Le secteur agricole est l’un des principaux constituants de l’économie burkinabè avec 20,2% de contribution au PIB et occupe au moins 80% de la population (Banque mondiale). Les superficies agricoles exploitées sont de l’ordre de 6 millions d’hectares. Les spéculations pratiquées sont les céréales, les légumineuses, les tubercules, l’arboriculture, le coton et la maraîcher-culture. Malgré l’importance de ce secteur, la production céréalière reste en deçà des besoins de la population ; cette situation oblige le pays à importer des produits alimentaires pour combler le déficit céréalier. Cette insuffisance de la production agricole s’explique en partie par l’utilisation des moyens rudimentaires (dabas, coupe-coupe, faucille, traction animale, etc.) pour effectuer le travail de la terre. La mécanisation reste faible, elle est estimée à 44% (RGA 2006).
Comment alors parvenir à l’auto-suffisance alimentaire ? Beaucoup de modèles de développement agricoles ont été développés par les différents gouvernements du pays depuis l’indépendance (promotion des cultures de rente, installation de producteurs autour des périmètres aménagés, création des structures d’achat et de commercialisation des produits agricoles, subvention des intrants agricoles, mise à disposition de crédits agricoles aux producteurs) jusqu’à nos jours mais malheureusement, les résultats se font toujours attendre. C’est pourquoi, des jeunes burkinabés travaillant dans la technologie digitale et constitués en Start-Up appelé KONODIGITAL (https://www.facebook.com/konodigital), se sont mobilisés à travers une solution innovante utilisant des drones afin de moderniser l’agriculture burkinabè pour l’atteinte de la sécurité alimentaire (Cf. blog du mois de février).
Les drones sont non seulement utilisés pour l’épandage de produits (engrais liquide, produits phytosanitaires), mais aussi pour la prise d’images des sols et des plantes en vue de détecter des zones infestées dans les champs et aussi pour d’autres fins comme le calcul de la biomasse d’une zone donnée.
D’autres opérations dans d’autres secteurs (sécurité humaine, mines et géologie, santé, incendie, etc.) sont également envisageables avec les drones et il suffit de faire la requête auprès des spécialistes de KONODIGITAL qui verront la faisabilité et développer l’application nécessaire à cet effet.
L’utilisation des drones va permettre donc de réduire la pénibilité et le temps de travail des agriculteurs, ce qui leur permettra de gagner du temps supplémentaire et de faire d’autres activités. En outre, la productivité et la production agricole seront accrues avec la précision dans les opérations et l’utilisation des produits de bonne qualité. La santé des producteurs sera améliorée parce qu’ils ne manipuleront plus directement les produits chimiques où les mauvaises pratiques sont légions dans nos localités. Aussi, la santé de la population est améliorée en consommant des produits agricoles de bonne qualité, sans résidus de pesticides dangereux.
Si l’utilisation des drones revêt de multiples avantages, comment assurer son accessibilité aux petits producteurs et sa durabilité ?
Pour développer le service des drones au profit de l’agriculture, KONODIGITAL a lié un partenariat stratégique avec une société coopérative de commercialisation d’intrants de qualité et homologués par les services techniques de l’agriculture au Burkina Faso. La coopérative livre les intrants agricoles à KONODIGITAL pour faire le travail demandé (épandage de pesticides, d’engrais, etc.) par tout producteur. A l’issue du travail effectué, le producteur paie KONODIGITAL qui à son tour verse les ressources financières dues à la coopérative. Cette triangulation Producteur – KONODIGITAL – Société de commercialisation d’intrants permet à chaque acteur de travailler dans la sérénité et d’avoir de bons résultats.
La recherche de la durabilité et de la création d’opportunité de travail, KONODIGITAL s’est engagé à former des pilotes de drones en vue d’avoir une masse critique d’experts dans ce domaine et qui pourront même s’installer à leur propre compte. La formation des pilotes de drones ne se limite pas seulement à l’aspect technologique, on y associe les aspects agricoles et ce en collaboration avec l’Institut de l’Environnement et de la Recherche Agricole (INERA) en vue d’enseigner les aspects agronomiques. A cet effet, une première cohorte de 50 pilotes de drones a été formée au cours de l’année 2020 sur le site OUARMINI à la sortie Sud de la ville de Ouagadougou.
Pour cette année agricole 2020/2021, KONODIGITAL a lié des partenariats avec le Ministère de l’Agriculture et des coopératives de producteurs de bananes et au total, 11 000 hectares ont subi le traitement aux pesticides contre les ravageurs du bananier à l’aide des drones. A cet effet, le laboratoire d’accélération du Burkina Faso envisage aussi une collaboration avec KONODIGITAL en vue d’établir une connexion avec l’expérimentation sur l’agriculture intégrée pour la promotion de la cohésion sociale (https://www.bf.undp.org/content/burkina_faso/fr/home/blog/fourrage_cereales.html).
KONODIGITAl se fixe pour objectif d’être un ‘‘best case mondial’’ et donner la preuve qu’il faut désormais compter avec les solutions africaines, très compétitives y compris dans les technologies de pointe.