Tillabéri, ville d’environ 30 000 habitants située à environ 100km de Niamey, dans le sud-ouest du Niger, prend des mesures proactives pour relever les défis auxquels elle est confrontée. La région à laquelle elle appartient couvre une superficie d'environ 98 000km² et a été gravement touchée par des catastrophes environnementales et des violences continues. Ces défis ont entraîné une grave insécurité alimentaire et la migration d'environ 36 800 personnes déplacées internes et de réfugiés en provenance de pays voisins tels que le Mali et le Burkina Faso. En réponse, la petite ville de Tillabéri a introduit l'outil de Planification des actions pour la résilience urbaine (CityRAP), développé par ONU-Habitat et cofinancé, pour ce qui est du Sahel, par le PNUD avec le soutien du gouvernement suédois, dans le cadre de l'initiative "Établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables au Sahel".
 
CityRAP est une approche complète et participative conçue pour renforcer la résilience urbaine. Elle permet aux gouvernements locaux et aux parties prenantes urbaines de jouer un rôle-clé dans la planification de la résilience, en veillant à ce que leurs connaissances et leur expertise précieuses soient utilisées. Le processus CityRAP à Tillabéri comprend des sessions de formation sur mesure, des exercices et des activités pour aider les autorités locales à initier leurs plans d'action pour la résilience. En impliquant activement le gouvernement et les parties prenantes urbaines, CityRAP exploite leurs idées et leur expertise. Récemment, un atelier organisé par le bureau du PNUD au Niger avec ONU-Habitat s'est tenu à Tillabéri du 30 au 31 mai, avec la participation d'une quarantaine de représentants locaux, dont huit femmes, ainsi que du ministère de l'Action humanitaire et de la gestion des catastrophes.

Cadre d'action pour la résilience urbaine
 
La prochaine étape du parcours de Tillabéri vers la construction de la résilience consiste à élaborer un Cadre d'action pour la résilience urbaine. Ce cadre guidera les acteurs locaux, y compris les autorités locales, les services techniques municipaux, les leaders traditionnels et religieux, les organisations de jeunes, les personnes handicapées, l'université, les radios communautaires et la société civile, dans l'adaptation et la mise en œuvre de l'outil CityRAP avec une intervention externe minimale. En utilisant des méthodes participatives telles que l'auto-évaluation, la cartographie des risques et la planification d'actions intersectorielles, Tillabéri vise à créer un plan de résilience efficace qui s'appuie sur les connaissances et les priorités locales.
 
Tillabéri renforce ainsi sa capacité à faire face et à se remettre des chocs et des contraintes tels que les aléas dits naturels, les impacts du changement climatique, l'urbanisation rapide et les vulnérabilités sociales en développant et adoptant un Cadre d'action pour la résilience urbaine. Cette approche de renforcement de la résilience ouvre la voie à un avenir plus durable et plus sûr pour les résidents de la ville.
 
Il est important de reconnaître le contexte difficile dans lequel opère la région de Tillabéri. Les récentes analyses révèlent des statistiques alarmantes pour la sécurité alimentaire au Niger, notamment une estimation de 1,9 million d'enfants âgés de 6 à 59 mois souffrant de malnutrition aiguë à l'échelle nationale en 2023. Bien que cela représente une diminution de 12 % par rapport aux estimations de l'année précédente, les cas de malnutrition aiguë sévère et de malnutrition aiguë modérée restent importants, avec respectivement environ plus de 430 500 cas sévères et 1,4 million de cas modérés.
 
La mise en œuvre de CityRAP est soutenue par le Projet de résilience dans le Sahel du PNUD, qui vise à renforcer le développement tenant des risques dans sept pays sahéliens. Les villes sahéliennes qui se sont engagées dans CityRAP en collaboration avec ONU-Habitat sont Bargny (Sénégal), Kaédi (Mauritanie), Nioro (Mali), Kongoussi (Burkina Faso), Tillaberi (Niger), Labondo (Nigeria) et Mao (Tchad).

L'Union africaine, UN-Habitat et le PNUD collaborent pour renforcer la résilience urbaine en Afrique

Grâce au Projet de résilience dans le Sahel, une stratégie de développement spatial a été élaborée pour la région du Sahel. Dirigée par des représentants gouvernementaux de pays du Sahel occidental tels que le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et le nord du Cameroun, cette stratégie utilise une analyse territoriale pour fournir des orientations visant à trouver des solutions qui favorisent la résilience locale et favorisent les liens transfrontaliers. Son objectif est de répondre aux besoins humanitaires, de développement et de consolidation de la paix de la population urbaine, qui s'élève à 160,5 millions de personnes.

De plus, le PNUD et UN-Habitat s'associent à la Commission de l'Union africaine pour renforcer la résilience urbaine et la gestion des risques climatiques à travers le programme régional conjoint sur la résilience urbaine intelligente. Ce programme joue un rôle crucial dans l'opérationnalisation de l'initiative de résilience urbaine en Afrique sur le continent. Il soutient la coordination intersectorielle au sein de la Commission de l'Union africaine et plaide en faveur de la construction de la résilience parmi les États membres et les communautés économiques régionales.

La résilience est devenue un concept essentiel dans l'urbanisme, offrant une approche stratégique pour relever les défis complexes auxquels les villes sont confrontées dans des domaines tels que la nature, l'économie, la société, les infrastructures physiques et les institutions. La résilience urbaine fait référence à la capacité d'un système urbain et de ses composants à maintenir ou à récupérer rapidement les fonctions souhaitées face à des perturbations, à s'adapter au changement et à transformer les systèmes qui entravent l'adaptabilité présente ou future.