Alors que le PNUD et le HCR célèbrent 60 ans de partenariat, les déplacements forcés continuent d’être une importante cause de souffrances, 89 millions de personnes ayant été contraintes d’abandonner leurs foyers en 2020.
Les déplacements forcés de populations mettent en péril les progrès accomplis sur le plan du développement
16 juin 2021
La réfugiée Adjida Fauzia ne tarit pas d’éloges pour ses voisins dans un petit village du nord du Cameroun. « Nous ne les remercierons jamais assez pour les sacrifices qu’ils ont consentis », avoue-t-elle.
Fauzia fait partie des 116 000 Nigérians qui ont fui leur patrie ces dernières années pour échapper à une insurrection violente, et des quelque 421 000 réfugiés accueillis par le Cameroun. Elle a traversé la frontière en 2018. Bien qu’ils vivent dans l’une des régions les plus pauvres du pays, les villageois ont accueilli ces personnes que des combats ont contraintes au déplacement et leur ont donné des terres à cultiver côte à côte avec eux.
Le projet de réaffectation des terres a renforcé les liens entre les communautés d’accueil et les réfugiés et a été coordonné avec le soutien du PNUD et du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. C’est exactement le type de projet qui résulte de la collaboration des deux organismes, et celui-ci englobe également la construction d’abris, la formation en agriculture, la création d’emplois, la consolidation de la paix et la médiation. « Nous avons grandi ensemble », fait remarquer Fauzia.
Six décennies de partenariat
Le Cameroun est l’un des plus de 30 pays où le PNUD et le HCR collaborent avec les pouvoirs publics pour faire en sorte que les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et les communautés d’accueil bénéficient tous équitablement des acquis du développement. Dans les situations d’urgence, une intervention humanitaire rapide est essentielle pour sauver des vies. Mais lorsque des personnes déplacées sont privées de liberté de circulation ou n’ont pas accès au marché du travail formel, lorsque leurs enfants et elles-mêmes n’ont pas la possibilité de bénéficier d’une éducation et d’une formation adéquates, c’est le cycle de la dépendance à l’aide et de la pauvreté qui se perpétue. Cela ouvre également la voie à d’éventuels conflits et à plus d’instabilité dans les communautés qui accueillent un nombre élevé de déplacés.
Le PNUD et le HCR travaillent ensemble depuis 60 ans dans des pays et des régions comme l’Afghanistan, les Grands Lacs en Afrique, l’Iran, le Mexique, le Pakistan et la Syrie. En 2020, le nombre total de personnes déplacées dans le monde a atteint 89 millions, soit le nombre le plus élevé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La pression de cibler davantage les interventions et d’être plus connectés et plus efficaces monte au fur et à mesure que les besoins augmentent. Le partenariat a été renforcé en 2017 avec le lancement d’un programme visant à aider les gouvernements à prendre en compte les réfugiés dans leurs plans et programmes relatifs à la gouvernance, à l’état de droit, à l’accès à la justice, à la consolidation de la paix, aux moyens de subsistance et à la préparation.
Vers un changement de paradigme
Le conflit en Syrie a contraint des millions de personnes à fuir leurs foyers et à entreprendre un déplacement souvent périlleux vers l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Liban et la Turquie. Depuis 2015, le PNUD et le HCR ont mené un plan régional de prise en charge des réfugiés de la crise syrienne. Jusqu’ici, ce programme a contribué à apporter une assistance financière à un demi-million de personnes, à aider plus de 44 000 personnes à trouver un emploi et à faire délivrer plus de 76 000 permis de travail à des Syriens en Jordanie.
Sene Abuhammed est l’une des 3,6 millions de réfugiés syriens accueillis par la Turquie. Grâce au PNUD et au HCR, elle a appris à cultiver des légumes et a obtenu un emploi agricole. Elle a récemment pris un terrain en location et a commencé à vendre des légumes. « La Turquie est devenue un foyer pour nous et nous a permis de gagner un revenu », reconnaît-elle.
Ensemble on se soigne, on apprend et on rayonne
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 nous met en garde en ces termes : « les déplacements forcés de populations risquent de réduire à néant une grande partie des progrès accomplis au cours des dernières décennies en matière de développement ». Les crises en Colombie, au Myanmar, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, en Syrie, en Ukraine et au Venezuela ont forcé des millions de personnes à quitter leur foyer. Pour inverser ces tendances, il faudra investir plus, faute de quoi nous serons confrontés à une autre décennie de déplacements nouveaux et prolongés.
Le thème de la Journée mondiale des réfugiés ce 20 juin est « Ensemble on se soigne, on apprend et on rayonne ». Le PNUD et le HCR ont l’intention d’élargir leurs programmes conjoints d’aide humanitaire, de développement et de consolidation de la paix pour les réfugiés, les déplacés internes et les communautés d’accueil à travers le monde. Nous pensons qu’avec un soutien et des mesures appropriés, les personnes déplacées de force peuvent améliorer leur propre bien-être et prospérer tout en apportant une contribution essentielle au développement des communautés qui les accueillent.
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