L’économie pourrait se contracter de 9,2% aggravant les vulnérabilités à long terme
Escalade des hostilités au Liban : le Programme des Nations Unies pour le développement met en garde contre une crise socio-économique
October 24, 2024
Beyrouth, le 24 octobre 2024 - L'escalade des hostilités au Liban pèse lourdement sur la vie et les moyens de subsistance de la population. Selon un rapport d’évaluation rapide publié aujourd'hui par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'économie libanaise pourrait se contracter à raison de 9,2 % si les hostilités se poursuivent jusqu'à la fin de l'année. Le risque de ce déclin précipité du produit intérieur brut (PIB) s'ajoute à une contraction à hauteur de 28 % enregistrée entre 2018 et 2022 et effacerait les gains de stabilité économique enregistrés en 2023.
Même si les hostilités devaient cesser d’ici la fin de 2024, l'économie pourrait se contracter de 2,3% supplémentaires en 2025 et de 2,4 % en 2026. Parmi les causes : un ralentissement de l'activité économique prévue, une lenteur dans la reprise économique et les efforts de reconstruction, et des pertes significatives de capital dans tous les secteurs, soit l’infrastructure, les bâtiments, les usines, les équipements et les services publics. Le ralentissement de l'économie pourrait se traduire par une baisse des recettes publiques de 3,2 % en 2025 et de 3,1% en 2026, exacerbant les défis budgétaires du gouvernement et sa capacité à maintenir les services publics essentiels.
"Outre la menace immédiate pour la vie, le peuple libanais est confronté à une pauvreté rampante, à une instabilité sociale croissante et à des troubles civils. Les conséquences à long terme du conflit sur l'économie et le développement du Liban seront éventuellement très graves. Aujourd'hui, nous avons surtout besoin d'un cessez-le-feu", a souligné l'administrateur du PNUD, Achim Steiner. "Le Liban a désormais besoin d'un soutien engagé de la part de la communauté internationale, et cette assistance doit comprendre l'aide humanitaire immédiate et un soutien global à la stabilité sociale, économique et institutionnelle".
Le rapport d’évaluation rapide intitulé « Conséquences économiques et sociales de l'escalade des hostilités au Liban » souligne que le risque d'une implication régionale plus large et les technologies militaires avancées utilisées en 2024 distinguent le conflit actuel des précédents, entraînant des impacts profonds sur le PIB, l'emploi et le tissu social du pays. Il prévient que l'ampleur des hostilités actuelles, le contexte géopolitique, l'impact humanitaire et les retombées économiques en 2024 devraient être bien plus importants que celles de la guerre de 2006, qui avait entraîné une baisse de 8 à 10 % du PIB (perte de 2,5 à 3,6 milliards de dollars).
L'indice de développement humain (IDH) du Liban a déjà été affecté par la crise économique que connaît le pays depuis 2019. Alors que les effets de telles crises mettent généralement des années à se refléter sur l'IDH, les conséquences des hostilités actuelles affecteront à la fois la génération actuelle et la prochaine.
"Nous soutenons le peuple libanais à travers les efforts de réponse menés par le gouvernement afin de garantir les services de base essentiels. Les besoins des personnes touchées par l'escalade du conflit ne cessent de s’amplifier et le PNUD se concentre sur les personnes déplacées et les communautés locales hôtes", a déclaré Blerta Aliko, représentante résidente du PNUD au Liban. "Ces efforts sont essentiels pour préserver la stabilité sociale et prévenir une nouvelle escalade du conflit, ce qui doit rester notre priorité.
Selon l'évaluation rapide, le conflit a de profondes implications économiques à court terme, notamment une contraction significative dans des secteurs principales tels que le tourisme, l'agriculture, l'industrie manufacturière, le commerce et d'autres services. Le dérèglement des routes commerciales et des chaînes d'approvisionnement, les bombardements directs et la baisse de la demande des consommateurs ont contraint une grande partie des entreprises, en particulier les micro-entreprises et les petites et moyennes entreprises, à fermer ou à suspendre leurs activités. Le PNUD estime que la hausse du taux de chômage affectera environ 1,2 million de travailleurs dans le pays atteignant ainsi un chiffre alarmant de 32,6 % d'ici la fin de l'année.
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