L‘utilisation de vidéos : une alternative pour accélérer l’apprentissage des sciences dans les écoles au Togo ?

17 février 2023

Une séance de réalisation de courtes vidéos éducatives basées sur les programmes de PCT enseignés dans les classes de 6e et 3e pour tester l'opportunité d'utiliser ces dernières comme matériel didactique.

UNDP Togo

Mardi, 04 octobre 2022. Assis dans des table-bancs, sortis pour l’occasion dans la cour de l’école, à l’ombre des gros arbres, de jeunes élèves du CEG (collège d’enseignement général) de Totsi suivent attentivement une vidéo sur les semi-conducteurs. La présentation très captivante avait imposé un silence que seuls les chants des oiseaux brisaient.

Cette vidéo sur les semi-conducteurs fait partie d'une série réalisée avec l'appui du Laboratoire d'Accélération du PNUD Togo.  Mais pourquoi présenter de telles vidéos aux élèves ?

Les efforts pour de la qualité de l'enseignement

Les programmes des collèges d'enseignement général, le premier cycle du secondaire au Togo, est un ensemble de cours théoriques et pratiques, surtout dans les sciences expérimentales à savoir la physique, la chimie et la technologie (PCT) ainsi que les sciences de la vie et de la terre (SVT). Les cours pratiques permettent à l'apprenant de faire le pont entre les lois et les principes énoncés dans les cours magistraux et la réalité. Une éducation de qualité est celle qui fait un dosage équilibré de ces deux composantes du programme.

Ces dernières années, le Togo a fait d'’énormes efforts dans l’amélioration de l’éducation : la gratuité des frais scolaires du préscolaire à la terminale dans les établissements publics, la hausse du taux de scolarisation à 94%, etc.  Les cours pratiques qui ne sont plus dispensés dans la majorité des établissements doivent également cadencer au même rythme pour parachever le processus d'amélioration de la qualité de l'enseignement.

Un professeur en pleine manipulation des instruments durant son cours sur les semi-conducteurs

UNDP Togo

Difficultés des cours pratiques

Des discussions avec les enseignants de Physique -Chimie – Technologie (PCT) et des visites de certains lycées de Lomé ont permis d'apprécier l'état des laboratoires, du matériel, de l'outillage et des réactifs existants dans certains établissements. Ainsi les raisons évoquées pour justifier l'abandon des séances des cours pratiques sont entre autres :

  • Le manque de laboratoire dans plusieurs établissements scolaires. Les rares qui existent encore sont dépourvus de matériel et outillage, de réactifs, fonctionnels.
  • Le manque de formation adéquate des enseignants dans la conduite des cours pratiques,
  • Le manque de volonté de la part de certains enseignants,
  • L’insuffisance d’enseignants par rapport à une croissance exponentielle du nombre des élèves

Mais comment adresser simplement et efficacement ce problème ? Tel est le défi du laboratoire d'Accélération du PNUD Togo et le ministère en charge de l'enseignement secondaire.

L'engouement des élèves lors de la diffusion d'une séquence de cours en plein air

PNUD Togo/Emile Kenkou

Des vidéos educatives

Le problème peut être adressé de plusieurs façons. Mais le choix a été fait d'utiliser les technologies numériques.

De ce fait, les technologies de la réalité virtuelle, augmentée ou encore de simulation seraient apparemment les meilleures candidates pour relever le défi mais elles auront du mal à atteindre les couches les plus vulnérables.  Cependant, des vidéos réalisées par des enseignants diffusées à travers les médias sociaux tels que YouTube, WhatsApp, Telegram offrent une grande facilité de pénétration. Elles pourront atteindre rapidement les enseignants et des apprenants, même ceux vivant dans les milieux ruraux les plus reculés.

Ainsi, le Laboratoire d'Accélération et le ministère en charge de l'enseignement secondaire à travers l'inspection générale de l'enseignement (IGE), la Direction de l'enseignement secondaire général (DESG) et la direction régionale de l'éducation (DRE) du Grand Lomé ont réalisé de courtes vidéos educatives basées sur les programmes de PCT enseignés dans les classes de 6e et 3e  pour tester l'opportunité d'utiliser ces dernières comme matériel didactique.  Au total 21 vidéos ont été réalisées (9 pour la classe de 6e et 12 pour la classe de 3e).

Des vidéos dans les classes

En début de l'année académique 2022-2023, le ministère en charge de l'enseignement secondaire a organisé des séances de recyclage à l'endroit des enseignants. Ce fut une occasion idéale pour tester les vidéos et recueillir les réactions.  Passé cette étape, six établissements scolaires dont trois urbains et 3 semi-ruraux pour un total de 4062 élèves (dont 2456 de la 6e et 1606 de la 3e) ont été sélectionnés pour la phase expérimentale. Cette phase consiste à substituer les séances de cours pratiques par la visualisation des vidéos suivi des séances d'explication si besoins.

C'est lors de la remise des vidéos et du matériel de projection aux établissements sélectionnés que la présentation dont il est question dans l'introduction a été faite aux élèves du CEG Totsi.

Elèves, enseignements et parents d'élèves prennent une photo de groupe avec le Représentant résident adjoint (en tenue bleue) après la séance de diffusion de cours et la remise de matériels didactiques

PNUD Togo/Emile Kenkou

Des questions à résoudre

Dans un petit village dans la région des savanes, assis sur un banc juste raboté, dans une salle de classe sans mur d'une école où les élèves sont à peine protégés contre le vent et la pluie, des questions suivantes me chagrinent :

  • Comment rendre la projection des vidéos inclusive, permettant ainsi aux établissements scolaires sans électrification de s'en servir ? 
  • Quel changement l'utilisation des vidéos comme matériel didactique peut insuffler ?

Lors d'une séquence d'enregistrement d'un cours de sciences physiques

PNUD
• Comment rendre la projection des vidéos inclusive, permettant ainsi aux établissements scolaires sans électrification de s'en servir ? • Quel changement l'utilisation des vidéos comme matériel didactique peut insuffler ?
Yawo Agnigbankou, Head of Experimentation