Les langues des signes, un moyen d’inclusion sociale des personnes handicapées auditives
22 septembre 2022
Le seul moyen de communiquer aisément avec les personnes handicapées auditives, sourdes et malentendantes est l’utilisation des langues des signes.
William Loko-Roca, l’un des bénéficiaires des appuis du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) nous reçoit dans son centre de formation. Cet entrepreneur, autodidacte, est le fondé du Centre pour la promotion des initiatives des sourds du Bénin basé à Cotonou. Devenu sourd à l’âge de sept (7) ans, il défend depuis son jeune âge la cause des sourds muets. Avec l’aide de quelques amis, il a mis en place dans un quartier de Cotonou un centre, qui accueille chaque année près de quatre-vingt enfants et jeunes pour leur éducation et formation professionnelle aux métiers d’artisanat et offre aux apprenants l’enseignement spécialisé en langue des signes.
Avec un langage bien codé, combinaison des mouvements des mains, du visage et de la tête, il échange avec nous, ayant à ses côtés une interprète qui lui traduit en langue des signes nos propos.
Selon la Fédération mondiale des sourds, il existe dans le monde 70 millions de personnes sourdes dont 80% vivent dans les pays en développement. Mais elles sont souvent victimes de discrimination et d’exclusion.
« Les sourds muets sont souvent victimes d’exclusion dans la société à cause des difficultés de communication qu’ils rencontrent que ce soit dans le cercle familial que dans la société d’une manière générale », se plaint-il. « Pour une meilleure communication avec vos enfants et amis sourds dans votre milieu de vie, il est important d’apprendre la langue des signes », plaide William en sa qualité de Secrétaire général de l’Association Nationale des Sourds du Bénin.
Le PNUD Bénin accompagne les efforts du Gouvernement dans la promotion des droits des personnes handicapées au Bénin à travers entre autres l’appui à (i) l’amélioration du cadre juridique, programmatique et institutionnel, (ii) le renforcement de capacités des centres de prise en charge et de formation professionnelle des personnes handicapées (tout type d’handicap) ; (iii) le renforcement des capacités de la Fédération des Associations des Personnes Handicapées du Bénin (FAPHB) et de l’autonomisation économique des femmes handicapées.
Au nom du principe de l’agenda 2030 de « ne laisser personne de côté », le PNUD a renforcé en 2021 et 2022 les capacités des centres spécialisés de formation des personnes handicapées visuelles et auditives en leur offrant des supports (transcription de la Convention des Nations Unies relative des Droits des Personnes Handicapées - CDPH) et de la Loi nationale) en écriture Braille et en langue des signes ; des matériels et équipements informatiques pour faciliter la vulgarisation des différents documents de protection des droits des personnes handicapées et leur accès à l’information et pour renforcer les activités de terrain des Organisations des Personnes Handicapées auditives et visuelles situées dans plusieurs communes du Bénin (Parakou, Cotonou, Porto Novo, Natitingou, Adjara, Abomey-Calavi, etc.).
La convention relative aux droits des personnes handicapées reconnaît l’égalité entre les langues des signes et les langues parlées. L’inclusion sociale ou linguistique des personnes sourdes et malentendantes est un combat de longue haleine.
Au Bénin, avec l’appui du PNUD et d’autres partenaires, des décrets d'application requis pour l'entrée en vigueur et la mise en œuvre de la loi sur la protection et la promotion des droits des personnes handicapées (LPPH) sont pris. Par ailleurs, un guide, pouvant faciliter la prise en compte des besoins spécifiques des personnes handicapées dans les documents de politiques nationales et sectoriels, conformément à la Loi n° 2017-06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin et à la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes Handicapées (CDPH) est élaboré et validé.
En dépit des efforts du Gouvernement et de ses partenaires, l’application de ces textes qui protègent les droits des personnes handicapées ne se traduisent pas toujours dans la réalité.
« Il faut changer la perception que les personnes dites normales ont vis-à-vis des personnes handicapées. La seule manière de parvenir à l’inclusion socio-professionnelle des sourds muets est de collaborer avec les écoles spécialisées », plaide William.
"Pour une meilleure communication avec vos enfants et amis sourds dans votre milieu de vie, il est important d’apprendre la langue des signes " -William Loko-Roca, Secrétaire général de l’Association Nationale des Sourds du Bénin