Vivre ensemble en paix
16 novembre 2023
« Avant, la population avait peur des forces de défense et de sécurité. Puisqu'on a eu l’opportunité de les côtoyer et d’interagir avec elles, on a plus confiance de partager des informations avec elles. Nous sommes désormais rassurés qu’elles sont avec nous et nous protègent », raconte Idrissou Adamou Abdoulaye, Responsable des Conducteurs de Taxis Moto de Parakou.
Depuis 2019, le Bénin fait l’objet de fréquentes incursions dans certaines communes du Borgou et de l’Alibori de la part de groupes extrémistes non identifiés en provenance des pays voisins notamment le Nigéria, le Burkina et le Niger. Malgré les efforts du gouvernement pour assurer la sécurité et la protection des citoyens, la collaboration entre les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et la population n’est pas toujours aisée. Cette dernière observe malheureusement une certaine méfiance vis-à-vis des FDS ; ce qui ne favorise pas le partage des informations. Or, c’est ce partage d’informations qui permet à la police d’anticiper, d’éviter la commission d’actes d’insécurité.
« C’est vraiment salutaire de renforcer la cohésion sociale en ce sens que nous vivons une situation vraiment inquiétante dans la commune et ce projet vient nous donner les armes pour que nous puissions vivre ensemble en paix »Emile Nata OKAMMATI, Deuxième Adjoint au Maire de la Commune de Natitingou.
Le Projet d’Appui au Renforcement de la Cohésion Sociale, à la Prévention de l’Extrémisme Violent et à la Lutte contre les Conflits liés à la Transhumance, financé par le Royaume des Pays-Bas et le PNUD, a organisé du 25 septembre au 13 octobre 2023 dans les communes de Parakou, Kandi, Natitingou et Djougou des journées d’activités de sensibilisation pour la cohésion sociale.
Les activités de cohésion sociale ont permis de rapprocher populations civiles, Forces de Défense et de Sécurité et autorités locales et de faire comprendre aux uns et aux autres qu’il est nécessaire de partager les informations pour assurer la sécurité collective, de préserver la cohésion sociale à travers la promotion des valeurs du vivre-ensemble pour mieux faire face aux nouveaux défis sécuritaires.
Les activités de cohésion sociale ont consisté en la sensibilisation des populations sur la nécessité de préserver et de consolider la cohésion sociale. Pour ce faire, plusieurs activités pouvant permettre un brassage entre plusieurs composantes de la société ont été organisées. Il s’agit :
des journées de soins de santé (dépistage de l'hépatite B et C, administration de la 1ère dose de vaccin aux cas négatifs, dépistage du diabète, dépistage de l'hypertension artérielle et distribution de produits spécifiques de traitement) prodigués par les médecins militaires et civiles aux populations ; des formations déployées par les fonctionnaires du Groupement National des Sapeurs-Pompiers en soins de Premier Secours Civique notamment le P.A.S (Prévenir-Alerter-Secourir) au profit des conducteurs de taxi, taxi-moto, tricycles, transporteurs et de sécurité incendie en direction des transporteurs en général et des transporteurs d'hydrocarbure en particulier et des ménagères ;
des journées sportives (organisation des matchs de football, de volleyball, de handball, de pétanque et de belottes) et culturelles (animations folkloriques et concerts) entre les populations civiles, les autorités communales et les Forces de Défense et de Sécurité ;
des journées portes ouvertes au cours desquelles les différentes composantes des FDS présentes dans chaque commune ont présenté à la population leurs rôles et missions ainsi que ce que doit être la collaboration entre elles et les populations ;
des journées de plantation d’arbres ou d’aménagement d’espace vert par les populations civiles, autorités communales et FDS et ;
des débats radiodiffusés sur la coproduction de la sécurité auxquels ont pris part les populations civiles, les autorités communales et les FDS.
Les activités d’information et de sensibilisation ont donc permis aux différentes cibles d’interagir. Il s’agit notamment des fonctionnaires de la Police Républicaine, de l’Armée, des Douanes et Droits indirects, des Eaux, Forêts et Chasse, des agents de santé (civils et militaires), des autorités communales, des Organisations de la Société Civile, des responsables des confessions religieuses, des associations sportives, des associations culturelles, des associations de développement, des organisations de femmes, des organisations de jeunes, des animateurs des radios locales…
« L’initiative est louable. Si cela peut se perpétuer et se pérenniser tout le temps ça va nous réjouir. Nous aurons la conscience tranquille et nous serons sécurisés. Nous cherchons à sauvegarder la paix, à consolider la cohésion nationale ». Sa Majesté Behanotè, Roi de Sapara et Chef de terre soubroukou de Djougou.
« Vous voyez l’effet que cela fait au niveau de la population d’être ensemble avec les policiers, les militaires qu’elle voit en ville avec qui elle n’avait véritablement pas un contact, à qui elle n’adressait pas la parole et être en train de se taquiner ? C’était beau. Cette collaboration a été au-delà des attentes. C’est une première. Moi-même j’ai été surpris par cette ambiance et cette cohésion. Si on peut se retrouver chaque fin de mois ou chaque trois mois, la cohésion serait très bien et cela va davantage renforcer la cohésion sociale ».Nazif ADEKAMBI, Conseiller communal mairie de Djougou