La consolidation de la paix dans le Sud : une mission conjointe pour constater les impacts du portefeuille PBF (Peace Building Fund) et renforcer les synergies dans la zone autour du massif de l’Andriry
8 juillet 2022
Une mission de haut niveau conduite conjointement par le Coordonnateur résident du Système des Nations Unies, M. Issa Sanogo, et le Directeur de cabinet militaire de la Primature, le Général de Brigade Ruphin Zafisambo s’est déroulée du 4 au 8 juillet 2022 dans le district de Betroka. Ont fait également fait partie de cette mission les représentants des agences impliquées dans le portefeuille autour de l’Andriry dont les chefs d’agences du Système des Nations Unies (PNUD, OIM, FAO) et le chef du bureau UNFPA de Tuléar, les représentants de partenaires techniques et financiers, dont le projet MIONJO appuyé par la Banque mondiale et la Délégation de l’Union européenne à Madagascar. Les représentants des autorités locales notamment le Chef de District de Betroka, les Maires des communes visitées, les représentants des chefs traditionnels se sont joints à cette délégation pour les diverses visites et rencontres avec les communautés dans les communes et localités de Betroka, Isoanala, Kelivaho et Ivahona.
Cette mission avait pour objectif de :
- Procéder à une revue et une analyse de l’impact de l’intervention du PBF autour du massif de l’Andriry avec les communautés
- Consolider et pérenniser les acquis et impacts : encourager l’identification d’effets catalytiques, synergies et complémentarités, et mobiliser les partenaires pour plus d’impact de l’intervention et sa mise à l’échelle pour une cohésion sociale renforcée et une sécurité améliorée durablement, en réduisant les vulnérabilités.
Soutenir un plaidoyer pour consolider les acquis
La mission visait ainsi en particulier à créer et renforcer des effets catalytiques des interventions dans le massif de l’Andriry, afin de désenclaver cette zone.
En effet, les projets humanitaires, de paix et développement menés avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix sont jusqu’ici déployés autour du massif de l’Andriry, qui reste encore une zone fortement enclavée (il n’y a pas de routes d’accès et très peu de services publics et infrastructures). Ce massif de l’Andriry est connu pour être le refuge des dahalo, et est caractérisé par une forte insécurité. Les efforts doivent être maintenus, car des fragilités subsistent.
Cette mission intervenait dans le contexte de la demande de rééligibilité de Madagascar au financement du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix et une nouvelle intervention des Nations Unies dans la région afin de faire échos à la voix de la population du Sud sur les questions sécuritaires actuelles et soutenir le plaidoyer du gouvernement de Madagascar et des Nations Unies en faveur des populations plus vulnérables dans les zones où le climat sécuritaire reste encore à risque.
Lors de la mission conjointe de haut niveau qui a eu lieu en juillet 2021, des résultats palpables et visibles en matière sécuritaire ont été déjà enregistrés. En effet, suite aux différentes activités menées en focalisant sur le renforcement de capacité des forces de défense et de sécurité, leur rapprochement avec la population locale, les efforts d’amélioration de la gouvernance locale, l’inclusion des jeunes et des femmes dans le processus de paix, le partage de la dividende de la paix, il n’existait plus autant de « zones rouges » dans le Sud de Madagascar que dans le passé.
La mission cerne les enjeux et la portée de la sécurisation de la région à travers le partenariat stratégique entre le Gouvernement de Madagascar, les Nations Unies et les partenaires techniques et financiers et passant par la collaboration étroite entre les Forces de défense et de Sécurité (FDS), les autorités locales, les communautés incluant les jeunes, les femmes et la société civile au niveau local.
Le portefeuille de consolidation de la paix intervient depuis 2018 dans la zone Sud de Madagascar. Il s’aligne en toute cohérence sur le Velirano 1 du Président de la République de Madagascar relatif à la paix et la sécurité, ainsi que sur les engagements du Gouvernement et des de partenaires techniques et financiers pour l’émergence du Grand Sud, constitué par les régions Androy et Anosy. Le Colloque régional sur l’émergence du Grand Sud a mis en exergue les défis prioritaires de ces régions : bien-être social et développement humain, infrastructures de base, sécurité alimentaire, émergence agricole et résilience communautaire, paix et sécurité.
Les interventions des Nations Unies à travers les projets du portefeuille mis en œuvre avec le financement du Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (PBF) convergent vers ces priorités : ils contribuent à répondre à ces défis par l’approche communautaire, l’accès aux services publics, la promotion de la participation des jeunes et le renforcement de capacités des institutions. En partenariat avec le gouvernement et les acteurs locaux, les Nations Unies proposent une approche holistique et intégrée : le portefeuille promeut le nexus humanitaire-développement-paix, pour la cohésion sociale, la sécurité et la stabilisation du Sud, mais aussi le développement des communautés, tout en répondant aux situations d’urgence (sécheresse, kere, COVID-19) pouvant induire des tensions.
