Bien qu’elle engendre des souffrances incommensurables, COVID-19 a au moins l’avantage de déclencher une action globale de la part des institutions et des personnes désireuses d'aider.
Lancé le 19 mars, l’appel à la solidarité du Secrétaire général des Nations Unies, se compose de trois volets : s'attaquer à l'urgence sanitaire ; se concentrer sur l'impact social dans la réponse et le relèvement ; et aider les pays à se rétablir plus durablement à long terme.
La finance islamique a la capacité de faire partie de la réponse COVID-19 à travers une gamme d'instruments de financement bien adaptés à chaque étape.
Une assistance d'urgence à court terme
La zakât (qui peut être traduit comme « aumône légale ») peut devenir une composante importante des programmes de soutien d'urgence nationaux et non gouvernementaux. Les donateurs exigent généralement que la Zakât soit décaissée dans l'année suivant le don. Or cette attention particulière sur les avantages immédiats convient bien à la réponse aux crises.
Par ailleurs, les bailleurs de fonds de la Zakât soutiennent à la fois les pauvres et les personnes en situation d'insécurité économique, un domaine où les besoins augmentent pendant la pandémie. Les donateurs contribuent aussi souvent par transferts en espèces, ce qui peut être particulièrement important en cas d'urgence.
La philanthropie individuelle est un outil au potentiel énorme pour soutenir les soins de santé, l’alimentation et d'autres besoins immédiats. De même, la philanthropie d'entreprise peut être un moyen pour les entreprises de contribuer non seulement de l'argent, mais aussi des biens et de l'expertise.
Depuis 2017, le PNUD est partenaire de la BAZNAS, l'agence nationale indonésienne de collecte de Zakât, et depuis 2019, avec le Forum mondial Zakât, qui jette les bases pour que ses membres travaillent avec le PNUD sur l'alignement des Objectifs de développement durable (ODD) dans le monde.
Le partenariat récemment annoncé avec le Centre de développement de l’économie islamique de Dubaï reflète la manière dont le PNUD peut soutenir les entreprises du secteur privé en matière d’impact social, notamment en leur permettant d'aligner leurs activités commerciales et leurs dons avec des ODD spécifiques.
Réponse et relèvement à moyen terme
Le financement d'équipement, de véhicules et d'autres sources de revenus et de financements commerciaux alignés sur les ODD sont des mécanismes grâce auxquels les banques et les institutions financières islamiques peuvent soutenir la reprise. En 2018, le groupe bancaire Al Baraka a lancé une collaboration avec le PNUD visant à aligner plus de 600 millions de dollars américains de son portefeuille de financement sur les ODD au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et en Europe. La pandémie de coronavirus rend ces initiatives d'autant plus urgentes.
L'investissement d'impact, ou l'investissement privé donnant la priorité aux entreprises ayant un impact social, jouera un rôle central dans la reprise post-coronavirus. La Plateforme mondiale de finance islamique et d'investissement d'impact du PNUD, lancée en 2015 en partenariat avec le Groupe de la Banque islamique de développement, apporte une expertise mondiale en investissement d'impact à la finance islamique.
Résilience sur le long terme
Alignés sur les ODD, les Sukuk (équivalents d’obligations) peuvent être aussi une source importante de capitaux à long terme pour les gouvernements et les entreprises engagés dans la réponse et le relèvement après COVID-19. Le « Sukuk Vert » (Green Sukuk) du gouvernement indonésien, comprenant une émission de 1,25 milliard de dollars américains en 2018, est un excellent exemple de la manière dont les émetteurs peuvent s'associer au PNUD pour identifier, suivre et rendre compte de leur impact sur les ODD. Ils assurent une décennie de financement pour le plan national des ODD en Indonésie.
Par le biais de cette initiative, le PNUD a organisé des ateliers et d'autres activités de sensibilisation avec des partenaires en Malaisie, au Pakistan et ailleurs.
Souvent, les dotations en Waqf sont des contributeurs importants à la résilience à long terme. Les actifs financiers ou non financiers tels que les terrains ou les immeubles sont consacrés en permanence à des fins sociales. C’est un moyen de contribuer à une infrastructure sociale au service des ODD et, selon les mots du Secrétaire général des Nations Unies, d'aider les pays à « mieux récupérer » à long terme.
C'est le moment de découvrir de nouvelles façons de lutter contre la dévastation causée par la COVID-19 et d'investir dans le développement durable. La finance islamique dispose des outils pour chaque étape de cette réponse. Le PNUD est prêt à aider les pays et les communautés à débloquer ces partenariats et instruments vitaux pour répondre à la crise.