Translait : expérimentation d'une plateforme digitale pour la commercialisation révolutionnaire des produits laitiers
8 janvier 2024
Le Mali est l’un des plus gros producteurs de lait de vache dans la zone UEMOA. Sa production est estimée à environ 780 millions de litre (DNPIA 2016). Cette production est assurée à 98% par les élevages traditionnels et à 2% par les élevages périurbains à caractère semi intensif sédentarisé.
Malgré le potentiel laitier mobilisable sur l’ensemble du cheptel, le Mali reste confronté à un problème de valorisation du lait de vache. Dans cette dynamique de valorisation du lait, plusieurs coopératives de transformation et de commercialisation du lait de vache principalement ont vu le jour mais demeurent confrontés à des problèmes de conservation, transformation et d’écoulement des produits qui sont constitués en général de lait frais, de yaourt, lait caillé, fromage etc. A côté de ces organisations, on trouve également les vendeuses traditionnelles qui exposent le lait dans des calebasses aux abords des grandes artères.
Dans le cadre de cette expérimentation, nous nous attellerons à adresser la stratégie d’écoulement autrement dit la commercialisation des produits laitiers, notamment le lait de vache. Comment rendre plus accessibles les produits laitiers des coopératives laitières ?
De quoi disposons-nous pour adresser le défi de la commercialisation du lait ?
Nous disposons d’une plateforme e-commerce qui est une solution permettant de vendre les produits laitiers en ligne à des particuliers ou des professionnels. Cette initiative conjointe d’ABC et Acclab PNUD-Mali se réalise en partenariat avec l’union des coopératives de produits laitiers dénommée « Translait » qui intervient dans la filière lait à Bamako. En prélude à l’expérimentation, il a été procédé au prototypage de la plateforme digitale à travers la conception des fonctionnalités systèmes et administrateurs, la création des applications mobiles android, la création des APIs permettant les échanges de données entre le portail web administrateur, les applications mobiles. A la suite du prototypage, la plateforme digitale a été conçue et déployée pour être testée dans le réseau de commercialisation de translait.
Qu’avons-nous obtenu lors de ce test ?
Au cours de ce test qui fut un processus d’apprentissage accéléré, nous avons appris ce qui suit : les informations générées à partir de la plateforme digitale indiquent que 24 utilisateurs (20 consommateurs, 2 livreurs et 2 coordinateurs) ont utilisés ce service. Au cours de la phase pilote qui a duré 2 semaines, 57 commandes de produits laitiers (lait frais, yaourt, fromage, ‘’fêné’’) ont été passées dont 47 prises en charge pour un montant total de lait vendu qui se chiffre à 179 500 FCFA via Orange money.
Analyse comportementale des usagers de la plateforme et leçons apprises
Les usagers de la phase pilote se réjouissent de l’existence d’une telle application qui contribuerait à faciliter les transactions (commande, livraison et vente) et même à sécuriser les ressources monétaires issues de cette transaction. Ce faisant, il déplore la couverture du réseau translait. Autrement dit, il y aurait très peu de point de vente de translait. Ce qui pose le problème d’approvisionnement dans l’environnement immédiat. Quand la commande est passée ailleurs, le prix de la livraison est souvent plus élevé que le prix du produit commandé. En effet, le challenge serait d’arriver à une bonne distribution des points de ventes de produits laitiers.
En outre, nous avons appris que la digitalisation de la chaîne de valeur du lait pour la commercialisation des produits laitiers nécessite une organisation des coopératives concernées en union de coopératives afin de faciliter la définition, la modélisation du processus et les « workflows » ou chaînes de validation de la plateforme digitale. Ceci permet une répartition claire des tâches des parties prenantes et une définition consensuelle sur le mode de gestion des finances en centralisant le compte des opérations pour la réception des paiements. Il est recommandé que ladite union de coopératives puisse mettre en place une équipe de coordination composée de représentants ou points focaux de chaque coopérative.
Enfin, concernant l’application, nous appris qu’il est nécessaire de développer deux modules supplémentaires, notamment un module livreur et un autre grossiste. Au terme de cette phase pilote, toutes les parties prenantes sont convenus de la pertinence de la solution et se proposent de mobiliser des ressources pour une meilleure organisation de la chaîne de valeur et la mise à l’échelle de l’initiative. Nous pensons que l’initiative pourrait s’intégrer dans les portefeuilles des unités programmatiques.