Contexte

La région côtière constitue l’épine dorsale de l’économie de la Tunisie avec d’importantes activités touristiques, industrielles, agricoles, halieutiques et portuaires. Les changements climatiques et le développement des activités anthropiques augmentent la vulnérabilité de la zone côtière en raison des impacts associés sur l’agriculture, sur la qualité de l’eau et sur les services fournis par les écosystèmes côtiers. Les phénomènes d’érosion des plages, de la salinisation des terres agricoles et des inondations des zones humides basses littorales seront exacerbés par les changements climatiques prévus.

Actuellement, le cadre institutionnel de la gestion du littoral en Tunisie ne prend pas en compte les projections des scénarios des changements climatiques. Les coûts et les avantages de l’adaptation des zones côtières tunisiennes aux changements climatiques sont mal évalués et peu pris en compte dans la plupart des politiques d’investissement actuelles. L’ensemble de ces constats compromet le développement durable dans la zone côtière à l’heure actuelle.

Approche et objectifs

Le projet « Résilience Côtière » a pour objectif de lutter contre les vulnérabilités et les risques liés aux changements climatiques dans les zones côtières vulnérables de la Tunisie.

Le projet s’articule autour des axes suivants:

        - La mise à jour des cadres réglementaires et législatifs pour réduire les impacts des changements climatiques sur le développement côtier et rendre l’infrastructure existante plus résiliente;            

        - L’application de mesures souples et innovantes de réduction des risques liés aux changements climatiques et à la gestion de l’eau en adéquation avec la Gestion Intégrée des Zones Côtières;

        - La mise à disposition d’une meilleure information sur le climat pour la surveillance des risques côtiers, le système d’alerte précoce et la planification d’un développement résilient au climat;

        - La mobilisation de fonds publics et privés pour financer des projets d’adaptation côtiers au niveau national et local;

        - L’introduction des méthodes de transfert de risque auprès des secteurs public et privé.

Résultats attendus 

        - La capacité institutionnelle de planification et de réponse à l’accroissement des risques dus aux changements climatiques dans les zones côtières est améliorée;

        - La résilience des zones côtières prioritaires aux changements climatiques grâce à la mise en œuvre et à la diffusion des mesures novatrices de réduction des risques est améliorée;

        - Des instruments économiques et financiers novateurs et durables pour accélérer l’adoption des mesures d’adaptation côtières sont établis. 

Réalisations  

Les règlements et les mécanismes d'application régissant l'utilisation des zones côtières sont renforcés pour intégrer les risques climatiques

        -  Un appui pour une proposition juridique structurée et justifiée est apporté pour intégrer le risque climatique dans les textes réglementaires liés à la planification tels que le Code de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme.

        -  Une proposition de révision du cadre réglementaire et institutionnel régissant la gestion du Domaine Public Maritime pour réduire l’impact des risques climatiques sur le développement côtier est élaborée.

        -  Un plaidoyer et un appui pour faciliter la ratification du protocole de gestion intégrée des zones côtières sont assurés.

        -  Une Stratégie Nationale de Gestion Intégrée des Zones Côtières (SNGIZC) est développée.

Les capacités des acteurs régionaux et locaux en matière d’intégration de la prise en compte du risque climatique dans la planification spatiale et au développement côtier sont renforcées:

        -  Les capacités de plus 1000  agents des partenaires locaux, des instances professionnelles et de la société civile au niveau des sites du projet ont été renforcés en matière de la GIZC, planification pour le développement, l’évaluation des besoins post-catastrophes (PDNA), ….

         - Environ 300 décideurs clés et agents techniques ont été formés sur les outils d’adaptation sur les outils d’adaptation dans la planification au niveau du littoral.

Un Système d’Information et d’Aide à la Décision (SIAD) est opérationnel grâce à l’appui du projet

L’observatoire du littoral a été renforcé avec de moyens matériels et des logiciels permettant d’opérationnaliser le réseau de suivi et de surveillance des changements climatiques et d’alimenter les modèles de risque de submersion, d’érosion et d’inondations liés aux impacts des changements climatiques avec des données fiables.

L’évaluation du risque climatique en zones côtières est améliorée  et un appui à une planification résiliente du développement est assuré 

        -  Une évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques au niveau des zones côtières, pour la situation climatique actuelle mais aussi pour des projections aux horizons 2050 et 2100 est réalisée.

        -  Une évaluation des risques de perte en ressources en eau côtières au niveau des sites du projet due à une élévation accélérée du niveau de la mer aux horizons 2030, 2050 et 2100 et un plan d’action pour renforcer l’adaptation de la gestion de ces aquifères sont établis.

        -  Les documents de planification régionale tels que le Schéma Directeur D’Aménagement de la Zone Sensible de l’île de Djerba (SDAZS) et deux Plans d’Aménagements Côtiers (PACs)  prenant en compte les risques climatiques et les coûts de l’adaptation sont élaborés.

Les techniques innovantes d’adaptation sont identifiées, les interventions dites douces sont dimensionnées et des actions pilotes sont menées pour la protection du littoral

Un  linéaire de 4000 mètres de ganivelles et de palmivelles implantées au pied de la flèche de Ras R’Mel à Djerba comme mesure innovante pour la réduction des risques climatiques dans les zones côtières par la fixation et la stabilisation des dunes des plages.

Une attention spéciale est accordée à la prise en compte du genre à tous les niveaux d’intervention du projet

    Un diagnostic socioéconomique sensible au genre en lien avec l’adaptation au changement climatique au niveau des sites du projet et pour l’intégration de l’approche genre dans les composantes du projet et des témoignages autour du rôle des femmes dans l’adaptation côtière au changement climatique ont été réalisés. 

Les capacités de résilience des communautés locales face au changement climatique sont améliorées

    5 projets d’adaptation au changement climatique en faveur des secteurs et des populations locales vulnérables à Djerba, Ghar El Melh  et Kalaât El Andalous sont mis  en œuvre moyennant des partenariats avec la société civile.

Les cultures Ramli de Ghar El Melh : Un système ingénieux d’adaptation aux risques liés aux changements climatiques reconnu en tant que Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial

    Le projet a accompagné un processus dynamique pour l’inscription des cultures Ramli en tant que Système Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) dans l’objectif de renforcer l’adaptation des communautés locales aux risques liés aux changements climatiques. 

 Des efforts sont déployés pour l'implication  du secteur financier national dans la dynamique climatique

    Une analyse de mécanismes de financement de l’adaptation en zones côtières est réalisée et une évaluation économique des mesures d’adaptation est présentée aux différents intervenants de la planification sur le littoral.