Cet indicateur est passé de 48,2% en 2011, à 40,8% en 2018-2019, soit une baisse relative d’environ 7,4 points en 7 ans.
Les inégalités continuent de se creuser comme en témoigne la croissance de l’indice de Gini qui représente la différence attendue de revenus (dépenses de consommation) entre deux individus/ménages choisis au hasard dans la population globale. Ainsi, en 2018, la dépense totale moyenne par tête étant de 25.9016 FCFA et l’indice de Gini de 0,35 la différence des dépenses entre deux individus est d’environ 90.656 FCFA en moyenne (35% de 259.016 FCFA).
Les inégalités se creusent de plus en plus: (i) la part des dépenses des plus pauvres (Q1 à Q3) baisse au profit des plus riches (Q4 et Q5); (ii) la part des dépenses des 20% les plus riches représentent à elle seule presque 46% des dépenses totales en 2018; (iii) 40% de la population concentre 66% des dépenses totales des ménages en 2018. Cette part était de 62% en 2011, ce qui traduit une aggravation des inégalités.
En conclusion, le présentateur note que : (i) les résultats de l’EHCVM 2018/19 ont fait ressortir une baisse de la pauvreté au Niger ; (ii) les politiques mises en œuvre, depuis 2011, par le Gouvernement et les partenaires au développement, ont donc contribué à la baisse de la pauvreté ; (iii) Cependant, le nombre de pauvres continue à augmenter et les inégalités à se creuser ; (iv) Les efforts devraient être poursuivis, pour contribuer à améliorer, davantage, les conditions de vie des populations nigériennes, et à renforcer le développement durable au Niger.
Après la série de présentation, un débat franc a eu lieu entre les parties prenante. C’est ainsi que
A l’issue des présentations, la parole a été donnée aux participants pour fournir leurs contributions au forum. Les intervenants ont ainsi abordé le concept même de développement. Selon leurs points de vue le développement n’est pas une science exacte mais un processus. Nous devons tous y contribuer. Ils ont aussi témoigné qu’un travail formidable a été effectué par le gouvernement et le SNU mais malheureusement le citoyen lambda n’en profite pas. Cependant, il a été déploré que « les projets ont rendu les populations dépendantes, ils n’ont pas été efficaces ».
D’autres interventions ont porté sur la forte prévalence de la pauvreté dans les régions de Maradi et Zinder qui, à elles seules, abritent plus de 50% de la population pauvre au Niger selon les chiffres de l’INS. Les échanges ont également révélé que les facteurs déterminants de la pauvreté sont l’éducation et la taille du ménage. Ainsi, la taille du ménage est importante à Maradi et Zinder. La fonction de pauvreté est croissante avec la taille du ménage mais décroissante avec le niveau d’éducation du chef. Toutefois, selon le représentant de l’INS au forum, des études sont nécessaires pour une meilleure compréhension de la pauvreté.