De 2017 à 2022, Haïti a connu une série de crises multidimensionnelles. Au cours de cette période, le Président a été assassiné et six premiers ministres se sont succédé au pouvoir pour une durée moyenne de neuf mois chacun. Les effets combinés de l’affaiblissement de la cohésion sociale et des crises traversées par le pays sur les plans politique, économique, sanitaire, institutionnel, constitutionnel et environnemental, qui se sont accompagnées de problèmes de sécurité, ont aggravé une situation humanitaire déjà complexe. En 2021, plus de 4,4 millions de personnes, soit environ 40 % de la population (dont 57 % de femmes), dépendaient de l’aide d’urgence pour survivre. Le 14 août 2021, un séisme de magnitude 7,2 a frappé la presqu’île du sud d’Haïti, qui peinait encore à se relever des ravages provoqués par l’ouragan Mathieu en 2016. Les besoins en matière de relèvement ont été estimés à 2 milliards de dollars. Le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire est passé de 4,4 millions en 2021 à 4,9 millions en 2022, ce qui représente environ 43 % de la population totale, dont 58 % de femmes. Le taux de participation des femmes à la prise de décisions reste très faible, notamment au niveau central. Seules trois femmes siégeaient au Parlement sous la dernière législature. Des efforts doivent encore être faits pour intégrer le genre dans les politiques publiques et mettre en œuvre des mesures et des politiques qui visent à promouvoir l’égalité femmes-hommes et à favoriser une transformation profonde de la société.

Les progrès qui avaient été réalisés au regard des indices de développement s’essoufflent, ce qui fait douter de la capacité du pays à atteindre les cibles fixées dans le plan d’action national mis en place pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030. Cette situation est exacerbée depuis 2022 par une importante dégradation des conditions de sécurité et une hausse de l’inflation, qui ont donné lieu à des manifestations et à des blocages de grande ampleur, et, par voie de conséquence, à un fléchissement de l’activité sociale et économique.

Le présent programme de pays est conforme au Plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH) établi pour la période 2012-2030 et au Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable pour 2023-2027. Il contribue à l’exécution du plan stratégique du PNUD pour 2022-2025 et à la mise en œuvre de ses solutions distinctives. Il s’inspire du Plan-cadre de coopération, dont l’élaboration a été dirigée par le Ministère de la planification et de la coopération externe et un groupe de référence multipartite. Sur la base de l’analyse commune de pays, le Ministère et le groupe de référence ont validé les priorités fixées dans le Plan-cadre de coopération, qui sont alignées sur les quatre domaines prioritaires du Plan stratégique de développement d’Haïti. Dans le programme proposé, le PNUD utilisera son avantage comparatif, qui réside dans sa conception multidimensionnelle et centrée sur l’humain du développement, sa capacité à intervenir dans tous les aspects du lien entre l’action humanitaire, le développement et la paix, et son rôle de coordonnateur de l’action multiacteurs. Ces atouts font du PNUD un interlocuteur privilégié pour les partenaires techniques et financiers et les autres acteurs du système des Nations Unies, notamment la mission politique spéciale déployée en Haïti.