Rapprocher les forces de défense et de sécurité à la population : Le poste avancé de Kelivaho devient une brigade
Lors de cette mission, l’inauguration d’un poste avancé érigé en brigade à Kelivaho a été menée sous le leadership du Coordonnateur Général des Actions Stratégiques (COGAS), le Général de Division Christian Rakotobe, le Général de Division Jeannot Reribake, premier adjoint au Commandant de la Gendarmerie ainsi que le Général de Brigade Nixor Tsitambala, Commandant de circonscription régionale de Tuléar et les chefs traditionnels locaux. La mise en place de cette infrastructure illustre l’un des volets importants des interventions appuyées par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix : le renforcement des institutions, à travers la construction et l’équipement de postes avancés, les formations des éléments des FDS, la dotation en matériel et équipements, dont du matériel roulant pour faciliter le déploiement dans les zones difficilement accessibles.
« Cette nouvelle infrastructure sera optimisée pour le rapprochement des gendarmes avec les communautés » déclare le Général de Division Christian Rakotobe, Coordonnateur Général des Actions Stratégiques (COGAS) auprès du Sécrétariat d’État en charge de la Gendarmerie lors de l’inauguration de la Brigade et la prise de fonction officielle des 16 éléments qui seront au service des communautés locales.
La sécurité de proximité basée sur davantage de collaboration et la confiance entre FDS et communautés est désormais privilégiée par la gendarmerie dans son approche, qui s’accorde avec l’approche communautaire du portefeuille PBF qui favorise le dialogue communautaire et l’inclusion.
Les communautés sont aussi des acteurs clés : dialogues communautaires, rituels de paix Titiky, activités de rapprochement entre FDS et jeunes-communautés, permettent de renforcer la cohésion sociale et de recréer du dialogue pour prévenir et résoudre les conflits. Enfin, les communautés ont été impliquées dans l’élaboration et la mise en œuvre de plans de paix pour des projets d’amélioration de la sécurité. 200 lampadaires ont été installés dans des communes rurales, comme à Kelivaho et Isoanala. La délégation va ainsi rencontrer et échanger avec ces communautés, pour en savoir plus sur les impacts des interventions, comprendre leurs besoins et identifier les prochaines interventions.
Les jeunes, engagés dans le processus de consolidation de la paix
Les jeunes constituent également des partenaires pour la paix durable dans cette région. Leur engagement et leur participation dans les dialogues communautaires, les structures locales de concertation et les groupements et comités de vigilance, sont indispensables. La Maison des Associations a ouvert officiellement ses portes lors de cette mission de haut niveau. La cérémonie d’inauguration de l’infrastructure a été présidée le Secrétaire Général du Ministère de la Jeunesse et des Sports et le Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies. La création des réseaux et d’associations de jeunes répond aux besoins de ces jeunes de structurer, de se mobiliser et de faire entendre leurs voix, en mettant en avant des initiatives et activités qui leur tiennent à cœur, par des moyens comme l’art populaire, le sport, les échanges.
« La paix ne peut se faire sans les jeunes. Cet espace qui leur est dédié et qu’ils gèrent leur donne une place et les responsabilise » soutient le Coordonnateur Résident du SNU Issa Sanogo.
Le Secrétaire Genéral du Ministère de la Jeunesse Lovatiako Ralaivao a saisi cette occasion pour annoncer à la délégation le pré-lancement du programme national Fanoitra dans la Commune de Betroka. Construisant sur le terreau fertile des jeunes de Betroka, la sécurité améliorée et la cohésion sociale renforcée par le portefeuille du PBF, le programme Fanoitra ambitionne de renforcer l’autonomisation des jeunes pour une plus résilience améliorée.
Le portefeuille de consolidation de la paix soutenu par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix à Madagascar favorise les collaborations entre les acteurs clés, crée des opportunités de synergies et effets catalytiques, et comble les gaps grâce aux interventions « delivering as one » des agences du Système des Nations Unies qui conjuguent leurs forces et expertises pour ne laisser personne de côté. Cette mission conjointe vise à créer et de développer des complémentarités et synergies, et donc des effets catalytiques, pour accroître la durabilité, avec des interventions de développement de la Banque mondiale et de l’Union européenne sur socle PBF.
Cette mission porte les germes des futures interventions dans la zone, qui vont contribuer à plus de résilience des communautés et des catégories vulnérables, et à la réalisation des objectifs de développement durable. La dynamisation d’un groupe de contact et de concertation pour la suite des engagements multilatéraux dans le massif de l’Andriry constitue un des points clés des recommandations de cette mission.