En partenariat avec l’Accelerator Lab du PNUD, la Banque agricole du Niger (Bagri) a initié  un projet de e-plateforme commerciale dédiée au secteur agricole, qui vise à connecter les producteurs aux fournisseurs d’intrants agroalimentaires et à une clientèle institutionnelle (grossistes,  institutions publiques ou privées…). Permettant de lutter contre la multiplication des interactions physiques dans le contexte COVID-19 tout en assurant le développement des activités commerciales du secteur, il constitue un moyen de formaliser les échanges agricoles au niveau national et de faciliter l’accès des producteurs aux marchés à des prix équilibrés pour sécuriser et booster leur revenu. Le recours à l’outil digital, qui encourage la bancarisation du secteur et la pénétration du numérique sur l’ensemble du territoire nigérien, porte l’opportunité de recueillir en temps réel des données fiables de suivi des évolutions du secteur, permettant de mieux orienter la décision politique et le soutien au développement agricole du Niger.

La Présentation et le lancement officiel de cette plateforme ont eu lieu hier (27/07/2022) à Niamey par la BAGRI et le PNUD en présence de plusieurs invités.

La plateforme propose de mettre en relation de façon dématérialisée l’offre et la demande au sens large des produits céréaliers, pour cette phase pilote, en circulation dans le secteur agricole. Elle aborde à la fois :

1. Les intrants agricoles et zootechniques ;
2. Les produits céréaliers

En entrant sur la plateforme, l’acheteur dispose d’une gamme de produits céréaliers classés par catégorie lui permettant de constituer  un « panier » virtuel en fonction de ses préférences d’achat. La plateforme s’appuie sur un réseau de producteurs et fournisseurs qui communiquent en temps réel les informations sur les quantités disponibles et le prix de vente (fixé à l’avance et affiché). Le mécanisme permet d’encourager l’harmonisation des prix, par le jeu de la mise en concurrence des vendeurs, sur la base de plafonds négociés par la plateforme.

L’acheteur est connecté aux vendeurs qui proposent le produit demandé, sur la base d’un critère de proximité géographique : le vendeur ou les vendeurs le(s) plus proche(s) capable(s) de fournir la quantité demandée seront proposés à l’acheteur, qui effectue son choix (libre arbitre). Le transport des marchandises est à la charge de l’acheteur, qui choisit au moment de la transaction parmi une gamme de solutions négociées par la BAGRI, administrateur de la plateforme.

Un Service client sera mis en place, auprès duquel les acheteurs/vendeurs pourront faire remonter les anomalies rencontrées et bénéficier d’une assurance en cas de non-livraison, de défaut de paiement ou de problème logistique. L’existence de ce service, et sa relation directe à la gestion de la plateforme, constitue déjà une première assurance contre l’aléa moral.

Afin de garantir l’accès à la plateforme des petits producteurs, souvent situés en zones rurales isolées et peu habitués à l’usage d’internet, des relais seront recherchés au niveau micro-local (communes, chefs-lieux de canton). Le mécanisme envisagé est le suivant :

1. Collecte et inventaire des produits de l’agriculture au niveau de centres d’approvisionnement micro-locaux (au niveau des communes ou des chefs-lieux de canton, sur toute l’étendue du territoire national) ;
2. Communication par le relais à l’équipe de la plateforme de l’information sur les quantités disponibles et les prix (harmonisés au niveau du relais), pour centralisation et publication des offres sur la plateforme ;
3. Réception des commandes sur la plateforme et mise en relation des demandes avec les offres ;
4. Collecte des produits au niveau du relais par la solution de transport choisie par l’acheteur – possibilité d’effectuer le paiement au niveau du relais en dernier recours (les solutions de paiement dématérialisé via la plateforme seront privilégiées et encouragées).

Le réseau des Maisons du Paysan, présentes dans environ 165 communes à l’échelle du pays, a été identifié comme possible partenaire qui pourrait servir de relais. Des contacts pourront être pris afin d’étudier leur possible implication.

Le système envisagé propose plusieurs moyens de paiement :

1. Transactions digitalisées entre clients de la Bagri : de compte bancaire à compte bancaire (sans circulation de monnaie) ;
2. Transactions en monnaie virtuelle (hors système Bagri) : Orange Money / Airtel Money ;
3. Transactions en monnaie : la possibilité d’effectuer un paiement à la livraison pourrait être envisagée en complément (à travers, par exemple, le réseau des Maisons du Paysan).

Le coût du transport sera à la charge de l’acheteur, qui pourra donc choisir parmi plusieurs possibilités de transport, en fonction des critères pertinents (charge financière, nature du produit transporté, trajet souhaité, solution propre de transport).

Il est à noter que le présent projet est à une phase test de 6 mois, et concerne quatre communes de la région de Dosso (Yélou, Loga, Falwel et Doutchi).  Il serait progressivement mis à l’échelle sur l’ensemble du territoire national lorsque la phase test s’avèrerait concluante.