Dans la commune pilote de Djanet, le CapDeL a soutenu et financé 4 projets associatifs, afin de permettre à la société civile de renforcer ses capacités et contribuer au processus de développement local intégré, inclusif et durable.
Projet « Ibda » : premiers pas dans l’action associative
Pour agir avec efficacité et prendre part en tant qu’acteur de la société civile au développement de sa commune, une association doit avant tout maitriser les connaissances de base de la gouvernance interne de son organisation : gestion administrative et financière, communication, gestion du cycle de projet, vision associative, réseautage avec les autres acteurs du territoire (administration, secteurs, université, …). C’est le travail colossal auquel s’est attelé l’association « Badir » pour le développement humain avec son projet intitulé « Ibda » (Commencez !), qui a formé une douzaine d’associations locales. Et les premiers résultats sont déjà là : « Ces formations qui nous ont été dispensées par « Badir » ont complètement changé notre approche du travail associatif !», nous a confié avec beaucoup d’enthousiasme, Amina, jeune présidente d’une association à Djanet. « Depuis, nous avons renouvelé la composition du bureau de l’association et nous nous réunissons plus souvent pour discuter de projets et d’initiatives avant de les lancer. Nous comptons désormais travailler en étroite collaboration avec les autorités locales et les secteurs dans une démarche intégrée ».
« Assadakan » : le patrimoine comme locomotive du développement local
L’association « Yanboue el Hanane », avec son projet-phare « Assadakan », vise à préserver et à promouvoir le tapis traditionnel targui, comme outil de développement local, tout en appuyant l’autonomisation des jeunes femmes de la région de Djanet, en leur permettant d’accéder à un savoir-faire traditionnel millénaire et en faire une source de revenus durables pour leurs familles.
Depuis son lancement, avec l’appui du CapDeL, 67 jeunes femmes des ksours de Djanet ont été formées au tissage du tapis, tandis que 25 autres ont acquis les techniques de commercialisation grâce à une formatrice mobilisée à partir de la wilaya de Tamanrasset. Les jeunes animatrices de l’association ont fièrement exhibé les produits de leur travail, au sein de l’atelier installé au siège de leur association, à la maison des arts traditionnels de Djanet. Encouragés par les résultats prometteurs et la dynamique créée autour du tapis traditionnel Targui, et grâce à un travail de réseautage avec d’autres associations, des ateliers de proximité ont été mis en œuvre dans les ksours et quartiers de l’immense territoire de la commune de Djanet, afin de donner la chance à plus d’apprenantes d’acquérir un métier. Un partenariat avec le secteur de la formation professionnelle a d’ailleurs permis aux bénéficiaires d’obtenir un diplôme reconnu qui leur facilitera la délivrance d’une carte d’artisane et l’accès aux financements dans le cadre du dispositif d’aide aux micro-entreprises. « Ces formations ont changé notre vie, elles nous permettront d’avoir des revenus, nous sommes optimistes car le tapis Assadakan est demandé partout, même en Libye, au Mali et au Niger », lance en toute confiance la jeune Aicha.
« Trassa II » : renforcer l’autosuffisance en produits agricoles
L’un des grands défis auxquels font face la commune de Djanet et ses 26 000 habitants est celui de la disponibilité des produits agricoles frais à des prix abordables. Sans avoir la prétention d’en assurer l’autosuffisance totale, l’association « Sonae el hayet Djanetna » veut y contribuer avec son ambitieux projet « Trassa 2 » (Oasis, en Targui). Continuité de l’initiative « Trassa 1 », le projet vise à promouvoir le développement économique local à travers le renforcement des capacités des agriculteurs et des jeunes femmes pour la production et la commercialisation de produits maraichers. Initialement dédiée au développement humain, l’association présidée par la dynamique Hadjer Khellaoui, a dû adapter son mandat pour répondre aux besoins du territoire. Elle a ainsi formulé son projet sur 3 volets : la structuration des agriculteurs au sein de coopératives agricoles ; la valorisation des produits agricoles locaux, notamment la datte ; et la création d’un marché mobile et d’une unité de stockage à froid pour leur commercialisation.
Les agriculteurs rencontrés dans leurs parcelles situées sur la route de l’aéroport sont enthousiastes à l’idée de créer une coopérative, après la formation et l’accompagnement dont ils ont bénéficié via le projet « Trassa 2 ». Elle leur permettra d’exploiter mutuellement la chambre froide acquise par le projet pour stocker leur production, en attendant la réception d’un tracteur pour régler la problématique du transport et de la commercialisation de leurs produits, à travers les points de vente mobiles qu’ils comptent créer.
Loin d’être un désert aride, le territoire de la commune de Djanet regorge d’eau et dispose d’un climat exceptionnellement tempéré pour une région saharienne, favorisant l’activité arboricole, l’apiculture et la production maraichère.