L’agriculture péri-urbaine comme stratégie d’adaptation aux changements climatiques
19 juin 2023
Les changements climatiques constituent une menace pour la sécurité alimentaire, parce que la production agricole, dans la plupart des pays africains comme le Bénin, est liée à la pluviométrie. A Gnindjazoun, dans la commune de Bohicon, le Projet Moyens de Subsistance Durable (PMSD) fait la promotion de l’agriculture périurbaine, en incitant et en formant des jeunes gens et filles à l’entrepreneuriat agricole tout en réduisant leur vulnérabilité aux effets néfastes des changements climatiques.
Le Bénin est un pays vulnérable aux changements climatiques, qui se manifestent par une augmentation de la température, la variabilité des précipitations et par des événements météorologiques extrêmes plus fréquents (vents violents, longues sécheresses, inondations, etc.). Les impacts directs des changements climatiques dans le secteur de l’agriculture par exemple concernent le comportement des cultures et les modifications pédologiques conduisant à une réduction des rendements. Au niveau des cultures, on note une augmentation des températures moyennes, ce qui raccourcit leur cycle de croissance et conduit à une floraison prématurée. En outre, les rendements agricoles sont en baisse en raison de l'insuffisance des précipitations.
Face à cette situation, l'intégration des pratiques d'adaptation dans le secteur agricole est essentielle pour réduire la vulnérabilité du secteur et de ceux et celles qui en dépendent. Pour faire face aux besoins alimentaires des populations, l’agriculture périurbaine constitue l’une des stratégies d’adaptation aux changements climatiques.
Dans le souci de relever le double défi de réduction de la pauvreté et de faire face aux effets néfastes des changements climatiques, le Gouvernement en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et le Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) a mis en place en 2018 le Projet Moyens de Subsistance Durables (PMSD).
L’objectif du PMSD est d’une part, de soutenir une agriculture et des moyens de subsistance résilients et d’autre part, d’intégrer les considérations relatives aux risques climatiques dans les processus de planification nationaux et infranationaux, afin que les communautés locales soient moins vulnérables aux changements climatiques.
Les activités du projet sont mises en œuvre sous la direction du Centre de Partenariat et d’Expertise pour le Développement durable (CePED), sous tutelle du Ministre du Développement et de la Coordination de l’Action Gouvernementale dans neuf (09) villages, à savoir : Kpakpalaré et Kadolassi (commune de Ouaké), Aouiankanmè et Damè (Savalou), Agbodji et Sèhomi (Bopa), Kotan et Danmè-Kpossou (Avrankou) et Gnindjazoun (Bohicon).
A Gnindjazoun, dans la commune de Bohicon, le PMSD a amenagé, il y a environ un an, un site d’une superficie de trois (3) hectares mis à disposition par la Mairie, sur lequel sont installés près d’une trentaine de jeunes dont 8 femmes pour des activités maraîchères. Le projet a réalisé un forage d’un débit de 10 m3 fonctionnant à base d’énergie solaire, 4 réservoirs d’une capacité de 16 m3 et 8 bassins de rétention de 5 m3 d’eau chacun pour l’arrosage des plantes, un système d’irrigation par bandes perforées qui quadrille toute la superficie du site. Par ailleurs, il a installé un champ solaire de 12 KVA, qui fournit l’énergie électrique pour pomper l’eau du forage et alimenter le château d’eau. Les jeunes disposent de l’eau en permanence pour leurs cultures. Ils produisent des légumes feuilles (laitue, vernonia, grande morelle, basilic), de l’oignon, de la tomate, du piment, des carottes, concombre, betterave, etc. Ils écoulent facilement leurs produits sur le marché de Bohicon. Certains clients viennent s’approvisionner en légumes sur le site.
Les interventions du PMSD sur le site de Gnindjazoun portent déjà des fruits
« À tout moment de l’année, lorsque vous venez ici, tout est vert. Nous avons des légumes en permanence sur les planches. On produit en toute saison. On n’a pas de problème d’eau. Elle est disponible de façon permanente. Le forage qui nous alimente fonctionne sur la base d’un système solaire, ce qui diminue les coûts de production », raconte fièrement Jonas Adanto-Hounon, ce jeune technicien agricole, bénéficiaire du PMSD.
Avant l’installation des jeunes sur le site, le projet a assuré leur formation aux itinéraires techniques des principales cultures maraîchères, à la lutte contre les ravageurs, aux choix et à la production des semences, à la gestion coopérative et économique d’un site maraîcher, à l’entretien et à la gestion de système d’irrigation, au leadership, à l’esprit d’équipe et la gestion des conflits. Karembeu Sessinou témoigne : « Nous avons été formés par le PMSD sur le site de Zonmon à Zagnanado. C’était une formation à la fois théorique et pratique sur les techniques de production maraîchères. On nous a également appris à produire du miel et à fabriquer des savons pour nous autonomiser. Depuis qu’on est installé sur le site de Gnindjazoun, ma situation financière s’améliore. Je gagne ma vie et j’arrive à faire face à mes petites dépenses ».
Ingrid Dégbè est une autre bénéficiaire du projet, cette jeune Secrétaire de formation s’est reconvertie dans l’entrepreneuriat agricole et déclare :
« Depuis que nous avons commencé la production maraîchère ici, mes parents n’achètent plus de légumes au marché pour les besoins alimentaires. Je m’en sers également. Avec les autres membres de mon groupe, nous vendons régulièrement les légumes. Certains clients viennent s’approvisionner sur le site. Après la vente, les recettes sont partagées. Une partie est déposée dans une caisse commune pour faire face aux dépenses d’entretien et de réparation des matériels et équipements mis à notre disposition (plomberie, achat de semences, etc.) en cas de besoins. Je prélève une partie pour donner une tontine mensuelle de 20 000 Fcfa. J’envisage d’acheter avec l’argent de la tontine d’ici deux ans une parcelle pour y installer ma ferme, parce que l’espace dont nous disposons ici ne nous permet pas de produire en grande quantité ».