Qui aurait pensé que quelque chose d'invisible à l'œil nu aurait autant d’impact autour du globe ?
Le COVID-19 se propage très rapidement ; trop rapidement par rapport au temps qu’il faut pour se convaincre que la seule solution pour le combattre est de rester chez soi.
Je suis actuellement confinée en Italie, travaillant à distance depuis ma chambre. Du matin au soir, je suis l'actualité pour apprendre que, malgré des mesures drastiques, les chiffres ne sont toujours pas en baisse. Nous ne savons même pas si le pic de l'épidémie est arrivé ou non.
Je suis aussi ce que traverse l'Espagne et la France en ce moment avec un fort sentiment de déjà-vu. Au début, la vie suit son cours avec ceux qui, à tort, se disent que "ce n'est que la grippe, ça passera". Ensuite, le nombre d'infections augmente, les hôpitaux débordent et les victimes s’accumulent, et finalement, la crise est prise au sérieux
Il est entré dans nos vies
Je ressasse cette idée qu’une chose minuscule et invisible nous a arrêté net. Le virus est entré dans nos vies, notre intimité, notre identité; il nous a ôté nos échanges, nos réconforts et nous a isolés. C’est un silence surréaliste qui s’est installé tant personne ne sait exactement ce que la suite prépare.
Je viens d'une petite ville de Calabre, une belle région du sud de l'Italie, où de nombreuses personnes viennent d’habitude se marier. Mais tout s'est arrêté : les mariages sont annulés pour les mois de mars et d’avril, et les hôtels, magasins et bars sont fermés.
L'Italie est un pays fait de petites entreprises familiales, ce qui a toujours été et sera toujours notre force. Mais dès qu'une entreprise s'arrête, c’est le revenu de toute une famille qui disparait. Tel le virus, cette incertitude finit par contaminer toute la chaine de fournisseurs et paralyser l’économie.
Notre gouvernement a pris les premières mesures pour aider ces petites entreprises, telles que la garantie de prêts, la restructuration temporaire des emplois et le retard de paiement des impôts. Il s’agira ensuite de relancer l'image de notre pays, de laquelle dépend notre tourisme et nos exportations.
Les plus vulnérables sont en première ligne
Depuis mon bureau, mon esprit s’envole vers l'Amérique latine et les Caraïbes où je travaille depuis plus de 13 ans. Là, j’imagine la façon dont nous pouvons aider les plus vulnérables à sortir de cette crise. Les systèmes nationaux de santé publique n'ont pas forcément les capacités de faire face à la pandémie et les familles devront être épaulées tant le coût des soins médicaux pourrait les faire retomber dans la pauvreté. Il faut aussi s’attendre à ce que de nombreux travailleurs perdent leur emploi. Enfin, avec des enfants non scolarisés, la pression au foyer sur les femmes ne fera qu’empirer.
Cette crise qui n'a pas de frontières met en évidence les faiblesses structurelles de certains pays. Ceux n’ayant pas travaillé à diminuer les inégalités seront confrontés à des décisions difficiles, avec des ressources très limitées pour prendre en charge les plus vulnérables.
Le rétablissement après-crise sera un défi global. Comme pour les attaques terroristes du 11 septembre 2001, le CODIV-19 changera notre façon de voir le monde. C’est après avoir été confinés pendant plusieurs jours que nous réalisons à quel point nous sommes vulnérables et interconnectés. C’est à ce moment-ci que nous prenons conscience de la valeur de services publics accessibles à tous. Et c’est là aussi que comprenons la nécessité d’un système fiscal efficace pouvant subvenir aux besoins de tous ces médecins, infirmières, membres de la protection civile et politiciens dans leur course contre la montre pour sauver des vies et en garantir notre droit vital à la santé et au bien-être.