Le monde n'a jamais été aussi uni autour de l'idée de la santé pour tous. Plus de 100 pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (rapport de l'OMS, en anglais) ont déjà pris des mesures en ce sens et proposent des politiques qui répondent au mieux aux besoins de santé des communautés pauvres et vulnérables.
Pourtant, les discussions sur la santé universelle négligent souvent l'une de ses menaces les plus graves : la crise climatique. Pour une humanité en bonne santé, pour survivre et prospérer, nous avons besoin d’une planète en bonne santé.
Sans une action urgente, la crise climatique annulera des décennies de progrès en matière de santé mondiale. La hausse des températures, la pollution de l'air, qui causent déjà environ 8 millions de décès par an, la diminution des réserves d'eau potable et l'insécurité alimentaire croissante pourraient créer une crise majeure qui ferait reculer les progrès tant en matière de santé que de développement.
Au fur et à mesure que les températures augmentent, la portée géographique de certaines maladies s'étend et les saisons de transmission s'allongent. Une étude récente a révélé que plus de deux milliards de personnes supplémentaires pourraient être exposées à la dengue en 2080.
À cause du réchauffement des océans, des régions autrefois trop froides pour que certaines bactéries prospèrent (en anglais), l’Europe du Nord ou l’Alaska par exemple, se retrouvent désormais exposées au risque de maladie comme le choléra. La Banque mondiale a ainsi estimé que le réchauffement de la planète de 2 à 3 degrés Celsius pourrait augmenter le nombre de personnes exposées au risque de paludisme de 5 % et de diarrhée de 10 %. Sans une action concertée contre le réchauffement climatique, c’est plus de 100 millions de personnes supplémentaires qui seraient touchées par la pauvreté d'ici 2030.
Les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les ouragans et les cyclones, peuvent également avoir des effets désastreux sur la santé. Chaque année, 22,5 millions de personnes sont déplacées en raison de catastrophes climatiques ou météorologiques (rapport de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en anglais), un chiffre qui devrait augmenter à mesure que ces types d'événements deviennent plus fréquents.
Ces « migrants climatiques » perdent en route l'accès à des services de santé essentiels, ce qui les rend plus vulnérables aux maladies. La perte de leur maison a ainsi de graves conséquences sur leur santé mentale et physique.
Les communautés pauvres et vulnérables sont plus susceptibles de souffrir des effets de la crise climatique, qui aggravera les inégalités. De plus en plus de personnes seront vulnérables aux maladies infectieuses et non transmissibles. Si l’on veut que les outils de survie, comme les vaccins, les moustiquaires et des traitements efficaces, atteignent les personnes qui en ont le plus besoin, des efforts et des investissement accrus seront nécessaires.
Une action urgente et collective est la seule option. Les milieux de l'action climatique et de la santé doivent trouver une cause commune. Le secteur de la santé doit réduire son empreinte carbone et redoubler d'efforts pour rendre les systèmes de santé plus résilients et durables.
Les systèmes de santé doivent également être capables de résister aux chocs climatiques - tels que la sécheresse, les vagues de chaleur et les précipitations extrêmes - et continuer à disposer d'un approvisionnement énergétique fiable. La santé peut être un puissant facteur de motivation pour l'action climatique.
Les défenseurs de la santé et du climat, menés par les plus jeunes, doivent travailler ensemble et donner la priorité aux actions urgentes visant à protéger à la fois la santé des personnes et de la planète.
C’est seulement ainsi que nous pourrons répondre à la promesse que nous nous sommes faites : assurer une bonne santé à tous, y compris à notre planète.